02 Avril 2012 À 17:18
Le Matin : Qu’en est-il aujourd’hui du marché des applications mobiles au niveau international, ainsi qu’au niveau national ?Jamal Benhamou : Aujourd’hui, les applications mobiles constituent un nouveau champ de bataille pour séduire de nouveaux clients au niveau mondial. En effet, pour ce qui relève des chiffres du secteur au niveau international, il faut savoir que 1 téléphone sur 5 vendu en 2010 était un Smartphone, que les utilisateurs passent en moyenne 81 minutes par jour sur les applications mobiles, que nous avons atteint plus de 17 milliards de téléchargements d’applications mobiles à fin 2011. Et qu’enfin, les revenus générés par les applications mobiles devraient atteindre 15 milliards de dollars à fin 2012.Ce développement fulgurant repose sur le fait que les applications proposent une offre diversifiée de services répondant à l’intégralité des besoins (ludiques, sociaux, professionnels), d’autant plus qu’ils sont interdépendants avec les outils collaboratifs et les réseaux sociaux en ligne.Selon la dernière enquête TIC de l’ANRT, dans le cadre de cet écosystème, les usages de services mobiles connaissent au Maroc une explosion de leur utilisation (SMS, vidéo, photo, musique, téléchargement de sonneries et de logos, MMS, navigation internet, service d’information payant, consultation de messagerie électronique…).En effet, l’évolution rapide de ce marché depuis ces derniers mois est liée à plusieurs facteurs :• La disponibilité évolutive des « Smartphones » sur le marché.• L’intégration par les opérateurs télécoms des accès « data » dans leurs offres en postpayé, mais aussi en prépayé.• L’accès aux « marketplaces » facilité par Apple, Google, Black Berry et Nokia : les appstores.Et ce, d’autant plus que le parc de la téléphonie mobile connait au Maroc un taux de pénétration de +112%, avec 36,150 millions d’abonnés majoritairement en mode prépayé.Pourtant, il est vrai que les applications mobiles «Morocco Content»’ témoignent d’une faible présence sur la toile des appstores internationales, alors que les potentialités de marché sont réellement tangibles. Pour autant, sur le marché national, nous sommes arrivés à fin 2011 à un parc de près d’1,3 million d’usagers de Smartphones,’. Et à date d’aujourd’hui les citoyens marocains détenteurs de Smartphones consomment beaucoup plus d’applications relevant de contenu étranger, le contenu local n’étant pas encore suffisamment déployé sur ce canal. Ce marché en est encore à ses prémisses, mais dispose de réelles perspectives d’évolution, à la vue de prises de position établies par certaines entreprises marocaines (Lydec, Total Maroc, Telecontact, Hit Radio, Radio Mars, 2M,…) et la création d’applications spécifiques (Consultation de la Constitution Marocaine, consultation des horaires de train, programmes cinéma, localisation des pharmacies, promotion touristique du Maroc, jeu de cartes Ronda, presse économique et financière locale, cuisine marocaine, guide des restaurants, radio marocaine, pages jaunes, botola, horaires du tramway de Rabat, souwelni,….).
De ce fait, existe-t-il au Maroc un potentiel de développement de ce secteur et quelle serait votre vision pour en assurer le développement ?Pour se développer, le secteur des applications mobiles au Maroc doit disposer d’un vivier de compétences à la fois sur le plan du développement, du design mobile, que du marketing digital afférent. Cette filière commence à émerger et il nous faut maintenant la structurer pour lui assurer évolutivité et perfectibilité.Qui plus est, en complément à cet accompagnement relatif à la montée en compétences, il faut tout aussi inciter les annonceurs publics et privés à aller vers la création de services et contenus locaux à valeur ajoutée, afin d’inverser la courbe de production logicielle à ce niveau.Pour ce faire, le Soft Centre (Centre marocain de R&D spécialisé dans le domaine du développement logiciel) a décidé de s’investir pleinement sur ce créneau. Et ce, via la mise en œuvre, au sein de ses laboratoires de recherche logicielle, d’un ‘’Skill Center for Mobile Applications’’. Ce centre de compétences, dédié aux applications mobiles, repose sur le principe du BOT (Built – Operating – Transfert). L’objectif recherché derrière est d’assurer l’édification d’un know how ‘’ made in Morocco ‘’, relatif au segment du développement d’applications mobiles, afin de positionner le Maroc sur la carte internationale des technologies mobiles.Les parties prenantes concernées par cette initiative se présentent comme suit, dans le cadre d’une configuration partenariale à trois niveaux ; à savoir :• Les entreprises publiques et privées nationales disposant de services en ligne (Version web) et désireuses de les faire porter sur des applications mobiles. D’autant plus, si les services en question se trouvent être d’une importance primordiale et justifiée par une utilisation forte et récurrente par les utilisateurs cibles finaux.• Les opérateurs nationaux, notamment les Start-ups / TPE, exerçant dans le segment du développement des applications mobiles et désireuses de développer leur expertise en s’associant à ces projets de portage innovants et créateurs de valeur. D’autant plus, que ce procédé collaboratif est à même de consolider leur positionnement via l’acquisition de références nationales de premier ordre.• Les compétences universitaires de recherche logicielle dans le domaine du mobile (identifiées au sein des Universités et Écoles d’Ingénieurs nationales et syndiquées via le Soft Centre), désireuses de mettre à contribution leurs savoir-faire fonctionnel et technique, sur des aspects de recherche et développement afférents au domaine d’application en question.In fine, ce processus de syndication collaboratif permettra à terme :• De réunir toutes les compétences utiles d’entreprises (Offre et demande) et universitaires (laboratoires de recherche), autour de projets de R&D dans le segment des applications mobiles.• De mettre sur le marché des produits, procédés ou services innovants, à forte valeur ajoutée, générateurs de croissance.De contribuer à créer ou renforcer de nouveaux champions marocains, dans le domaine du développement d’applications mobiles. Cette approche sera à même de pouvoir nous permettre de créer un écosystème propice à l’émergence d’un contenu mobile marocain, mais tout aussi d’assurer – dans la durée – le développement d’une expertise marocaine ‘’ Mobile Apps ‘’ Pour ce qui relève de la commercialisation d’applications mobiles réalisées par des développeurs marocains, il ne faut pas oublier que ces derniers ont accès aux nombreux appstores leur permettant de leur donner une ouverture sur le marché des utilisateurs en contrepartie d’une commission sur la transaction. (Appsstore d’Apple, Android Market, Ovi de Nokia, Samsung Appstore, Blackberry Appstore, Windows Mobile Appstore…). Les applications mobiles marocaines existantes, qu’elles soient gratuites ou payantes, sont aujourd’hui localisées sur ces places de marché.
De par votre retour d’expérience, qu’est-ce qui pourrait conditionner le succès d’un projet de contenu et de services mobile ?Le mobile est devenu aujourd’hui un support de communication moderne et efficace. De ce fait, initier un projet dans le domaine du mobile, notamment sur le plan des spécificités marketing, soulève de nombreuses questions ; à savoir :• L’identification et la pertinence des services à proposer sur ce nouveau canal de proximité.• Leur mode de diffusion : iPhone, Android, Windows Phone, Blackberry ou version Web mobile optimisée.• Les principes d’usabilité sur le plan ergonomique, pour ce qui relève de l’interface homme-machine de par l’aspect tactile de ce nouveau support.• Les aspects de sécurité quant à l’interconnexion au système d’information interne de l’entreprise.• La politique de promotion pour inciter à un usage fréquent et récurrent de ces nouveaux services.• Les contraintes imposées par les appstores quant à la validation et la publication des applications proposées. En deçà de ses interrogations, devant permettre à l’entreprise d’assurer une adéquation de son offre applicative aux attentes des utilisateurs, il est tout aussi nécessaire de mobiliser les compétences nécessaires en interne. Et ce, notamment en engageant un chef de projet marketing mobile qui aura pour mission de fédérer les parties prenantes internes et externes, mais tout aussi d’assurer la projection du métier de l’entreprise sur les supports mobiles ; ainsi que sa promotion tant sur les canaux de communication classiques que digitaux.Enfin, sur le plan technique, il faut tout aussi s’assurer de la réutilisabilité du code pour les versions ultérieures, en assurant de ce fait une évolutivité tant sur le plan technologique, mais tout aussi graphique et ergonomique. La révolution du mobile est plus que jamais en marche. Le nombre de possesseurs de smartphones ne cesse d’augmenter, ce qui devrait ouvrir le monde sur la voie à de nouvelles applications mobiles intelligentes et connectées.