13 Avril 2012 À 18:49
Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. A 27 ans, Saïd Benamar a relevé un véritable défi, celui d’effectuer la traversée de l’Atlantique à la rame entre deux continents, l’Afrique et l’Amérique du Sud. Quand les inscriptions ont commencé, il fut le premier à être sur la liste. « Pour moi c’était l’inconnu, explique-t-il tout ému. Je ne connaissais pratiquement rien des compétitions en mer, de surcroit sur une frêle embarcation et à la rame. Je voulais relever ce défi, sachant que ma vie serait en péril ». Le départ de cette course, parrainée par les organisateurs Bouvet-Guyane, a été donné de Dakar, en présence de personnalités dont l’ambassadeur du Maroc dans la capitale sénégalaise Taleb Berrada. « J’ai été touché par la présence de l’ambassadeur au départ de Dakar. Cela m’a motivé encore plus », se rappelle Saïd.
Le trajet, long de 2600 miles (4700 km), n’était pas une sinécure et tout le monde le savait. D’ailleurs sur les 23 concurrents au départ, seuls 14 sont arrivés à bon port en Guyane. Autrement dit, neuf ont abandonné, la mort dans l’âme. La situation s’est gâtée Porté par sa foi et par les courants, le Marocain était serein. Une mer relativement calme et une volonté de fer qui l’a poussé à ramer sans broncher. « Je n’ai ressenti qu’une petite solitude, car les autres concurrents s’étaient tous perdus de vue », indique-t-il. Mais au 6e jour, la situation s’est gâtée pour Benamar dont la petite embarcation a chaviré suite à une mer déchaînée. Il a pratiquement perdu toutes ses provisions et une partie de ses instruments de bords. Dès lors, ce ne fut que souffrance et désespoir et il était même tout près du suicide. Mais sa foi en Dieu et les versets du Coran qu’il lisait lui ont donné la force de ramer jusqu’à l’épuisement. Tantôt attaqué par un requin qui l’a suivi pendant toute une journée, tantôt évitant deux gros cargos qui ont failli le renverser, tantôt en compagnie d’une mouette qui l’a accompagné pendant plus d’une semaine, l’homme a tout vécu. « Quand j’ai reçu de nombreux messages à travers mon portable, le seul outil que j’ai sauvé, j’ai ressenti un immense soulagement et je voulais arriver coûte que coûte », soupire-t-il.
Je voulais à mon arrivée porter le drapeau national. Je l’ai fait et c’est une grande satisfaction pour moi. » Au bout de 51 jours d’une traversée qu’il n’oubliera pas de sitôt, Saïd Benamar a touché la terre ferme le 20 mars 2012 au milieu des siens, de deux trois autres concurrents et des organisateurs. A l’aéroport Mohammed V, il a reçu un accueil triomphal de nombreux fans, dont son oncle Abdelmajid Saïdi qui a suivi tous les jours son périple. Le rameur a tout simplement déclaré : « Je referais cette traversée en 2015 et je serais le premier à l’arrivée». Un autre pari pour le marin.