29 Avril 2012 À 11:15
Après le gouvernement, la commune urbaine de Casablanca (CUC) se met également au système des listes. Elle a rendu publiques récemment les listes des subventions financières accordées aux associations locales au cours de l’exercice 2011. Au total, 11,344 MDH seront débloqués de la caisse de la CUC, dont 4,5 MDH versés à l’association qui organise le festival de Casablanca. Le reste de l’argent ira à des associations à caractère culturel et social. Par contre, le montant des subventions accordées aux associations sportives n’apparaît pas dans les quatre listes publiées. Deux de ces dernières ont été réservées aux associations culturelles, une aux organismes qui œuvrent dans le social, alors que la dernière liste concerne l’aide accordée à l’association du Festival de Casablanca. Cette dernière bénéficie également des subventions des deux autres conseils de la ville ainsi que de l’argent des sponsors.
Selon Abdelmalek Lakehayli, président de la commission chargée du département humain et des affaires sociales, culturelles et sportives, les subventions de l’année 2011 ne sont pas encore données aux associations. «Nous avons pu réunir la commission difficilement à cause du litige qui était au sein du Conseil. Nous avons essayé de débloquer l’argent au mois de novembre, mais nous nous y sommes pris trop tard», indique-t-il. Abdelmalek Lakehayli précise que presque tous les organismes qui ont déposé leurs dossiers ont eu une réponse favorable. «Faux, répond un acteur associatif. Nous n’avons bénéficié qu’une seule fois de l’aide du conseil de la ville. Il faut dire que ses subventions sont réservées à certains organismes privilégiés et ceux qui ont l’appui des élus». Même son de cloche auprès de certains conseillers de la ville. D’après Mustapha Rahin, membre du conseil de la ville, sans appartenance politique, «les aides de la CUC sont souvent données à des associations étrangères à la ville et les grands organismes, recommandés, qui bénéficient déjà d’autres subventions plus importantes».
Et d’ajouter que 70% des associations subventionnées appartiennent à des membres du conseil qui les utilisent pour avoir du matériel ou de l’argent. «C’est une manière malicieuse pour détourner l’argent public, souligne cet élu. Les subventions du conseil servent aussi à certains élus pour donner de la corruption déguisée aux associations qui les soutiennent en période d’élections». Les Conseillers mécontents appellent à un contrôle rigoureux de la part de la commission chargée du département humain et des affaires sociales, culturelles et sportives. «Il ne suffit pas de ramener une ou deux photos en fin d’année pour mériter la subvention de la CUC. Ce laisser-aller encourage les associations fantômes à se multiplier et fait fuir les vrais acteurs associatifs », précise Mustapha Rahin. Ce dernier appelle à recenser les besoins de la ville à caractère social, culturel et sportif et de donner les outils de travail ou de l’argent aux associations, mais via des appels d’offre et des cahiers de charge bien ficelés.
À ce propos, Abdelmalek Lakehayli assure que le travail de sa commission, composée des différents partis politiques, se fait d’une manière démocratique et selon les normes : «Il incombe à l’autorité de tutelle de vérifier si un conseiller détourne l’argent public. Selon la loi, la présence d’un élu dans une association ne la rend pas inéligible à recevoir la subvention». Cet élu, qui est également conseiller du ministre, chargé des relations avec le Parlement et la société civile, affirme qu’un projet de loi à même d’interdire aux élus de bénéficier des subventions de l’État est en cours d’étude afin d’être présenté au Parlement. Au risque de fâcher certains lobbies, cette solution apportera plus de transparence à la manière dont sont distribuées les subventions publiques.