L'humain au centre de l'action future

«Aujourd’hui, le reggae est devenu un esprit et non une simple musique»

● Rebelle et ambassadeur du reggae, Jimmy Cliff parcourt les générations et les scènes avec la «zenitude» qu’on lui connaît et le talent qu’on lui reconnaît.
● Ses chansons sont intemporelles et il en fera bénéficier le Maroc lors de son concert du 22 mai, sur la scène de l’OLM Souissi lors du Festival Mawazine, rythmes du monde.

Jimmy Cliff

25 Avril 2012 À 11:46

Le Matin : Vous avez commencé la musique depuis l’adolescence. Avez-vous toujours eu envie de devenir musicien ?Jimmy Cliff : Je savais que je voulais faire quelque chose dans le monde de l’art. J’aimais la peinture, je jouais de quelques instruments, j’adorais le cinéma et le théâtre, je savais que j’allais finir dans le monde de l’art, mais chanter est venu bien après. C’est venu à l’église et à l’école où mon entourage m’a encouragé à pousser la chansonnette. Après quand mon père m’a envoyé à Kingston pour continuer mes études, j’ai opté pour la musique contre son gré. Il l’a mal pris au départ, mais s’est fait à l’idée que j’avais un don et que je devais suivre ma voie.

Vous avez toujours été rebelle, dans la musique comme dans la vie ?Oui, j’ai toujours fait ce que je voulais faire. Dans ma carrière en effet, mais aussi dans ma vie personnelle. Je dois tenir cela de ma mère qui est «Maroons» (esclave). Les «Maroons» ont défié les Britanniques et ont réussi à avoir leurs lopins de terre. Cette terre existe encore aujourd’hui et continue à m’inspirer et à me rappeler d’où je viens.

Justement, vous êtes natif de la Jamaïque, mais vous êtes surtout citoyen du monde. Où vit Jimmy Cliff ? Je vis en Jamaïque dès que je peux. J’ai beaucoup de tournées et ma musique me fait beaucoup voyager. Je suis 3 mois par an à peu près aux Etats-Unis, la même période par an en Europe, mais la Jamaïque reste ma maison et j’ai besoin d’y retourner souvent.

La Jamaïque est aussi la terre du reggae dont vous êtes l’ambassadeur depuis 1963. Quand vous avez commencé, pensiez-vous que le reggae était capable d’une telle évolution ?Non, on ne peut jamais s’attendre à une chose pareille. Quand j’ai commencé, je ne pensais même pas que ma musique sortirait de ma chambre! (Rires). Aujourd’hui, le reggae est connu dans le monde et est devenu un esprit et non plus une simple musique. Mes chansons sont connues au niveau international et me font rencontrer des gens formidables. Elles me font découvrir des destinations fabuleuses.

Vous avez vécu les débuts du reggae, est-ce que vous aimez ce qu’il est devenu ?Il y a deux évolutions, je dirai. Celle qui a su garder l’esprit et l’âme du reggae, ses racines comme certains deejay ou chanteurs comme Tarrus Riley ou Sizzla. Ils véhiculent des messages positifs tout en gardant les racines du genre musical. Et il y a ceux qui se contentent de se concentrer sur le côté dance et séduction. Je ne condamne personne et ne juge aucun style, il y a de la place pour tout genre de musique et il y en a pour tous les gouts. J’aime voir les deux évolutions et cette transition confirme que le reggae est toujours là et pour longtemps.

Et vous, qui vous a influencé musicalement et qu’écoutez-vous aujourd’hui ?Je ne dirai pas influencé, mais plutôt inspiré. J’ai été inspiré par plusieurs artistes jamaïcains populaires que vous ne connaissez sûrement pas. Ensuite, il y eut des artistes internationaux comme Ray Charles qui m’ont toujours fasciné. Aujourd’hui, j’écoute de tout parce que je suis curieux de voir ce qui se passe. J’aime être au courant des nouveautés, des nouveaux visages, des nouveaux genres, j’écoute du jazz, comme de la pop, de la country ou encore du soul. Je suis curieux de tout, j’écoute tout.

C’est votre première visite au Maroc ?Non, je suis venu dans les années 80 pour une «Reggae Night». Ce fut une expérience magnifique et j’ai toujours eu envie de revenir jouer. Après, je connais le pays pour l’avoir visité, j’aime sa nourriture, ses gens, ses paysages. J’adore l’esprit qui règne ici et l’amour de la musique, surtout du reggae.

Que préparez-vous pour votre public marocain ?J’ai un nouvel album «Rebirth» que je vais présenter au public. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une renaissance, mais surtout d’un retour vers mes racines. Je reviens à mes premières amours, à mes premières influences, aux racines du reggae, à la Jamaïque, à l’Afrique. Et je ne peux pas faire un concert sans faire les classiques que le public marocain connaît. Il y aura de la joie, de la bonne humeur et beaucoup de bonne énergie parce que je suis ravi de jouer pour le Maroc et au Maroc.

Est-ce qu’on vous verra au cinéma après le succès de «Harder they come» et de ses différentes adaptations ?Je travaille sur un scénario en ce moment. J’espère qu’on commencera à tourner cette année. Vous savez, mon premier amour c’est le cinéma, j’ai joué avant de chanter donc je n’abandonne pas, je ne veux juste pas sauter sur n’importe quel scénario. Il faut quelque chose qui m’inspire et je crois que je l’ai trouvé. Rendez-vous l’année prochaine, j’espère.

Et quels sont vos projets musicaux pour les mois à venir ?Beaucoup de tournées pour la promotion de l’album : après le Maroc, il y aura les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, l’Argentine, l’Europe et les Caraïbes. Ce ne sera pas de tout repos, mais en même temps quand on fait ce qu’on aime, c’est reposant, car on est en paix avec soi-même. J’aime ce que je fais et j’espère continuer à le faire longtemps.

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