L'humain au centre de l'action future

Un amour de chimère

Depuis hier, dans les salles du Royaume, est projeté «Andalousie mon amour !», de Mohamed Nadif. Une comédie qui traite de l'immigration clandestine. Un divertissement léger et sans prétention aucune.

11 Janvier 2012 À 15:55

Des jeunes qui chevauchent les chimères, à la recherche de l'eldorado de l'Europe et qui se heurtent, au bout du chemin, à la dure réalité. En voilà un sujet qu'on pourrait qualifier de « surconsommé » dans l'univers cinématographique marocain. Le rêve de passer de l'autre côté de l'Atlantique et les mésaventures qui s'en suivent ont été exploités par bon nombre de nos cinéastes. Des films ont, ainsi, vu le jour dont la thématique centrale tourne autour de ce qui est convenu d'appeler au Maroc « Lahrig ».

À cette longue liste s'ajoute celui de Mohamed Nadif «Andalousie mon amour !», dans les salles du Royaume depuis hier. Néanmoins, ce jeune réalisateur, qui a décidé de faire son baptême du feu avec ce sujet épineux, a également fait le choix de le traiter sous l'angle de la légèreté et de l'humour.

Heureusement d'ailleurs, sinon il n'aurait aucun mérite. «Andalousie mon amour ! » est, partant, un film sans prétention politique ni prise de position. Il surfe sur la vague de la dérision en racontant une histoire anecdotique, de celle que colportent les candidats à l'immigration clandestine et autres médias avec comme personnage central un instituteur bizarre aux idées saugrenues. Une histoire qu'on peut résumer comme suit : Saïd et Amine, deux jeunes étudiants de Casablanca, comme la plupart des jeunes d'aujourd'hui, caressent le rêve de rejoindre le vieux Continent. Pour réaliser leur rêve, ils quittent la métropole pour se rendre dans un petit village au nord du Maroc. Un petit patelin, en apparence calme, où il se passe des événements qui sentent la fraude à plein nez. Des manœuvres politiques douteuses, sur fond de trafic de drogue, constituent, en effet, le quotidien d'une poignée d'individus dans le village. Les deux étrangers, aveuglés par leur envie de traverser le Détroit, s'embarquent dans une aventure singulière, aidés en cela par l'instituteur du village, dealer occasionnel, qui se prépare lui aussi à rejoindre son grand amour, l'Andalousie. Comme tous les « Harragas » dignes de ce surnom, Saïd et Amine prennent le large à bord d'une embarcation de fortune. Suite à un naufrage, ils échouent, chacun de son côté, sur une rive. Celle du village pour Amine et celle espagnole pour Saïd. Une bien étrange Andalousie que celle dans laquelle se retrouve ce dernier aux côtés d'autres candidats qui ont connu le même sort. C'est alors que commence pour les deux jeunes une série d'aventures qui dépassent leur entendement.

Saïd se retrouve au cœur d'une supercherie orchestrée par des trafiquants de drogue chevronnés et Amine, dans son village marocain, observe des phénomènes bizarres. Mais les erreurs des méchants se multiplient, ce qui éveille les soupçons de Saïd. La fraude ne tarde pas à être démasquée… Avec sa simplicité et son ton léger, «Andalousie mon amour !» parvient à se distinguer par rapport aux autres films qui ont traité le sujet de l'immigration clandestine. Dans son désir de faire un film digest et cocasse, Mohamed Nadif n'a pas accordé l'importance qu'il fallait au rythme. Résultat, le film garde la même cadence du début jusqu'à la fin ou presque. Néanmoins, ce manque de relief ne gâche pas le plaisir de voir ce divertissement qui augure un avenir prometteur pour le réalisateur.

Un démarrage sur les chapeaux de roues

Pour un premier film, «Andalousie mon amour ! » démarre plutôt bien. On pourrait avancer qu'il démarre sur des chapeaux de roues. Avant qu'il soit visible dans les salles obscures du Maroc, il a été sélectionné dans la section «Coup de cœur» lors de la dernière édition du Festival international du film de Marrakech qui a eu lieu du 2 au 10 décembre 1011. Il a ensuite enchaîné avec une autre consécration, cette fois-ci en Algérie. Le film a, en effet, remporté le Prix de la première œuvre au Festival d'Oran du film arabe, qui s'est déroulé du 15 au 22 décembre 2011.
Pour l'année 2012, le calendrier de cet opus promet d'être chargé. «Andalousie mon amour ! » est sollicité pour participer à une série de Festivals. Il ne reste qu'à lui souhaiter bon vent.
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