Spécial Marche verte

Les Marocains manquent de parcs d’attractions

Les centres de jeux et de loisirs sont censés être des cadres privilégiés qui stimulent et favorisent les activités ludiques des enfants et même des moins jeunes, surtout pendant cette période estivale.
Malheureusement, devant la carence de divertissement, les citoyens se débrouillent comme ils peuvent.

Le manque cruel en parcs d’attractions et centres de loisirs rend les sorties difficiles pour les familles de classe moyenne.

08 Juillet 2012 À 09:15

Les grandes vacances sont l’occasion tant attendue pour se reposer, se ressourcer et se divertir. Libérés des obligations qu’impose la vie scolaire, les plus petits se retrouvent souvent à la maison toute la semaine à jouer en attendant l’arrivée du week-end pour sortir avec leurs parents. Mais où peuvent-ils bien aller ? Telle est la question. En effet, le manque cruel en parcs d’attractions et centres de loisirs rend les sorties difficiles pour les familles de classe moyenne. Même les grandes villes souffrent de cette carence. Les parents sont contraints de choisir entre le mauvais et le pire. «Il n’est pas normal qu’on ne puisse pas trouver un parc d’attractions, digne de ce nom, dans une aussi grande ville que Casablanca.  À ce qu’il paraît, on pense à tout sauf à trouver le moyen de divertir nos enfants. En l’absence de centres de loisirs, nous nous retrouvons obligés d’emmener nos bambins au milieu des ruines des parcs dont nous disposons», fustige Karim, père de deux garçons.

«D’autres parcs se situent à la frontière de la ville, mais ne valent pas la peine non plus d’être visités. Les jeux proposés sont très basiques et ne satisfont pas vraiment les enfants et encore moins les jeunes», poursuit-il. Plusieurs familles se contentent d’une balade au bord de la mer le dimanche ou d’un tour dans un restaurant doté d’un petit espace de jeux. Certains, plus chanceux, peuvent grâce à leur travail emmener leurs enfants au club de l’entreprise dans laquelle ils travaillent pour changer un peu d’air. 

Un rôle primordial dans l’éducation

Les centres de loisirs ont un rôle primordial à jouer dans l’éducation de nos enfants. Ils sont également un moyen de détente et un passe-temps bénéfique qui les aident à développer plusieurs capacités. Cette faiblesse au niveau de l’infrastructure de récréation ne touche pas uniquement les enfants, mais aussi les jeunes et les adolescents. Ces derniers se rabattent sur les cafés en l’absence d’autres espaces de loisirs. «J’ai toujours rêvé de passer une journée dans un parc d’attractions comme ceux qu’on voit à la télé, dans de véritables lieux de divertissements pour les petits et les grands comme le Disneyland ou le parc d’Astérix en France. J’ai toujours eu des frissons rien qu’en regardant ce genre de parcs sur des images», raconte Amine 24 ans. «Malheureusement, je suis très déçu par nos parcs. Les plus anciens sont dans un état délabré et les nouveaux, notamment les privés, sont loin d’être à la hauteur de nos attentes.  Même les plus petits, à un certain âge, trouveront ces jeux débiles. J’espère qu’un jour je pourrais réaliser ce rêve d’enfant.

Peut-être avec mes propres enfants, sait-on jamais», ajoute-t-il.En effet, certains enfants qui ont déjà eu la chance de visiter un parc d’attractions à l’étranger boudent une sortie dans un parc au Maroc. Pour eux, ces endroits proposent des jeux qui ne les amusent pas. «Depuis que j’ai emmené ma fille au Gardaland à Milan, elle ne veut plus aller aux parcs d’attractions ici. Pour elle, les jeux et les manèges proposés ne sont pas à la hauteur de ses attentes sachant qu’elle n’a que 8 ans. Je ne comprends pas pourquoi, on ne pense pas à construire un véritable parc d’attractions avec plusieurs manèges et thèmes susceptibles d’attirer les enfants marocains et même les moins jeunes», affirme Abderrahmane, père de Lina.

Si la majorité des anciens parcs ne satisfont pas les attentes des petits, il existe d’autres qui proposent des jeux un peu plus intéressants. Malheureusement pour les parents, ce sont des parcs qui coûtent relativement cher. Ainsi, «l’Adventureland qui vient d’ouvrir au Morroco mall propose des jeux plus ou moins intéressants même si c’est un peu trop petit pour un parc d’attractions. Mais le pire est que les tarifs sont très chers. Un petit jeu qui dure à peine deux minutes coûte au moins 20 DH. Par exemple, dimanche dernier, j’y ai accompagné mes deux garçons durant l’après-midi, j’ai déboursé quelque 500 DH bêtement», raconte Mounir.

Plusieurs projets

Par ailleurs, plusieurs projets de parcs d’attractions ont été programmés. D’abord le réaménagement du parc Sindibad de Casablanca qui date de 2009. La Somed et Alliances développement immobilier, actionnaires du projet viennent enfin de réceptionner de la part des autorités compétentes l’autorisation de construire le futur parc Sindibad by Walibi, sous licence de la Compagnie des Alpes. Malheureusement, l’autorisation n’est pas suffisante. Il faut dire que depuis son annonce, le projet de réaménagement de l’ancien site n’a cessé de rencontrer des difficultés.

Depuis la fermeture de l’ancien parc, des bidonvilles ont progressivement pris racine. Aujourd’hui, il reste encore de nombreux occupants.  Dans le cadre d’un accord conclu avec la ville de Casablanca, Alliances a déjà accepté d’indemniser les bidonvillois à hauteur de 800 MDH. La première tranche du projet est désormais libre. Un autre projet a été annoncé récemment dans la région de Casablanca. Il s’agit d’un grand parc d’attractions qui devrait voir le jour à Nouaceur sur une superficie de 34 hectares et qui serait réalisé par l’émir du Qatar Cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani.

À Agadir, trois projets de loisirs et d’animation sont en cours de réalisation. Il s’agit en premier lieu de la réalisation d’un parc aquatique de loisirs et d’animation par le promoteur «Morocco égyptienne d’investissement touristique». Moyennant un investissement de 132 MDH, il permettra de générer 250 emplois. Par ailleurs, ledit projet consiste en un aquaparc pour seniors composé d’une piscine à vagues, de restaurants, boutiques, spa ainsi qu’un aquaparc pour juniors, un espace vert et un parking.Un deuxième projet vient compléter l’offre de la destination d’Agadir en matière de loisirs, celui de la création d’un parc de crocodiles. Ce projet se fera sur trois tranches. La première sera réservée à la mise en place d’un parc qui va accueillir 200 crocodiles du Nil.

La deuxième tranche connaîtra la mise en place d’un îlot pour les reptiles alors que la troisième sera consacrée aux travaux de réalisation d’un îlot labyrinthe de cactées, un parking et une aire de circulation. Le troisième projet s’inscrivant dans cette dynamique est celui du parc d’attractions écotouristiques «Accrobranche». Enfin, à Marrakech, un premier projet vient d’être présenté en mars dernier. Celui-ci est en cours d’étude sur le plan administratif et financier. Pour le moment, tous les projets sont en phase de discussions. La phase de réalisation verra-t-elle le jour ? Espérons-le...!


Parc Sindibad : flash-back

On ne peut pas parler de parcs d’attractions sans en citer le fameux Sindibad : le plus grand parc d’attractions de Casablanca qui avait connu son apogée entre la fin des années 1980 et le milieu des années 1990. Cet endroit représentait le culte du bonheur pour les enfants de l’époque avec son train, sa roue panoramique, ses jeux électroniques et autres attractions proposées aussi bien pour les enfants que pour les adultes. C’est sûrement la raison pour laquelle presque tous les Casablancais se souviennent très bien des jeux typiques de leur lieu de loisirs favori. En effet, on se rappelle bien le labyrinthe, où les enfants devaient se frayer un chemin au milieu de divers murs de verres juxtaposés, tout en évitant si possible de se cogner la tête. Autre «monument» phare du parc : la grande roue.

Un vrai divertissement pour les grands et les petits, de par sa vitesse et la vue panoramique qu’elle offrait à ces utilisateurs. Cependant, les attractions les plus populaires du parc étaient, sans aucun doute, «l’Himalaya» et les montagnes russes. Les deux jeux ne désemplissaient pas devant la forte demande des amateurs des sensations fortes. En plus des différents manèges et attractions, le parc Sindibad proposait également des divertissements dits de détente comme le célèbre «pédalo» qui permettait aux visiteurs de se balader sur le lac. Aujourd’hui, nous attendons avec impatience de voir le Sindibad by Walibi qui représentera la face «loisirs» du projet de réaménagement du parc. Une partie résidentielle et hôtelière est également prévue. Cependant, il faudra attendre encore un peu, voire longtemps, pour assister au premier coup de pioche et à la pose de la première pierre.

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