Fête du Trône 2006

Daoudi pour la contribution des familles aisées

Ce n’est pas la fin de la gratuité, mais une politique d’amélioration de la qualité.

Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur.

26 Juillet 2012 À 19:45

C’est un Lahcen Daoudi outré qu’on a au bout du fil. Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la formation des cadres n’apprécie guère le traitement médiatique de ses déclarations sur l’université payante. Comme son confrère aux Affaires générales, Najib Boulif, Daoudi estime que ses propos ont été détournés par des personnes mal intentionnées à des fins politiciennes. «Je n’ai jamais parlé de fin de la gratuité dans l’enseignement supérieur, mais de possibilité pour les plus aisés de contribuer à l’effort du gouvernement», nuance-t-il.

Daoudi pense que plusieurs sont les familles aujourd’hui prêtes à payer pour leurs enfants dans les écoles de médecine ou d’ingénierie en échange d’un meilleur accès et d’une meilleure qualité d’enseignement. Aujourd’hui, l’État débourse 1 million de DH pour chaque détenteur d’un diplôme de médecin spécialiste, 400 000 à 600 000 DH pour chaque ingénieur. Selon le ministre, même avec 17 de moyenne au baccalauréat, l’accès à ces facultés et écoles supérieures reste limité pour manque de place. Dans les facultés d’Agadir, par exemple, il y a seulement 100 sièges pour 280 étudiants. C’est une moyenne qui montre la gravité du phénomène de surcharge dans nos universités et écoles supérieures. Il va donc falloir construire d’autres établissements d’enseignement supérieur. Mais c’est sans compter sur les facultés de médecine et d’ingénierie qui, selon le ministre, sont les plus budgétivores.

L’investissement est donc le parent pauvre de toute politique de réforme. Sur 9 MMDH de budget consacré à l’enseignement supérieur, seulement 1 MMDH est investi dans les infrastructures, l’élargissement de la capacité d’accueil ou l’acquisition de matériel. Daoudi espère arriver à 4 ou 5 MMDH d’investissement par an. Et pour y arriver, le ministre veut mettre les nantis à contribution. Plus encore, il estime qu’il y a un vrai manque à gagner sur le transfert d’argent pour les études à l’étranger. Ces transferts qui totalisent jusqu’à 4 MMDH, selon Daoudi, représenteraient une mine d’or si l’on arrive à les garder au Maroc. Mais pour cela, il faut que la qualité de l’enseignement soit égale à celle proposée en Europe ou aux États-Unis. En tout cas, Daoudi est conscient qu’il faut s’ouvrir à d’autres universités étrangères toutes branches confondues pour élever le niveau (voir encadré). Le ministre est déterminé à aller jusqu’au bout de son idée et il n’hésitera pas à en convaincre d’autres ministres concernés. «Les familles aisées paient au prix fort la scolarité de leurs enfants jusqu’au lycée. Qu’est-ce qui les empêcherait de faire un effort supplémentaire pour des études supérieures de meilleure qualité et au Maroc?», indique Daoudi. D’aucuns estiment par contre que l’enseignement supérieur doit être accessible à tout le monde et au même pied d’égalité puisqu’il s’agit d’un droit et un acquis.

Certes, le ministère a fait un petit effort en améliorant les bourses, mais les moyens ne suivent pas toujours pour hisser le niveau de qualité de l’enseignement prodigué. Et comme le réitère Daoudi, les familles ayant les moyens ne rechignent pas à payer le prix qu’il faut pour un meilleur accès et une meilleure qualité et des diplômes qui soient reconnus au Maroc et à l’étranger. 

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