28 Décembre 2012 À 19:13
Toutes les devantures des magasins, cafés, restaurants… affichent des messages de vœux, depuis plusieurs jours. Des couleurs or et argent, des dessins de père Noël se joignent aux célébrations des fêtes de fin d’année. Les propriétaires de magasins rivalisent durant les dernières semaines de l’année pour arborer leurs vitrines en sapins, guirlandes lumineuses, cadeaux empaquetés, étoiles et boules de toutes les couleurs… pour rappeler aux passants la fin de l’année 2012. Une fin d’année qui a une perception différente auprès des Marocains. Si, pour certains, la fin de l’année est tout simplement l’occasion de se réunir en famille, passer un moment convivial, acheter un gâteau et veiller la soirée devant la télé, pour d’autres, c’est l’occasion de faire la fête en bonne et due forme au grand plaisir des restaurants et des hôtels qui ont tous des programmes de réveillon variés : soirées animées, dîners dansants, spectacles… «Je ne passe jamais le réveillon à la maison. Pour moi, c’est une tradition. Je ne peux pas résister à la tentation des offres des hôtels qui concoctent des programmes très intéressants pour les fêtards comme moi», confie Basma, 32 ans, cadre dans une compagnie d’assurance. «Cette année, j’ai décidé d’aller encore plus loin. Je passerai le jour de l’an en Turquie. Un voyage de rêve m’attend. Je suis très impatiente», poursuit-elle. De plus en plus de Marocains préfèrent vivre réellement ce qu’ils voyaient sur leurs écrans et profiter des offres de fin d’année pour clôturer l’année en beauté. Seulement, ceci n’est pas une règle générale.
Certains sont catégoriques et restent liés aux traditions. «C’est honteux pour nous les musulmans de laisser passer le jour de l’an hégirien inaperçu et de fêter le jour de l’année grégorienne. Tout le monde s’y met un mois à l’avance. Tout le monde se prépare pour la nuit du réveillon et prévoit des dépenses importantes pour une occasion qui n’a aucune relation avec notre religion. Je peux même dire que c’est “haram”», fustige Mouad, 42 ans, banquier. «Le comble est que certaines familles commencent à fêter Noël aussi. Ils achètent des sapins, des guirlandes… et oublient le 1er Moharrem. De la folie !», ajoute-t-il.
Les Marocains amazighs, quant à eux, restent fidèles à leur propre Nouvel An «Yenayer» ou «hagouza» qui est célébré le 12 janvier de chaque année. «Dans quelques jours, nous allons célébrer l’arrivée de l’an 2963 amazigh. Personnellement, j’accorde plus d’importance à cette date qu’au Nouvel An grégorien. C’est une occasion, pour nous les Amazighs, de souligner que nous avons une histoire riche et un passé glorieux, et que nos ancêtres ont grandement contribué à la civilisation humaine, et d’afficher nos valeurs de tolérance, d’ouverture, de respect et d’hospitalité… À la maison, nous célébrons Yenayer par la préparation de mets comme “Herrbel”, soupe de blé concassé et de lait entier. Nous préparons également à cette occasion de petits pains ronds incrustés de raisins secs...», raconte fièrement Abderrahim.Les Marocains juifs de leur côté célèbrent la «Hanouka», la fête des Lumières, en cette période de fin d’année. Il s’agit d’une fête où chacun allume une bougie d’un chandelier à huit branches, chaque soir de la semaine. Pendant Hanouka, les juifs s’échangent un cadeau par jour pendant huit jours, et les enfants reçoivent traditionnellement une toupie.
Faire la fête selon Mohssine Benzakour, psychosociologue
En général, si on fait la fête c’est principalement pour s’amuser, passer du bon temps avec les amis et la famille, se réjouir... Faire la fête, c’est mener une vie de plaisirs. Faire la fête modérément juste parce que chaque chose consultée à l’extrême témoigne souvent d’un mal-être. Et la fête n’est jamais honorée pour combler un vide, que ce soit affectif ou social. Certes, le Nouvel An est lié à un calendrier qui depuis un bon moment n’est plus lié à la religion chrétienne, mais il reste tout simplement le passage d’une année à l’autre. C’est l’occasion aussi de bien manger et de bien boire entre amis et famille. Jamais une fête n’a été une incitation à la débauche.On peut dire que le flou s’installe dès le moment où on confond le fait de faire la fête pour célébrer la venue du Nouvel An et le fait la célébrer religieusement comme les chrétiens le font. Et dans notre pays les différents points de vue concernant ce sujet émanent de la façon dont on se représente la fête de fin d’année, mais il ya aussi des prêches et des extrémistes qui profitent de l’occasion pour attirer l’attention sur eux. D’un autre côté, il est vrai que la fête de fin d’année au Maroc est une occasion où la consommation d’alcool et de gâteaux bat tous les records.