31 Août 2012 À 16:46
Cette manifestation plastique rentre dans le cadre d’une exposition itinérante qui a été inaugurée à Brasilia, en mai 2005, à l’occasion du Sommet entre pays arabes et pays sud-américains, avant d’être offerte à l’IHEL par le gouvernement brésilien, en juin 2009. Consacrée à l’histoire des Arabes en Amérique du Sud, «Amrik» fut présentée dans plusieurs villes du monde, notamment São Paulo, Quito, New York, Madrid, Londres, Maracaibo, Porlamar, Caracas, Beyrouth, Tunis, Le Caire et Rabat.
A travers leurs photographies artistiques, les 23 photographes latino-américains offrent une mosaïque d’images qui reflètent le métissage réalisé entre les civilisations arabes et sud-américaines, modelant ainsi l’identité de cette dernière. En effet, cette présence des Arabes est devenue une partie inaliénable de l’histoire de l’Amérique latine. Et pour cause les liens historique, humain, culturel, politique et économique qu’entretiennent ces deux régions du monde. Sachant que les premiers migrants d’origine arabe (en majorité de confession chrétienne) ont atterri en Amérique du Sud vers la fin du XIXe siècle.
D’après Oswaldo Truzzi, professeur en sciences sociales à l’Université de São Paulo et spécialiste de l’immigration arabe de cette époque, «ce sont surtout des hommes jeunes en quête d’une vie meilleure qui choisissent de traverser l’océan. Pour beaucoup, l’Amérique dont ils rêvent et qu’ils se représentent confusément correspond à la partie nord du Nouveau Monde. Mal informés, certains se retrouvent au Brésil comme d’autres échouent en Argentine ou au Venezuela. Notre Amérique, celle du Sud, étant connue dans tout le monde arabe comme l’“autre” Amérique. Celle à laquelle on ne s’attendait pas…»
Et d’ajouter que la plupart des arrivants sont issus de familles d’agriculteurs. «Dans un premier temps, les hommes viennent seuls, parfois en compagnie d’un frère, d’un père ou de voisins. Très vite, poussés par la nécessité, ils s’organisent autour de leur domaine d’activité favori : le commerce. Ils deviennent colporteurs, passant de village en village pour proposer tissus et colifichets, ou bien tiennent des échoppes au cœur des grandes villes. Au gré des départs, au fil des réussites outre-Atlantique dont on a l’écho au Proche-Orient, se développe peu à peu une habitude de l’émigration, générant un espoir et une attente en relation avec l’“Amérique”. Mais des décennies passeront avant que les candidats au départ choisissent eux-mêmes et par avance le pays vers lequel ils désireront aller». Ces installations successives ont donné lieu à des brassages entre les différentes civilisations : arabes et latino-américaine.Ce sont ces influences de part et d’autre que les photographes se sont ingéniés à mettre en relief pour marquer l’histoire de cette époque.