Fête du Trône 2006

«Nous voulons être pour nos clients une banque efficace, conviviale, accessible et mobile»

L’activité récurrente de la banque représente près de 80% du résultat net total (qui se chiffre à 404 millions de DH), en nette progression par rapport à l’année passée. Le point avec le PDG du CIH.

Ahmed Rahhou

29 Février 2012 À 18:07

LE MATIN: J’ai envie de vous dire M. Rahhou, on revient de loin au CIH ?AHMED-RAHHOU: Le CIH, comme tout le monde le sait maintenant, a eu une histoire mouvementée. A la fin des années 1990, la banque a eu à faire face à un niveau de créances en souffrance immobilières et hôtelières très important qui a mis à mal les fondamentaux de l’établissement. Après différents plans de redressement et une gestion drastique des dossiers difficiles, le CIH a pu, à travers des opérations de recapitalisation et la récupération de sommes importantes sur des dossiers anciens, amorcer son redressement à partir du milieu des années 2000. Il restait néanmoins exposé à des risques non encore couverts par des provisions, à des pertes récurrentes générées par les unités hôtelières récupérées et gérées directement par la banque, et à des dossiers traités de façon incomplète et qui laissaient planer des risques opérationnels significatifs sur le fonctionnement de celle-ci. Ce sont ces éléments que nous avons traités de façon radicale ces deux dernières années afin d’immuniser l’établissement contre les risques induits par son passé, et de le mettre en situation de marche concernant l’activité normale d’une banque.Les résultats que vous avez présentés récemment montrent une nette amélioration. Dans quels domaines ? Nos résultats sont issus de nos activités courantes, mais également de notre politique de recouvrement et de règlement de dossiers anciens. L’activité récurrente de la banque représente ainsi près de 80% du résultat net total (qui se chiffre à 404 millions de DH), en nette progression par rapport à l’année passée. Le reste du résultat découle des récupérations sur dossiers anciens ou de plus-values sur cession d’actifs acquis dans le cadre du traitement de notre contentieux. Nous avons en effet rajouté à nos activités commerciales bancaires classiques deux autres centres de profit, le premier concerne les dossiers litigieux passés, au nombre d’une centaine, qui sont couverts par des provisions, et qui impactent positivement les résultats chaque fois qu’un dossier est traité, soit à l’amiable, soit à la barre du tribunal. Le deuxième centre de profit concerne les actifs immobiliers et hôteliers récupérés par la banque et que nous remettons sur le marché en vue de réaliser des plus-values.Qu’en est-il de l’impact de la consolidation des actifs hôteliers ?Nous avons cédé, fin 2010, les principaux hôtels détenus par le CIH. Ceci a eu un impact sur les bilans et les résultats consolidés entre 2010 et 2011, et de ce fait complique un peu la comparaison des chiffres entre les deux années. Ce qu’il faut retenir de cette opération, c’est qu’elle a débarrassé le CIH d’un foyer de perte récurrent, de l’ordre de 70 millions de DH, le CIH n’étant pas armé pour gérer des unités hôtelières. Par ailleurs, la sortie de ces unités ne s’est pas traduite dans les comptes du CIH par des pertes additionnelles, le traitement total de l’opération a même généré un léger bénéfice.Cela confirme-t-il le bien-fondé des orientations stratégiques de votre plan de développement ? Y aura-t-il dans ce contexte de crise des ajustements de ce plan ?Notre plan 2010-2014 se déroule comme prévu, les résultats de l’année 2011 nous confortent dans nos choix. Le contexte de crise mondiale que nous vivons est à prendre en considération évidemment. Il faut quand-même signaler que l’économie marocaine reste sur le chemin de la croissance, et que nous ne devons pas, en tant que banque, entraver cette croissance par un resserrement inapproprié de la distribution de crédit. Tout en veillant à la qualité du risque, seul garant de la pérennité d’une banque, nous devons permettre aux agents économiques de continuer à développer leurs projets et leurs activités. Le CIH met ainsi à la disposition de l’économie chaque année 5 milliards de DH de crédits nouveaux, et ce montant est en progression.Qu’en est-il du recouvrement de nombre de dossiers? Où en êtes-vous sur cette question qui a tant pesé sur le CIH ? Quelles sont les provisions engrangées ?Nous avons scindé le recouvrement en deux parties, une concernant les dossiers dits historiques (une centaine), et l’autre couvrant l’activité courante de la banque. La première est totalement couverte par des provisions sur les comptes sociaux de la banque et ne peut donc que générer des résultats positifs. La deuxième est suivie avec les mêmes outils de recouvrement que les principales banques de la place. Notre objectif est que le risque concernant l’activité courante ne dépasse pas 0,5% de notre encours de crédit.

Y a-t-il d’autres opérations d’apurement concernant le passé que vous avez menées ?Effectivement, en dehors des dossiers risqués, nous avons trouvé un nombre importants de dossiers non assainis. Ainsi, beaucoup de clients de la banque qui ont contracté des crédits se trouvaient à la fin de leurs crédits sans titre foncier en raison de lourdeurs administratives et de problèmes vécus par les aménageurs publics (ERAC, ATTACHAROUK, SONADAC, SNEC, etc.). Ces dossiers se chiffrent par milliers (environ 16.000) et les personnes concernées ne savaient plus vers qui se retourner. Nous avons pris à bras-le- corps ce problème, et déjà quelques milliers  de dossiers (plus de 80% du total) ont été régularisés. Nous faisons tout pour qu’à fin 2012, l’ensemble de ces dossiers soit définitivement réglé. Nos amis de la société Al Omrane sont également sensibles à ce problème et nous travaillons de concert pour régler les dossiers communs.Une autre catégorie concerne des personnes qui ont acheté des logements chez des promoteurs privés qui ont eu des difficultés de remboursement auprès du CIH. Ces personnes ont, souvent de bonne foi, payé des logements hypothéqués auprès de la banque et qui, du coup, ne peuvent être mutés en leur nom (cas du dossier Cité Jardin à Martil ou du COS ONE à Casablanca par exemple). Nous essayons de trouver dans ces cas des solutions amiables tripartites entre la banque, le promoteur et l’acheteur. Ainsi, pour les deux cas que j’ai cités en exemple, nous nous acheminons vers une solution dans les prochaines semaines.Nous nous sommes également préoccupés des créances des hôteliers vis-à-vis de l’Etat. Le ministère des Finances a en effet accordé dans les années 1980 et 1990 des avances sous forme de prêts à certains promoteurs hôteliers qui n’ont pas été remboursées à cause des difficultés de ces derniers. Ces avances n’étaient plus gérées par personne. Moyennant des facilités de paiement que nous avons négociées avec le ministère des Finances pour le compte de ces promoteurs, nous avons déjà pu récupérer près de 150 millions de DH pour le compte de l’Etat, et nous avons des engagements pour 70 millions pour l’année 2012.Aujourd’hui, dites-vous, la banque opère un recentrage vers les métiers de la banque universelle. Qu’est-ce à dire et quels sont les pôles d’activité du CIH ?La banque a été restructurée autour de 3 pôles d’activité commerciale, le premier concerne la banque des particuliers et des professionnels, le deuxième concerne l’immobilier et le troisième couvre les activités liées au marché et au financement de l’entreprise. Nous avons acquis par ailleurs une position significative dans Maroc-Leasing et une position de contrôle dans Sofac, et avons lancé CIH-Courtage pour les activités de bancassurance. Le périmètre dans lequel nous allons évoluer désormais est celui des plus grandes banques de la place, avec une offre directe par le CIH et ses filiales ou ses participations, et une offre en partenariat, notamment avec Atlanta dans laquelle notre actionnaire de référence, la CDG, a des participations et avec CDG Capital pour les opérations de bourse, pour le conseil des entreprises et pour la gestion d’actifs. Le réseau CIH est ainsi très actif, notamment dans les dernières opérations d’introduction en bourse où il faisait partie du syndicat de placement.

Quel est votre plan de développement pour cette année et l’année prochaine ? L’année 2012 sera dans la continuité de 2011 pour le renforcement de nos bases et de nos fondamentaux. La remise à plat de notre système d’information et de nos procédures va continuer dans le sens de la professionnalisation et de l’industrialisation. La maîtrise des coûts ne se fera pas toutefois au détriment du développement. Nous continuerons ainsi l’expansion de notre réseau et la diversification de nos activités. L’année devra se boucler en particulier avec une couverture territoriale complète pour nos activités de financement de l’entreprise, avec la création de centres d’affaires dédiés dans toutes les régions du Royaume. L’offre à destination des entreprises sera étoffée pour la relever au niveau des confrères de la place. Nous aurons également un relèvement de la qualité de notre offre vers la clientèle patrimoniale, à travers la mise en place d’une structure de private banking, qui sera adossée en particulier à notre savoir-faire en matière de conseil en valorisation du patrimoine immobilier et foncier, de conseil fiscal et de gestion de successions, en plus des offres classiques pour la gestion de l’épargne où nous aurons pas mal d’innovation à annoncer.L’année 2012 sera également pour nous l’année du multicanal, ce qui veut dire une offre bancaire complète non seulement en agence mais également sur Internet et sur les téléphones portables et en particulier les smartphones qui se développent beaucoup au Maroc. Nous voulons être pour nos clients une banque efficace, conviviale, accessible et mobile.Qu’entendez-vous par diversification de l’offre pour les particuliers mais également pour les entreprises ?Nous avons veillé à ce que le CIH ait l’offre la plus complète pour sa clientèle des particuliers et des professionnels, ce qui est le cas aujourd’hui. Nous avons même été novateurs dans certains cas, comme la carte de paiement sur Internet pour laquelle nous avons une offre avec la carte e-shopping. Cette carte permet de payer en toute sécurité sur le net sur des sites marocains et étrangers en s’appuyant sur les facilités accordées par l’Office des changes qui permet à tout citoyen marocain de disposer d’une dotation annuelle de 10.000 DH pour ses achats en devises sur Internet.  Même les grandes banques de la place n’ont pas ce type d’offre.Pour les entreprises, nous avons démarré nos opérations de financement, de couverture de change et d’import-export pour quelques centaines de clients, grandes entreprises ou PME. Nous sommes aujourd’hui à 10% de nos encours de crédit qui vont vers des activités autres que l’immobilier, et ce pourcentage ira croissant dans l’avenir. Ceci dit, nous tenons à rester un acteur de référence dans le monde de l’immobilier dans lequel l’expertise du CIH n’a pas d’équivalent sur la place. Nous confirmons également notre présence forte dans le financement de l’habitat social.Qu’en est-il de votre partenariat avec les caisses d’épargne ?Les caisses d’épargne françaises sont entrées au capital du CIH via la société Massira Capital en 2006. Depuis, ces caisses ont fusionné avec les Banques populaires en France pour donner naissance au groupe BPCE, qui a repensé sa stratégie à l’international, à la lumière en particulier de la crise économique qui frappe les grandes banques occidentales de plein fouet. Ce groupe a décidé de vendre sa participation dans Massira Capital à la CDG, décision que nous respectons. Nos partenariats avec les caisses d’épargne demeurent valables, et nous discutons actuellement avec ces caisses pour pérenniser ces relations indépendamment des liens capitalistiques.

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