02 Septembre 2012 À 13:57
Le Matin : Pourquoi le Groupe Banque Populaire lance aujourd’hui le concept Auto Bank ?Laïdi El Wardi : Le concept Auto Bank s’inscrit dans un programme de bancarisation des populations à faible revenu lancé par le GBP à partir de 2008-2009. Ce programme repose sur trois leviers : une offre bancaire adaptée à ces populations, un réseau de distribution et une approche novatrice, notamment en termes d’évaluation du risque. Ainsi, nous avons développé des offres bancaires attractives, pas chères et qui correspondent aux revenus des populations cibles. Dans le cadre du réseau de distribution, nous avons mis en place un partenariat de distribution avec la Fondation Banque populaire de microcrédit, parce que son réseau est très proche des populations à faibles revenus. Aujourd’hui, à travers ce canal, nous avons pratiquement dépassé la barre des 200 mille clients. Nous comptons aussi sur un second canal de distribution qui est le «Souk Bank» consistant à apporter des services bancaires de proximité, et ce pour pouvoir toucher le monde rural. L’Auto Bank, qui se base sur ces trois leviers, est un kiosque bancaire «self-service» déployé dans les milieux urbain et périurbain. Elle est aménagée en espace bancaire au format et au fonctionnement allégés et offre un ensemble de services bancaires adaptés à la population de ces milieux, en termes d’horaire et de qualité d’accueil, avec un interlocuteur en charge de l’assistance et du conseil de la clientèle. Ce concept devrait nous permettre d’étendre les services bancaires et la couverture et d’améliorer la proximité des services bancaires pour cette population cible. Il faut reconnaître aussi qu’aujourd’hui, nous ne pouvons plus compter que sur le concept de l’agence classique qui coûte relativement cher. Nous avons voulu avoir un réseau peu coûteux et grâce auquel on automatise le maximum de services bancaires.Et pourquoi le choix de cette localité de Guigou, située dans la région de Fès ?En réalité, on voulait tester ce concept dans la région de Fès parce que la configuration de celle-ci se prête à ce type de projet. La ville de Fès, grande métropole avec un certain nombre de petites villes satellitaires et des localités de deuxième niveau et avec de fortes connexions entre elles, offre cette possibilité de tester ce type de concept. L’idée étant de doter une ville satellitaire d’un kiosque «Auto Bank», de proposer un service bancaire en optimisant les investissements, d’éduquer la population cible aux services bancaires et dès qu’on arrive à un certain niveau, on fait évoluer progressivement l’Auto Bank vers une agence bancaire classique. Il y a lieu cependant de préciser que le taux de bancarisation au niveau de la région de Fès demeure encore faible par rapport à la région de Casablanca ou de Rabat où celui-ci est assez important.Est-ce que vous pensez développer d’autres produits adaptés à la région de Fès ?Je ne pense pas qu’il y a des spécificités, en matière de besoins, propres à chaque région. Je pense que les besoins des populations en matière de bancarisation sont les mêmes. Il y a deux types de besoins que nous avons identifiés d’après une étude de marché du GBP. Il y a les besoins personnels d’amélioration de la qualité de vie, notamment en termes de logement, et là on est en train d’étudier un certain nombre d’innovations pour les populations à faibles revenus, et la deuxième catégorie de besoins sont les besoins professionnels liés souvent au type d’activité exercée par la population cible, tels l’agriculture, l’artisanat ou le commerce.Les besoins en liquidité des banques ont atteint quelque 70 milliards, contre 30 milliards il y a quelques temps. Est-ce que le GBP est touché par le déficit de liquidité ?Le Groupe Banque populaire est l’un des groupes les moins touchés par le problème de liquidité. Et c’est dû à la politique de l’épargne grand public. Je pense qu’aujourd’hui le GBP consolide d’année en année sa position de leader sur le marché domestique, avec notamment un certain nombre de résultats pérennes. Il est enregistré la consolidation de nos parts de marchés, que ce soit en termes de collecte ou de distribution de crédits, avec chaque année des gains de marché substantiels. Et c’est le fruit de la politique d’extension du marché orchestrée de manière délibérée par le Groupe. Et chaque année, il y a ouverture de nouvelles agences et couverture de nouvelles régions. Sur le plan international, le groupe a acquis un groupe bancaire africain et notre objectif est d’en faire un levier de croissance pour le groupe.Le débat sur les banques islamiques s’intensifie depuis quelque temps. Est-ce que le GBP a un projet de banque islamique ?En tant que banque marocaine, nous accompagnons l’évolution du pays et on essaye d’apporter une réponse à ses besoins. Nous avons un projet de banque islamique depuis quelques temps qui consiste à proposer des services financiers répondant à cette attente. La loi bancaire dans ce sens est en cours de préparation et on va s’inscrire dans ce cadre pour répondre aux besoins des Marocains. Ceci étant, il faut être conscient que la mise en place de ce type de service se fera lentement parce que nous ne pouvons pas, du jour au lendemain, régler l’ensemble des problématiques liées à ce type de banque. L’installation sera progressive.