Salon international de l'agriculture de Meknès

Les armateurs expriment leur inquiétude

Les professionnels marocains ont appelé le gouvernement à une intervention urgente pour débloquer la situation.

09 Janvier 2012 À 17:00

La saisie « conservatoire » prise par les autorités maritimes françaises de deux navires marocains au port de Sète (sud de la France) ne cesse de susciter des réactions. Et pour cause. Cette mesure cause des perturbations dans le transport maritime des marchandises et des passagers. Les faits remontent à vendredi dernier lorsque les ferries «Biladi» de la société Comarit et «Marrakech» de Comanav, assurant la liaison entre Tanger-Sète avaient été saisis successivement par décision de justice pour créances impayées et immobilisés dans ce port.

En fait, selon l'autorité portuaire, la société Comarit devra s'acquitter de créances accumulées et impayées d'un montant de 3,2 millions d'euros pour lever la mesure de «saisie conservatoire», exécutée par un huissier. Une information à nuancer, puisque d'après Abdellatif Maâzouz, ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger, cité par
la MAP, la Comarit, propriétaire du ferry «Biladi», a payé le tiers des créances impayées, avant la décision de «saisie conservatoire».

Première conséquence de cette mesure : pas moins de 400 Marocains qui devaient embarquer vers Tanger à bord du ferry «Biladi» étaient bloqués vendredi après-midi à la station maritime de Sète.
Si la situation s'est par la suite débloquée pour ces passagers qui ont pu regagner le Maroc, autrement, après l'intervention des services concernés, le problème reste posé, notamment pour le transport des marchandises. Ce qui a fait réagir les professionnels marocains du secteur qui ont tiré la sonnette d'alarme.
En fait, le Comité central des armateurs marocains (CCAM) a appelé le gouvernement marocain à une intervention urgente pour débloquer la situation. «Si aucune mesure n'est entreprise par les autorités de tutelle, le Royaume sera sans aucun moyen naval pour couvrir le transport maritime de plus 70 millions de tonnes de marchandises de ses échanges avec l'extérieur et de 4 millions de passagers», s'alarment-ils dans leur communiqué, cité par la MAP.

Pour étayer leur plaidoyer, les armateurs ont exposé le poids de leur secteur et son importance socioéconomique. Ainsi, fait-on savoir, le secteur emploie d'une manière directe plus de 5.000 personnes et réalise un chiffre annuel de 4 milliards de DH. Son activité se traduit par un transit de 660.000 véhicules qui entrent au Maroc annuellement par voie maritime et 2,5 millions de résidents marocains à l'étranger qui empruntent la traversée maritime pour se rendre au Maroc «en raison de son rapport qualité/prix très avantageux pour les familles marocaines», souligne le CCAM. L'impact d'une telle mesure risque donc d'être d'une grande ampleur, d'après les armateurs marocains qui profitent, d'ailleurs, de cette occasion pour remettre sur le tapis une question qui les taraude depuis la libéralisation du secteur en 2007.

Il s'agit de la concurrence étrangère qui risque de se renforcer davantage, avec ce genre de mesures, puisque, signale-t-on, les compagnies maritimes étrangères risquent de profiter de la situation de crise des compagnies maritimes marocaines pour imposer leur monopole sur le marché du transport des passagers.
Il est à noter que ce marché juteux est particulièrement dynamique à l'été, à l'occasion de l'entrée en masse des MRE à leur pays d'origine pour y passer leurs vacances avant de retourner dans les pays de l'immigration.

Une nouvelle politique maritime

Selon le Comité central des armateurs marocains, le Maroc se doit de sécuriser par ses propres moyens maritimes une partie de ses échanges de biens avec l'extérieur et le transport des MRE. Pour ce faire, estime-t-il, le pays est appelé à initier une nouvelle politique maritime, capable de lui assurer des acteurs nationaux compétitifs pouvant faire face à la concurrence des compagnies étrangères qui s'est exacerbée depuis 2007.
Les professionnels marocains déplorent notamment que cette libéralisation n'ait pas été accompagnée par les mesures nécessaires de mise à niveau des entreprises nationales qui sont toujours régies par le cadre législatif du code du commerce maritime de 1919 et d'un régime fiscal qui ne permet pas une concurrence loyale.
Copyright Groupe le Matin © 2025