12 Juin 2012 À 14:34
Jusqu’au 5 juillet prochain, la Galerie 38 propose une exposition mettant en lumière une nouvelle forme d’art : le «street art». D’ailleurs, le vernissage de cette dernière a été un véritable succès. Loin d’être un hasard, le «street art» séduit de plus en plus d’artistes au Maroc qui y voient une nouvelle forme d’expression artistique éloignée des schémas académiques traditionnels et qui suscite l’engouement d’un large public. Qui de mieux pour le représenter qu’un des plus talentueux artistes de sa génération.
«J’ai commencé le street art à Londres, New York et aussi à Los Angeles, je faisais alors des allers-retours. Mais, c’est en 2008 que je me suis lancé pleinement dedans. Je me suis installé à Los Angeles, qui est le berceau du street art, c’est une ville gigantesque où il y a tant à faire. Je n’arrêtais pas de taguer chaque coin de rue. J’allais à Hollywood ou encore à Beverly Hills parce que là-bas les gens ne s’attendaient pas à voir des graffitis sur les murs», confie Alec Monopoly à propos de ses débuts. L’artiste intègre des références personnelles, ou plus générales, multiplie les clins d’œil, les couleurs et les matières pour créer un monde à part, un art singulier. Concernant ses personnages, Alec Monopoly explique que son art est dédié au plus grand nombre, «tout ceux que je dessine sont des figures mythiques, Twiggy est l’une des plus incroyables mannequins, le personnage Travis Bickle qu’interprète Robert de Niro dans “Taxi driver” est aussi très emblématique...», a-t-il souligné. Réputé pour mettre en scène le personnage du jeu Monopoly, il offre à travers ses œuvres une satire du capitalisme sauvage.
«Le “Monopoly Guy” est né à cette même époque, au moment où la bourse s’écroulait et la bulle éclatait. Il y avait notamment l’affaire Madoff, j’ai commencé par le croquer et au fil du temps je l’ai transformé en un personnage ludique, c’est ainsi qu’est né la mascotte du Monopoly», précise l’artiste. Sans oublier que ce dernier dépeint également des icônes pop comme Jack Nicholson, Robert de Niro ou Mickael Jackson. Il appuie son travail sur la force visuelle de figures populaires dans lesquelles chacun peut s’identifier. Et c’est justement grâce à cela que l’artiste a su s’imposer sur la place et s’entourer des plus grands, à l’instar du photographe de renommée internationale, Michel Comte, avec qui il travaille sur une réinterprétation de Madame Butterfly. Ou encore la Paramount Pictures qui a fait appel à ses talents en février 2011 pour concevoir le logo de leur nouvelle entreprise, Insurge. Son inspiration très éclectique lui permet d’aller au-delà des sentiers battus pour plonger au cœur d’un imaginaire, fruit d’un savant mélange entre réalité et fiction. «J’adore le travail de Basquiat à la fois street-arter et peintre d’atelier avec un talent incroyable. Mais bien que je sois également passé par une école d’art, mon style me vient plus de ma mère qui est une excellente artiste», révèle Alec Monopoly.
À noter que pour son exposition à la galerie 38, le «Monopoly Guy» s’est doté d’un «tarbouche» ou encore des œuvres avec pour toile de fond des coupures de journaux marocains. À ce titre, l’artiste déclare être très heureux d’exposer au Maroc. «Pour moi, Casablanca est une ville formidable où l’on retrouve le vrai Maroc, la vraie vie. Contrairement à L.A, par exemple... C’est la première fois que j’expose au Maroc et même sur le continent africain, comme ailleurs, c’est important pour moi d’être proche des gens. En ce qui concerne les coupures de journaux, je ne choisis pas n’importe lesquelles, il faut qu’elles soient en rapport avec l’économie ou la situation dans laquelle nous vivons. Je veux que si quelqu’un voit une de mes œuvres dans 100 ans, il puisse ainsi comprendre le contexte dans lequel nous sommes aujourd’hui», conclut l’artiste. L’exposition «Alec Monopoly : catch me if you can» est à découvrir absolument à la Galerie 38 à Casablanca, à partir du 7 juin, et ce, jusqu’au 5 juillet prochain.