24 Juillet 2012 À 17:34
Décidément, le mois du ramadan sera hautement «cinématographique» à Rabat. Les férus du 7e art, made in Morocco, seront servis par une panoplie de films produits entre la fin des années 1970 et 2011, et ce, dans le cadre du grand événement cinématographique baptisé «L’Été du cinéma marocain 2012». Organisée par la Chambre nationale des producteurs de Films en partenariat avec la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc à Rabat et avec le soutien du ministère de la Communication, du Centre cinématographique marocain, de la SNRT et de la mairie de Rabat, cette fête du cinéma propose une trentaine de films marocains qui sont actuellement projetés, jusqu’au 30 août. Publiques et gratuites, ces projections ont lieu à l’esplanade de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc à Rabat, chaque soir à 22 h, en présence des réalisateurs et des comédiens.
Ce festival des films marocains propose aux cinéphiles un panorama de longs métrages, de différents genres et de divers styles, réalisés depuis les années 80 jusqu’à nos jours. «Pour cette première édition, nous voulions concocter un programme, riche, divers et représentatif de la production cinématographique de ces 15 dernières années. Nous étions donc obligés d’opérer un choix vu que nous ne pouvions pas programmer la totalité des films marocains. Dans ce choix, nous tenions à rendre hommage aux ténors du cinéma marocain.», explique Driss Chouika, de la Chambre nationale des producteurs de films. Aussi, sur la longue liste des films programmés figurent des films mythiques tels «Mirage» de Ahmed Bouannani, qui date de 1979, «Le coiffeur du quartier des pauvres» (1982) de Mohamed Reggab, «Titre provisoire» (1984) de Mostapha Derkaoui, «Cauchemar» (1984), de Ahmed Yachfine, «Badis» (1988) de Mohamed Abderrahman Tazi, «Adieu Forain» (1998) de Daoud Aoulad Syad….
Autant d’opus qui ont marqué l’avènement de l’ère classique du cinéma au Maroc. Quoique pas très populaire et un tantinet hermétique, ce cinéma a réussi à mettre le 7e art marocain sur les rails. Après cette génération de cinéastes qui ont posé les jalons d’un cinéma local aux influences diverses, une génération de jeunes réalisateurs qui se sont nourris d’œuvres de créateurs internationaux voit le jour. Les sujets que traitent leurs films sont plus près des préoccupations du public et leurs regards sont plus critiques sur les problèmes de la société. Ils sont également plus audacieux dans le traitement de sujets jusque-là tabous ou soumis à l’autocensure des réalisateurs. Des films comme «Rhésus, le sang de l’autre» (1996), de Mohamed Lotfi, «Maktoub» (1997) de Nabil Ayouch, Ali Zaoua (1999), du même réalisateur, «Les amis d’hier» (1998), de Hassan Benjelloun… représentent cette tendance. Plus prolifique et encore plus variée sera la dernière décennie du siècle qui verra l’émergence de jeunes réalisateurs plus ouverts sur le cinéma international et avide d’expérimenter de nouveaux genres cinématographiques.
«Moussem Lamchaoucha» (2009), de Mohamed Bensouda «Agadir Bombay» (2010), de Myriam Bakir, «La 5e corde» (2010), de Selma Bargach, «La mosquée» (2010) de Daoud Aoulad Syad, «Andalousie, mon amour» (2011) de Mohamed Nadif, «Nhar tzad tfa daw» (2011) de Mohamed Karrat… en disent long sur cette volonté de se libérer des carcans du cinéma classique et de se projeter dans un cinéma universel. Pour visionner tous ces films et bien davantage, les cinéphiles auront jusqu’au 30 août pour (re)vivre l’évolution du cinéma national. Pour la première édition, Rabat a eu le privilège d’abriter cette manifestation. Les années prochaines, d’autres villes verront leur été prendre les couleurs du cinéma marocain. «La première édition a été conçue dans la précipitation. Nous avons automatiquement opté pour la capitale vu que nous avons une convention avec la BNRM. C’est donc uniquement pour une raison de logistique et de moyens que nous avons choisi Rabat», souligne Driss Chouika.