Fête du Trône 2006

L’Académie des arts traditionnels appelée à jouer le rôle de locomotive dans la formation dans les métiers de l’artisanat

Ahmed Toufiq, président de la Fondation de la Mosquée Hassan II de Casablanca, a souligné mercredi que l’inauguration par S.M. le Roi Mohammed VI de l’Académie des arts traditionnels constitue une concrétisation des Hautes directives royales visant à ériger cette Académie en «une institution de haut niveau de sorte qu’elle puisse jouer le rôle de locomotive de la formation dans les arts traditionnels du point de vue des compétences et des connaissances scientifiques et culturelles».

Sa Majesté le Roi Mohammed VI a inauguré l'Académie des Arts traditionnels de Casablanca

31 Octobre 2012 À 20:59

 Dans une allocution à l’occasion de l’inauguration de l’Académie des arts traditionnels, M. Toufiq, qui a rappelé la place éminente de la Mosquée Hassan II, dont les fondements ont été jetés par feu S.M. Hassan II et qui s’érige en «merveille de l’architecture islamique novatrice au cours de notre époque», a affirmé que S.M. le Roi Mohammed VI a poursuivi l’édification de ce grand projet civilisationnel en instituant la Fondation de la Mosquée Hassan II au sein de laquelle le Souverain a décidé de «créer la Médiathèque, une réalisation culturelle d’avant-garde en faveur des enfants et de la jeunesse de cette ville». Les instructions royales pour la réalisation de l’Académie des arts traditionnels s’inscrivent dans cette même démarche, a-t-il poursuivi. Après avoir rappelé que la construction de la Mosquée Hassan II en tant que grande œuvre religieuse a eu, par ricochet, un impact important pour «redonner vie à l’artisanat dans le domaine de la construction, sauvegarder de nombreux métiers, explorer un grand nombre de chantiers et de potentialités, donner une nouvelle impulsion à une activité économique qui relie le présent au passé», M. Toufiq a fait observer que de la sorte la ville de Casablanca a su préserver son âme et sa fibre patriotique concomitamment avec sa vocation dans les domaines de «l’activité matérielle commerciale et industrielle depuis l’agrandissement de son port au début du vingtième siècle».

La Mosquée Hassan II, qui se distingue par un prolongement dans la mer plus étendu que l’implantation du port sur la terre ferme, fut ainsi «un véritable don spirituel et culturel à l’ensemble du Royaume et pour Casablanca en particulier, un don que cette cité a accueilli avec gratitude et considération pour les symboles d’esthétique, de dynamisme et de modération que la Mosquée porte en elle», a dit M. Toufiq. Le projet de l’Académie des arts traditionnels a ainsi pu être réalisé, a-t-il ajouté, grâce au partenariat entre la Fondation de la Mosquée Hassan II, le ministère de l’Artisanat d’une part, et l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail d’autre part, en vertu de l’accord signé en présence de S.M. le Roi, le 31 mars 2006, avec un investissement de 107 millions de DH, consacré à l’aménagement du bâtiment, à l’acquisition des équipements et à la réalisation des différentes études. Conformément aux Hautes orientations royales, a poursuivi le président de la Fondation de la Mosquée Hassan II, «l’Académie est devenue une institution unique en son genre au plan national, rarement égalée au plan international», avec pour vocation de «préserver le patrimoine et la recherche de la perfection», une vocation qui se décline en plusieurs axes. Il s’agit de veiller à la mise en place d’un cadre institutionnel académique réunissant les caractéristiques techniques et scientifiques nécessaires dans le but d’offrir l’opportunité aux grands Maîtres de l’artisanat de transmettre aux nouvelles générations le savoir qu’ils ont hérité dans les différents métiers, et de garantir la transmission de ces compétences dans d’excellentes conditions alliant la dextérité manuelle dans différents métiers et les connaissances scientifiques, technologiques et historiques.

Dans cette même optique, l’Académie a été également conçue comme «un instrument de recherche scientifique dans le domaine de l’artisanat et des arts traditionnels qui permet d’explorer et documenter les caractéristiques techniques de toutes les catégories d’artisanat dans le but de les pérenniser». Selon le président de la Fondation, ces axes se déclinent aussi à travers le souci de faire de l’Académie «un établissement de formation d’où sortiront de nouvelles générations d’artisans émérites capables d’innovation sans porter atteinte aux traits particuliers et profonds qui caractérisent les œuvres de l’artisanat marocain» et de l’ériger en «institution de référence en matière de recherche et d’expertise qui communique avec les secteurs actifs dans les arts traditionnels en termes de production, de qualification, de recherche et de commercialisation». M. Taoufiq a donné ensuite un aperçu sur l’agencement des différentes dépendances de cette institution, à savoir un bâtiment réalisé pour abriter des espaces de formation dont la superficie totale atteint 12 400 mètres carrés, répartis en 10 salles de formation théorique et technologique, 14 ateliers et fabriques, 4 laboratoires et un vaste espace d’exposition des produits artisanaux. Il a fait savoir que l’Académie dispose également d’une bibliothèque comprenant un noyau de références spécialisées. «La conception élaborée pour le développement de cette bibliothèque dans les années à venir ambitionne de constituer une grande base de données de nos produits artisanaux marocains, de notre culture artistique et de notre civilisation matérielle», a-t-il indiqué.

Ce projet qui sera mis en œuvre par l’Académie comprend des aspects liés à la recherche dans les villes et les campagnes, ville par ville, tribu par tribu, dans le but de sauvegarder d’urgence les diverses manifestations du génie marocain dans ce domaine afin de les étudier, les codifier, les restaurer, ce qui va conduire en fin de compte à la mise en place d’un centre de recherche sur l’artisanat, à la constitution d’une instance d’archives spécialisée et à la création d’un musée. Pour l’accès à la formation, il a été procédé à l’adoption d’une meilleure sélection des étudiants admissibles à l’Académie, qui devront disposer d’«un baccalauréat scientifique, détenir un diplôme de technicien ou de technicien spécialisé dans l’un des métiers de spécialisation, après avoir passé deux années avec succès dans un établissement relevant du département de l’artisanat ou de la formation professionnelle et de réussir à l’examen scientifique et théorique d’admission à l’Académie».

Dans cette première promotion, 120 étudiants ont été choisis, parmi eux 26 étudiantes. La moyenne d’âge des admis est de 23 ans, il est par ailleurs prévu que la capacité d’accueil de l’Académie s’élève à 360 personnes en formation, d’ici trois ans. Concernant les spécialités de formation et d’enseignement dans l’Académie, «celles qui sont ouvertes en ce moment, a indiqué le ministre, sont au nombre de dix : trois dans le domaine de l’art du bâtiment traditionnel, à savoir le plâtre, la taille de pierres et de zellige, deux dans l’art du bois, à savoir le bois sculpté, le bois peint, deux dans l’art des métaux, la ferronnerie d’art et la bijouterie, le tissage traditionnel en art du textile, la maroquinerie en art du cuir et enfin l’art de la calligraphie et de l’enluminure. Cette dernière spécialité accueille des étudiants sur simple dossier de compétence et sera dans un premier temps une formation diplômante de deux années étant donné que le vivier n’existait pas auparavant.»

La formation s’appuie sur la mise en place d’une organisation pédagogique appropriée qui prévoit une formation en trois années dont les cours et les formations sont répartis en deux semestres par année. La formation est dispensée en cinq modules : formation manuelle dans les compétences qui représente cinquante pour cent de l’emploi du temps, puis la formation scientifique en mathématiques, physique et chimie, la formation technologique, notamment en dessin et en informatique, la formation en gestion, économie et comptabilité, et enfin la formation en sciences humaines telles que l’histoire, l’histoire de l’art, l’archéologie, l’anthropologie et les langues. L’Académie a d’autre part procédé au choix d’un encadrement pédagogique qualifié auquel participent dès le début dix célèbres grands Maîtres artisans dont certains avaient pris part à la construction de la Mosquée Hassan II, ainsi que dix formateurs dans les arts traditionnels et trente formateurs dans les autres disciplines. Enfin, le Musée de la Mosquée Hassan II apporte à l’Académie une contribution des plus précieuses.

Ce Musée met, en effet, en valeur une partie de l’histoire de ce grand chef-d’œuvre qu’est la Mosquée «où sont exposés des modèles qui avaient été proposés durant la période de construction de la Mosquée, qu’ils aient été retenus ou non. Il s’agit d’échantillons de zellige, de pierre taillée, de marbre, de produits métalliques, de travail de tadellakt, de plâtre, de bois peint et sculpté», a précisé M. Toufiq. Quant aux débouchés offerts aux diplômés de cette Académie, ils représentent, selon le président de la Fondation, «de larges perspectives authentiques à portée économique et culturelle».

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