23 Octobre 2012 À 18:08
Un groupe de travail au sein de l’Institut royal des études stratégiques (IRES) a oeuvré, pendant six mois, pour mettre au point une étude qui porte sur les incidences de la crise de la zone euro sur le Maroc. Étude qui fait partie d’un programme général de l’Institut sur «La compétitivité globale et le positionnement du Maroc dans le système mondialisé».
Les résultats et conclusions de ce travail seront dévoilés, aujourd’hui, lors d’un séminaire organisé par l’IRES. Cette étude vise à faire le diagnostic des facteurs de fragilités de l’économie marocaine et de sa sensibilité aux risques de transmission de la crise économique et financière en Europe. Ce qui devrait permette, à ce niveau, de mettre le point sur les canaux de transmission de la crise financière en Europe à l’économie marocaine.
L’étude vise, en deuxième lieu, à explorer les scénarios futurs de l’évolution de la situation économique et financière en Europe et leurs incidences respectives sur le Maroc. Ce qui devrait permettre d’imaginer les scénarii de la crise économique et financière en Europe et ses conséquences sur la stabilité monétaire et financière internationale. C’est-à-dire de répondre à une question cruciale : «Quelles répercussions directes et indirectes sur le Maroc ?» En troisième lieu, l’étude de l’IRES a essayé d’identifier les options stratégiques pour faire face aux effets directs et indirects de la crise et mieux préparer l’économie marocaine à s’insérer dans les nouveaux équilibres qui se profilent au niveau du système monétaire international. À ce niveau, l’étude fait cas des orientations de politiques publiques appropriées pour relever les différents défis soulevés par la crise économique et financière en Europe.
Cette étude tient compte du contexte international actuel, marqué par une accentuation de la crise d’endettement public dans certains pays développés, dont notamment ceux de l’Union Européenne, et s’intéresse aux incidences potentielles de la crise sur la stabilité du système financier international dans sa globalité. Le statut avancé devant aboutir à une plus grande proximité économique et institutionnelle du Maroc vis-à-vis de l’Union européenne, justifie l’intérêt porté par l’IRES à cette question. Actuellement, la forte pondération de l’euro dans le panier de cotation du dirham, la polarisation du commerce extérieur du pays sur les marchés européens et la place de l’Union Européenne en tant que source majeure de ses recettes de la balance de paiements (recettes voyages, transferts des MRE, flux d’IDE, dette extérieure publique et privée…) confère à cette étude un caractère stratégique clé.
L’IRES avait commandé cette étude parce qu’en raison de la forte synchronisation de leurs cycles d’activité par rapport à celui de l’Europe, les économies sud-méditerranéennes, comme celle du Maroc, vont subir des retombées significatives de ces mesures. En plus, la tentation des autorités de l’UE d’adopter des mesures d’accompagnement, telles que la dépréciation de l’euro, pourrait alimenter une déstabilisation des parités de change à l’échelle mondiale et aboutir à une guerre des monnaies.
L’Union européenne entretient des liens économiques et financiers étroits avec le Maroc. Elle est le principal marché pour les exportations marocaines, son premier fournisseur, ainsi que la source essentielle des transferts de MRE, des recettes touristiques et des investissements directs étrangers. Enfin, le secteur bancaire marocain compte dans ses actifs une participation non négligeable des banques européennes. Pour toutes ces raisons, l’IRES a estimé que le risque de répercussion négative sur l’économie marocaine est bien réel à travers aussi bien une réduction des exportations nationales et des recettes du compte courant, qu’une plus grande volatilité des flux financiers qui lui sont destinés. L’ampleur de ces risques pourrait être plus intense du fait que le choix stratégique du Maroc a été de faire de l’Europe son partenaire clé (marché commun prévu dans le cadre du statut avancé, convergence réglementaire et grande proximité institutionnelle…). Autant d’éléments qui font de cette étude un document très attendu par les décideurs économiques.