10 Octobre 2012 À 14:06
Portes, arcades, silhouettes, formes géométriques assez délicatement tracées sont perceptibles dans les œuvres de Leila Cherkaoui, exposées actuellement à la galerie Abou Inane à Rabat. Initiée par la Fondation du groupe Crédit Agricole du Maroc pour les arts et le patrimoine rural, cette exposition porte pour intitulé : «Mémoire du lieu».
En effet, sous le pinceau de l’artiste, les détails qui s’offrent quotidiennement à notre regard sont captés et couchés sur l’espace toile. Leila Cherkaoui semble creuser dans sa mémoire lointaine pour en extirper les images qui ont marqué son existence. Néanmoins, les différents lieux, présents dans ses œuvres, n’obéissent pas à la seule logique de la simple reproduction photographique. Ils recèlent une dimension symbolique que seuls les initiés peuvent décrypter. Les lieux revisités par Leila sont chargés d’histoires, celles-là mêmes qui forgent l’identité de l’artiste. Des histoires sublimées par la force de la lumière que dégagent ses œuvres, racontent en beauté l’attachement de Leila à son passé et son désir de l’inscrire, pour toujours, dans sa mémoire.
Mais le rapport de l’artiste avec son environnement et son attachement aux lieux ne datent pas d’aujourd’hui. Ils caractérisent, en fait, toute son œuvre et définissent sa démarche. Dotée d’une sensibilité exceptionnelle, elle saisit les images qui l’entourent pour les traduire sous la forme d’une composition complexe où les formes et les couleurs disent toute la quiétude de cette dame.
Loin de se confiner dans les règles cartésiennes de la géométrie pure et dure, Leila use et abuse de la nuance sans jamais renoncer à la rigueur et la parfaite finition. Elle fait ensuite jaillir une lumière qui éclaire son œuvre et lui confère une sérénité presque mystique. La sobriété des couleurs qu’elle domestique marque sa suprématie et sa parfaite maîtrise de la lumière, réputée éclatante, du Maroc. «Ainsi, ses œuvres fascinées par la lumière et les couleurs deviennent un acte de réminiscence et un pacte de reconnaissance à l’égard de nos temps perdus. La mémoire du lieu invite, donc, à explorer le sillon de notre intériorité et de notre sensibilité pour conférer à nos ressources expressives forme et contenu», conclut le critique d’art, Abdellah Cheikh.