Spécial Marche verte

«En Afrique du Nord, le seul pays à bénéficier du programme IAP est le Maroc»

● Depuis sa mise en place en 2011 par l’Agence suédoise pour le développement international, c’est la première fois qu’une entreprise marocaine bénéficie de la subvention du programme IAP «Innovations Against Poverty».
● A cette occasion,
son Excellence l’ambassadeur de Suède Anna Hammagren revient sur le programme IAP et son implication dans la lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement.

Anna Hammargren, ambassadeur de Suède au Maroc.

14 Novembre 2012 À 16:49

Le Matin : En quoi consiste le programme IAP ? Anna Hammargren : Le programme IAP «Innovations Against Poverty» est un programme qui encourage le secteur privé à développer des produits, des services et des modèles économiques qui peuvent contribuer à la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. Il consiste donc à encourager l’innovation de nouveaux produits, services et système de marché en accordant aux entreprises une subvention. C’est l’Agence suédoise pour le développement international (ASDI) qui a développé le concept et le programme a été mis en place en 2011. En 2012, nous avons introduit la région MENA parce que nous avons noté que la région est très adaptée à ce concept, l’Agence a même augmenté le financement du programme dans la région.

Quels sont les différents pays qui bénéficient du programme ?Plusieurs entreprises dans divers pays bénéficient déjà du programme IAP. En effet, aujourd’hui, nous comptons une quarantaine de projets qui sont mis en œuvre dans onze pays différents. Une grande partie de ces projets sont réalisés en Asie, surtout l’Inde et la Chine, ainsi que dans des pays subsahariens comme le Kenya et la Tanzanie. Par contre, ici en Afrique du Nord, le seul pays à en bénéficier c’est le Maroc.

Quels sont les projets réalisés dans le cadre du programme IAP ?Le principal objectif du programme est de cibler les pauvres et améliorer leur situation. L’intention d’ASDI est de stimuler le développement qui, autrement, n’aurait pas eu lieu dans le secteur privé en raison du risque commercial élevé et de la difficulté d’accéder au marché. En effet, on peut dire que c’est un risque que l’Agence prend avec les petites sociétés parce qu’elles sont encore dans le début de leur création.

Parmi les projets subventionnés par le programme, nous pouvons citer au Maroc, par exemple, le projet d’une entreprise qui a développé un produit pour l’alimentation des enfants avec nutrition spécifique des pays d’Afrique. Dans d’autres pays, les entreprises ont développé des projets d’environnement durable, comme des lampes rechargeables pour permettre à la population de se passer d’une installation électrique. Par ailleurs, il me semble qu’il y a beaucoup de projets qui ciblent le milieu rural parce que c’est dans le rural qu’on trouve le plus de pauvreté.

Pourquoi avez-vous choisi le Maroc ?En fait, comme le système est global, le site Internet de l’ASDI est ouvert à tout le monde, c’est-à-dire que c’est plutôt la société marocaine qui a choisi le programme IAP. En fait, les projets proposés peuvent venir de n’importe quelle société dans n’importe quel pays, à condition d’être un pays en voie de développement et plus particulièrement, un pays qui fait partie de la liste de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), des pays qui reçoivent l’aide publique au développement. Par exemple, les entreprises norvégiennes ou françaises ne peuvent pas en bénéficier. Aussi, les priorités sont données aux petites entreprises qui ont des projets qui tendent à lutter contre la pauvreté avec une idée innovatrice. Elles déposent leurs candidatures (projets) sur le site web de l’Agence et un jury sélectionne les projets les plus intéressants. Dès qu’elles sont sélectionnées, les entreprises reçoivent des subventions limitées. Il faut souligner que la charge est partagée entre l’entreprise et l’ASDI. La moitié du budget du projet est subventionnée et le reste est supporté par la société. Par ailleurs, les subventions varient entre 20 000 et 200 000 euros selon le projet et la taille de l’entreprise.

Le Maroc lutte également contre la pauvreté, par le biais de l’INDH. Qu’est-ce que cette initiative vous inspire ?Je pense que l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) est une initiative très intéressante, surtout qu’il s’agit d’un système global qui couvre plusieurs secteurs dans tout le pays. Le programme IAP peut donc être complémentaire de l’INDH surtout qu’on soutient l’innovation pour les petites sociétés et on peut, de ce fait, apporter un petit appui à ces projets.

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