04 Mars 2012 À 15:18
S’il demeure attaché à une solution urgente à la crise syrienne, une solution fondée sur des principes clairs dans la vision diplomatique marocaine, il insiste sur un règlement loin de toute ingérence extérieure. En effet, le Maroc souhaite le respect, par les autorités syriennes, des droits légitimes du peuple syrien et la satisfaction de ses aspirations à un régime démocratique. Certes, la voie vers une solution pacifique est difficile, mais claire, a déclaré Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies devant l’Assemblée générale vendredi dernier. Cette voie passe par l’arrêt immédiat des tueries et de la violence, l’accès des agents humanitaires et la tenue d’un dialogue entre tous les acteurs syriens. Est-ce une position de nature à favoriser une tension plutôt que l’apaisement?
La tension existe même si des équipes du Comité international de la Croix Rouge (CICR) et de la société syrienne du Croissant Rouge ont été autorisées à pénétrer à Homs, mais l’accès à Bab Amr reste difficile. Aujourd’hui, il importe pour la communauté internationale de recouvrer de toute urgence son unité pour presser les autorités syriennes et toutes les autres parties à mettre fin à la violence. Il s’agit d’aider le peuple syrien en vertu de la Charte de l’ONU et la solution ne pourrait émaner que d’une unité nationale qui inclurait tous les segments de la population syrienne. Le déploiement d’une force conjointe représentée de l’ONU par un général musulman (OCI-Ligue arabe) pourrait être préconisé dans un premier temps pour maintenir la sécurité et la paix dans le cas où la militarisation de l’opposition reconnue par l’Union européenne n’est pas retenue. D’ailleurs, c’est dans cet esprit que Kofi Annan a été nommé en tant qu’envoyé spécial. Garder la seule voie de médiation, à savoir un processus intersyrien.
Car il ne faut surtout pas négliger que l’instabilité de la Syrie pourrait avoir à terme de graves répercussions sur l’ensemble de la région. Bien sûr, il est temps d’en finir, mais la communauté arabe rejette le scénario à la libyenne. Pour ce faire, le Maroc s’active au sein du Conseil de sécurité visant à trouver solution au dossier syrien et partant faire cesser les violations des droits de l’Homme dans ce pays. En tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, le Royaume du Maroc a la responsabilité et l’obligation de défendre la Charte des Nations unies, source du droit et code de conduite international, et se doit, au nom des pays africains et arabes, d’assumer la grande responsabilité de préserver la paix mondiale. Dans ce sens, le Maroc souhaite que Kofi Annan puisse dès les prochains jours lancer un dialogue constructif, inclusif entre les différentes parties, sans conditions préalables ou résultats prédéterminés.
L’essentiel est de prendre accord pour qu’il y ait cessation de tout acte de violence en particulier à l’encontre de la population. Une feuille de route serait élaborée par l’envoyé spécial conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe avec un agenda précis pour rétablir le calme dans le pays. Sans exagération, la crise actuelle en Syrie s’avère être l’évènement international le plus important avec toutes les déclinaisons qu’il suppose dans la région du grand Moyen-Orient. Une région où se croisent les intérêts de nombreux pays, qu’ils soient puissants et représentés au Conseil de sécurité ou pays émergents. Tel l’Iran qui considère la Syrie comme étant son avant-poste dans le monde arabe. À ce titre, Téhéran a réalisé des manœuvres symboliques en envoyant des navires en Méditerranée. Ce qui complique les données de travail pour la communauté internationale.
La feuille de route de Kofi Annan, les prochaines législatives de mai seraient-elles des prémices de la stabilisation ? C’est le souhait. Une paix sur le territoire syrien dépend donc de plusieurs facteurs tant internes qu’exogènes. En tout état de cause, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Al Arabi, a demandé au gouvernement syrien de retirer ses véhicules militaires des rues syriennes pour offrir une chance de cessez-le-feu et permettre à l’aide humanitaire de pénétrer dans les zones capturées ou détruites. Le chef de la Ligue a insisté sur ce point pour aider K. Annan à gérer la crise.
Le 26 février dernier, plusieurs dizaines de milliers de Marocains ont participé à une marche de solidarité avec le peuple syrien réclamant la fin du massacre et de l’effusion du sang en Syrie. La marche de tout un peuple dans ses différentes composantes. Ceci dit, Kofi Annan a déclaré mercredi dernier à New York qu’il était crucial qu’il n’y ait qu’un seul processus de médiation unifié accepté par toutes les parties concernées pour réussir à mettre fin à la crise en Syrie, à laquelle aspirent également les Syriens résidant au Maroc.