10 Février 2012 À 18:37
Le Matin : Parlez-nous de votre nouveau spectacle ?Miz : On ne pourrait pas vraiment parler d’un nouveau spectacle. «Miz en scène» existe depuis quelques temps et ceux qui se sont rendus à la dernière représentation de Gad Elmaleh ont eu l’occasion d’en avoir un avant-goût. Je reprends aujourd’hui le même spectacle, dans une version XL, en espérant atteindre le cœur des spectateurs avec la même force.De quoi parle «Miz en scène» ?C’est la vie quotidienne du Marocain, racontée par Miz. J’y aborde tous ces petits détails qui meublent nos journées. La chanson marocaine, la darija, les femmes, les clichés, les mariages, la drague, les couples, la télévision marocaine, le Morocco mall, l’enseignement au Maroc. Je suis là pour attirer l’attention du spectateur.Peut-on parler d’un avant et d’un après Gad ?Absolument ! Assurer la première partie d’un monument du rire, ça change la vie d’un comédien. Il y a d’abord le stress et la pression de devoir jouer devant plus de 3 000 paires d’yeux et aussi l’envie de se montrer à la hauteur face la personne qui vous a fait confiance. Bien sûr, ces cinq petites minutes de gloire ont aussi changé la manière dont les Marocains me percevaient. C’était amusant de voir le nombre de personnes qui se sont rappelées de mon existence et des filles qui ont soudainement vu en moi un parti intéressant.Pourquoi avoir choisi la voie de l’humour ?Je pourrais dire que je suis né comédien, mais ça serait présomptueux de ma part. J’ai étudié et travaillé dans le tourisme et j’ai fait un petit passage dans le secteur pharmaceutique avant de penser à faire du stand-up. Je m’amusais déjà à faire rire mes proches et ma famille, puis j’ai décidé, non sans encouragement, de passer du cercle privé à un public plus large.
Est-ce que le stand-up colle suffisamment avec l’humour marocain ?Je dirais même que le Maroc est un peu la terre d’origine du stand-up. Dans notre humour, nous avons toujours cultivé la tradition du duo humoristique, ces bonnes vieilles cassettes chargées de blagues innocentes, qui ne sont là que pour nous arracher des esclaffements sans aucune autre forme de procès. Le stand-up est, selon moi, la suite logique de ce duo, une personne qui vient discuter avec vous, pour vous faire rire, sans porter le moindre masque.Est-il facile de faire rire les Marocains ?Bien sûr que non. Le public marocain est parmi les plus exigeants quand il s’agit de le faire rire. Déjà, les Marocains acceptent rarement de venir à ton spectacle si tu ne t’appelles pas Gad, Djamel ou Roumanoff. Et quand il décide de te laisser faire tes preuves, il faut faire attention à ne pas le titiller sur ses susceptibilités. Quand je suis sur scène, je dois faire en sorte ne pas trop favoriser un Marrakchi au détriment d’un Fassi ou d’un Casablancais, c’est une vraie gymnastique des méninges. Faire rire, c’est aussi une affaire très sérieuse. On n’est pas là pour se moquer du public et de son intelligence, mais pour lui offrir un spectacle de qualité. C’est un travail de longue haleine, perfectionniste et qui suppose l’implication de toute une équipe. Ce ne sont pas seulement mes blagues qui font de moi un humoriste, mais aussi le dévouement de mon producteur, de mon metteur en scène, de mes régisseurs…Que pensez-vous que les spectateurs recherchent en venant à votre spectacle ?D’abord rire ! Après, je pense que le spectateur s’offre un spectacle pour se soulager. Nous passons suffisamment de temps à regarder la misère humaine. Quand une personne vient s’installer devant moi, j’ai pour mission de lui offrir quelques minutes de bonheur, pas de lui faire la morale ou de lui ressortir les mêmes blagues rabâchées un millier de fois par des «comédiens» qui se reposent sur leurs lauriers.
Hamza Tahri est natif de Casablanca. Actuellement âgé de 27 ans, il travaille dans le monde du spectacle depuis 4 ans. Il a décidé de tourner le dos à sa formation en management touristique en 2007, année où il écrit «L’entr’acte». Il cherche aujourd’hui à insuffler une vraie culture du showbiz au Maroc. Culture qu’il définit par la transformation de l’humour en métier capable d’être pris au sérieux. Il a assuré la première partie de Gad Elmaleh en 2011. Il se produira bientôt en France dans plusieurs cafés théâtres et compte écrire son prochain show en darija.