L'humain au centre de l'action future

«“L’Odyssée du Petit Prince du Désert” parcourra le Maroc afin de toucher un large public»

● La ville de Tarfaya abrite, du 23 au 25 novembre, la première édition du Festival «Le Petit Prince du Désert» en hommage à Antoine de Saint-Exupéry, l’auteur du chef-d’œuvre «Le Petit Prince», l’ouvrage le plus vendu dans le monde à plus de 134 millions d’exemplaires, et traduit en 267 langues et dialectes.
● François d’Agay, neveu et filleul d’Antoine de Saint-Exupéry et président de la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse, nous parle de cet évènement qui se veut un espace de dialogue interculturel entre jeunes Marocains et étrangers autour des valeurs humanistes et citoyennes promues par l’œuvre immortelle d’Antoine de Saint-Exupéry.

François d’Agay.

10 Octobre 2012 À 14:08

Le Matin : En 1943, Antoine de Saint-Exupéry signe «Le Petit Prince», ouvrage le plus traduit au monde avec 267 traductions à ce jour. Est-il vrai que votre oncle a puisé dans son expérience de chef d’aéroplane à Cap Juby et du désert marocain pour composer ce récit plus que jamais d’actualité ?François d’Agay : Antoine de Saint-Exupéry découvre le Maroc en 1921 lorsqu’il accomplit son service militaire à Rabat. Il survole le désert pour la première fois, et c’est également la première fois qu’il quitte la France. Ce premier contact a été pour lui bénéfique. Il est responsable de lui-même, maître de ses actes dans un contexte où la discipline militaire exerce un contrôle permanent. Il ne s’en est jamais plaint.Il reviendra au Maroc entre 1927 et 1928, envoyé par Didier Daurat, directeur des lignes aériennes Latécoère, il est responsable de l’aéroplane de Cap Juby, où il découvre un désert au ras du sol, qu’il n’avait fait que survoler. Il y resta 18 mois «avec du vent, du sable et des étoiles». Son besoin de relations humaines le motive, il apprivoise les militaires de la garnison du Fort espagnol, s’en fait des amis, et il ose s’aventurer vers le campement des nomades, à proximité du fort, qui l’invitent à boire du thé sous leur tente. Quand un avion se perd, Antoine de Saint-Exupéry organise le sauvetage des prisonniers du désert. À Cap Juby, il a écrit son premier ouvrage «Courrier Sud». Il puisera plus tard dans ses souvenirs pour écrire «Le Petit Prince».

Vous avez créé en 2009 la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse. Pouvez-vous nous expliquer quel est le but de cette Fondation ? Et comment fonctionne-t-elle ?La Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse veut aider les jeunes à donner un sens à leur vie grâce aux valeurs d’humanité que l’on trouve dans la vie et dans l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry : l’engagement, le sens de l’amitié et de l’équipe, la responsabilité, le goût de l’aventure et du rêve, mais aussi la spiritualité, la poésie, le don de soi. La Fondation doit aller au-devant de ceux que l’on ne voit pas, que l’on oublie et que cet isolement néfaste conduit à commettre des actes incontrôlés, dus à leur désespoir. Il faut ramener dans la vie ceux qui en ont été exclus, leur permettre de retrouver leur dignité d’hommes et de femmes responsables. C’est pourquoi la Fondation soutient en priorité des projets portés par des associations bien implantées sur le terrain.Le rayonnement de la Fondation repose sur l’étendue de son partenariat et sur les synergies créées avec d’autres entités partageant les mêmes préoccupations. Le chemin sera long, mais l’important c’est de faire un pas encore un pas. Et si chacun de ces pas rend à ces jeunes un peu d’espoir, leur redonne le goût de vivre et peut être un jour, le désir de servir, ils n’auront pas été inutiles. «Nous sommes tous solidaires, emportés par la même planète, équipage d’un même navire», lit-on dans «Terre des hommes».

Comment la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse s’inscrit-elle dans le Festival «Le Petit Prince du Désert» qui se déroulera du 23 au 25 novembre 2012 à Tarfaya, au Maroc ?En ce qui concerne particulièrement Tarfaya, la Fondation Antoine de Saint Exupéry pour la Jeunesse, participe avec ses partenaires à un projet initié par les habitants, sous la compétence de Hajbouha Zoubeir. Il s’agit surtout de la construction d’une école soutenue par la société IWC suisse, la formation d’un mécanicien aéronautique d’un jeune de Tarfaya, sélectionné sur dossier et offert par Société Air Formation, la formation aux métiers du tourisme hôtelier offert intégralement pour une jeune fille de Tarfaya, sélectionnée sur dossier, par l’École hôtelière de Genève-Campus de Casablanca et l’organisation d’une campagne de soins de la cataracte dès novembre 2012 offerte par le Rotary Club de Casablanca-Oasis.

Il semble que le Festival et les actions de la Fondation au Maroc ne s’arrêtent pas tout à fait le 25 novembre 2012 à Tarfaya…En effet, l’«Odyssée du Petit Prince du Désert» parcourra le Maroc afin de toucher un large public avec des expositions itinérantes autour de l’œuvre du «Petit Prince».De plus, l’action de la Fondation est plus audacieuse. Membre d’un réseau mondial, elle soutient des associations caritatives, culturelles ou sociales qui se réfèrent au nom et à l’œuvre de mon oncle. Antoine de Saint-Exupéry a vécu au Maroc et aux USA, chaque fois pour une période importante de sa vie. Ainsi, il s’est créé un lien d’amitié entre trois pays : la France, le Maroc et les États-Unis d’Amérique. Ce lien ne s’est jamais rompu, il a été maintenu par son œuvre universelle. Aujourd’hui, nous souhaitons que le Maroc soit représenté, à New York, en 2013, lors des évènements qui célèbreront les 70 ans de la parution de la première édition du «Petit Prince» en 1943.

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