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Le prix Najib Mahfoud pour «Les Mécréants»

«Les Mécréants», premier long métrage de Mohcine Besri, s’est vu décerner, jeudi dernier, le prix Najib Mahfoud pour le meilleur film arabe, après celui de la meilleure première œuvre au Festival national du film (2012). Une projection du film a eu lieu, le mois dernier au 7e Art, dans le cadre des Jeudis du cinéma et droits de l’Homme.

Le prix Najib Mahfoud pour «Les Mécréants»

17 Décembre 2012 À 16:57

Sélectionné à plusieurs festivals internationaux, notamment Karlovy Vary, Hamburg Film Fesival, Tallinn, Sao Paulo, Festival international du Film du Caire et Festival international du Film à Abu Dhabi, «Les Mécréants» a remporté le prix Najib Mahfoud pour le meilleur Film arabe lors du 35e Festival du Film international du Caire, clôturé jeudi dernier. «Le film a été apprécié par les professionnels et critiques présents au festival, d’autant plus que la compétition était très rude et a rassemblé de très bonnes productions.

L’acteur égyptien Mahmoud Abdelaziz, président du jury de la compétition arabe, n’a pas manqué d’indiquer que “Les Mécréants” a été choisi meilleur film arabe pour l’intérêt artistique qu’il reflète en traitant du thème du dialogue et de tolérance. Un thème très épineux et d’actualité. Le producteur égyptien, Midhat Al Adl, du groupe Al Adl, a acheté les droits du scénario pour en faire une adaptation. Une célèbre boite de cinéma a, également, proposé au réalisateur de faire une version égyptienne. Ce qui me réjouit énormément de faire sa distribution», souligne la réalisatrice Imane Mesbahi qui souhaite de tout son cœur qu’il plaise au public marocain.

Un souhait, partiellement, acquis, puisque le film, avant d’aller au Caire, a été projeté et débattu en présence de son réalisateur, et ce dans le cadre des jeudis du cinéma et droits de l’Homme au 7e Art. Cette manifestation, appréciée par l’assistance, a été réalisée par l’Association des rencontres méditerranéennes du cinéma et des droits de l’Homme (ARMCDH) dans le but de discuter du thème du film. Ce dernier raconte l’histoire de trois jeunes «islamistes» qui, sur ordre de leur chef spirituel, kidnappent un groupe de jeunes comédiens partant en tournée avec leur dernière création. Arrivés sur le lieu de détention, les kidnappeurs se trouvent coupés de leur base. S’ensuit alors un huis clos de sept jours, au cours duquel les deux camps sont amenés à cohabiter, s’affronter et remettre en question leurs préjugés mutuels.

«L’histoire de ce film verse dans la notion du destin (el Mektoub comme on dit) qu’on ne peut pas fuir. Et de là, vient l’histoire de deux groupes issus de la société marocaine. L’un ne supportant plus sa condition de vie quotidienne, car se trouvant devant l’absence de perspective d’un avenir meilleur. Il est perdu dans un Maroc en total bouleversement et qui tente d’entrer de plain-pied dans la modernité ; une modernité qu’ils refusent et à laquelle ils s’opposent avec virulence, en s’enfermant dans l’obscurantisme religieux. L’autre, vivant la même situation, se révolte et profite du début de liberté offert par les bouleversements du pays pour en réclamer davantage. Mais, si leur militantisme à travers le théâtre n’est pas plus efficace que le fanatisme religieux des premiers, par son action à visage découvert, il est néanmoins salutaire», affirme le réalisateur et scénariste, Mohcine Besri avant d’ajouter que «“Les Mécréants” propose, ainsi, une rencontre de sept jours entre les deux camps où les certitudes de chacun cèdent la place au doute.

Le film aborde un état des lieux à la veille d’un certain Printemps arabe, qui n’est à mon sens qu’une suite logique des politiques suivies par les régimes en place, dans des pays où les peuples, comme partout ailleurs, n’aspirent qu’à une seule chose, vivre en paix avec dignité», précise-t-il. Une histoire très touchante et bien ficelée, puisque le film s’est vu déjà décerner deux prix. Ce qui constitue pour Mohcine Besri une véritable joie après toutes les étapes parcourues pour la réalisation de ce film. Car réussir ce challenge était, pour lui, un rêve devenu réalité grâce à une équipe technique et artistique confiante et généreuse, puis des partenaires de postproduction de qualité qui ont pu transformer ses rushes de tournage en un film en bonne et due forme.

Tourné totalement au Maroc en langue arabe et sous-titré en français, anglais et allemand, «Les Mécréants» a rassemblé un casting de jeunes comédiens de talent. Sa sortie nationale est prévue pour mars prochain. En attendant, le film de Mohcine Besri continue de faire parler de lui dans de prestigieux festivals à travers le monde.

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