18 Septembre 2012 À 17:25
L’opposition affûte ses armes. La rentrée politique s’annonce animée, notamment en cette conjoncture marquée par les aléas de la crise économique internationale et ses conséquences sur le Maroc. Le projet de loi de Finances est le premier exercice difficile de l’exécutif face aux réactions tant des partenaires sociaux et économiques que des parlementaires qui n’hésitent pas à épingler les deux ministres de l’Économie quant aux hypothèses du budget de 2012. Ils ne semblent pas accepter pour le moment les justifications du gouvernement qui saisit, en effet, l’occasion pour faire valoir la carte de la conjoncture internationale.
Abdellatif Ouahbi, chef du groupe du Parti authenticité et modernité à la Chambre des représentants, signale que le gouvernement a véhiculé des messages à l’opinion publique sur la nécessité d’opter pour l’austérité. «Que peut-on attendre d’un budget condamné par l’austérité ? Le gouvernement bloque les attentes», relève ce pamiste qui évoque la nécessité de lancer une dynamique économique en créant de grands projets afin de lutter contre le chômage, créer des postes d’emploi et renforcer les infrastructures. Il reproche au gouvernement sa manière de gérer la crise en optant pour l’austérité au lieu de se pencher sur d’autres issues. À l’instar d’autres partis de l’opposition, le PAM multiplie les rencontres autour des propositions susceptibles d’enrichir les débats lors de la discussion du projet de loi de Finances 2013 au sein des commissions des finances au Parlement.
La mission du duo du ministère des Finances ne sera pas aisée, surtout au niveau de la Chambre des conseillers. En effet, le gouvernement ne dispose pas de la majorité numérique au sein de cette Chambre. Lors du vote du budget 2012, l’absentéisme a beaucoup servi les intérêts du gouvernement qui a réussi à tirer son épingle du jeu non sans difficulté. En effet, l’introduction de l’impôt sur la fortune par le groupe de la FDT (Fédération démocratique du travail) en commission a créé des difficultés pour les deux responsables gouvernementaux qui sont parvenus par la suite à supprimer cette disposition, grâce à l’aide de la majorité, en séance plénière, et à l’absentéisme des conseillers de l’opposition.Cette année encore, la FDT compte revenir à la charge. Selon le parlementaire de la fédération, Larbi Habchi, cette fois-ci, cette mesure sera présentée sous un autre nom : «l’impôt de participation». Il s’agit, selon lui, de rassurer les entreprises en leur expliquant que la mesure a trait à la restitution des aides octroyées par la caisse de compensation. Ce conseiller et syndicaliste nourrit l’espoir que le gouvernement fera participer les centrales syndicales dans les préparatifs des grandes lignes du projet de loi de Finances en amont. Le volet social s’avère, selon lui, on ne peut plus essentiel dans l’élaboration du texte. «Il faut innover, user de nouvelles méthodes pour soutenir les exportations et élargir le marché de la consommation interne afin d’encourager le produit national.
La classe moyenne doit être au cœur des intérêts gouvernementaux, car sa dépréciation risque d’avoir des conséquences néfastes sur la société. L’expérience dans d’autres pays a montré que l’austérité n’est pas la solution à envisager», ajoute-t-il.La rentrée sociale et politique s’annonce ainsi très animée. Accusé de marginaliser l’opposition parlementaire, le gouvernement est appelé par ses détracteurs à faire preuve d’ouverture afin de pouvoir dépasser les effets de la crise économique internationale, qui pèsent de plus en plus sur le Maroc.