24 Février 2012 À 17:35
«Talleuht», est le dernier travail photographique de Miloudi Nouiga sur les enfants du village d’Aït Hamza dans les montagnes du Haut Atlas marocain. Ces photographies sont le fruit de deux années de travail de l’artiste qui s’est lié d’amitié avec les enfants de ce village. «C’est un travail subtil de photographie dans une région que je connais très bien puisque j’y ai fait plusieurs randonnées. J’ai en plus aidé le village d’Aït Hamza pour la construction d’une école coranique», a confié l’artiste à propos de ses clichés. Réalisées au cours de différentes périodes, elles présentent la vie de ces enfants durant les quatre saisons. La photo qui sauve de l’oubliDes clichés immortalisant les gestes de ces derniers pendant divers moments de leur quotidien et laissant découvrir la vie paisible dans ce village du fin fond du Maroc. «Les enfants, malgré le froid glacial qui règne dans ce village, gardent toujours le sourire et surtout l’espoir d’un avenir meilleur», déclare Nouiga. Des clichés qui laissent entrevoir des regards innocents et des sourires timides. Bref, des enfants pleins de vie et de spontanéité. Un tout autre univers est ainsi dévoilé sous l’objectif de l’artiste. Par le biais d’un savant jeu de lumière privilégiant le clair-obscur. Nouiga veut avant tout montrer le caractère hiératique et intemporel de ces enfants. Le choix de l’école coranique comme décor de fond des photographies n’est pas un hasard non plus. «J’ai travaillé sur la dimension picturale et le choix d’une lumière naturelle reflétée par la planche coranique, «louha». Une façon de mettre en relief le visage expressif de ces enfants un peu oubliés et seuls», explique Nouiga. Leurs silhouettes surgissent des toits, des arbres et des rives de la «Tessaout».
À noter que le village d’Aït Hamza est situé à près de 100 km de la commune de Demnate, a plus 2 075 m d’altitude. La route goudronnée la plus proche du village est à 20 km. «Talleuht» est l’aboutissement d’un travail de deux ans sur les enfants d’Aït Hamza, où ces derniers perpétuent les gestes ancestraux de leur culture berbère. Dépassant la représentation exclusivement réaliste, Nouiga, par le choix du moment de la prise de vue et par le cadrage de l’image, nous restitue la magie de l’éphémère et nous montre des sujets à la fois ancrés dans le réel et suggérant une dimension irréelle.
Une fusion insolite de couleurs où chaque prise de vue transmet un aspect à la fois fantastique et grave.Chaque photographie est une aventure singulière : «une projection d’un autre temps dans l’univers présent». Les enfants étant un thème qui lui tient à cœur, Miloudi Nouiga a également illustré un livre pour enfants, «La graine enchantée», qui lui a valu le prix «Saint-Exupéry», auquel s’ajoute l’édition de deux livres jeunesse, «Cheval de vent» et «Cheval de vent sur les traces d’Ibn Battouta». En plus d’être coloriste de bande dessinée, Miloudi Nouiga est un artiste pour qui la photographie est une passion depuis l’âge de 14 ans.
Né le 10 avril 1947 à Casablanca, Miloudi Nouiga établit son premier contact avec la photographie en 1966. Fasciné par cette étrange machine à produire des images, son premier métier n’est autre que celui de photographe de studio au Maroc. En 1975, Miloudi Nouiga part à Paris et poursuit des études d’arts graphiques à l’École Estienne. De retour à Rabat, le travail photographique «Traces» restitue les empreintes anodines d’un nouvel environnement urbain rappelant l’essence de la peinture abstraite. Il expose ses différentes créations photographiques à Paris, Avignon, Aix-en-Provence, Grenoble et au Maroc.