Spécial Marche verte

Gérer les magouilleurs qui nous entourent

Au sein de notre propre famille ou dans le milieu professionnel, nous avons tous dans notre entourage des personnes qui, pour une raison ou une autre, passent leur temps à essayer de nous nuire. Comment s’en préserver ?

Beaucoup de personnes croient que pour garder leur place et être promus, ils doivent forcément «écraser» d’autres collègues.

09 Novembre 2012 À 17:24

Collègue agressif, belle-mère omniprésente, copine jalouse, connaissance de mauvaise foi qui sème les rumeurs… on a tous dans notre entourage au moins une personne qui nous veut du mal, sans qu’on l’ait forcément mérité.Ce genre de personnalités difficiles fragilisent le mental et la réussite même de notre vie qu’elle soit personnelle ou professionnelle.

Par ailleurs, on ne sait pas forcément comment faire face à ce genre de situations, surtout si la personne en question ne laisse rien présager de ses mauvaises intentions à notre égard. «J’avais une collègue au travail avec laquelle nous étions très proches. Nous avions réussi à dépasser le stade de collègues pour devenir des amies et je l’invitais souvent chez moi. Jusqu’au jour où mon mari exigea que je coupe toute relation avec cette femme. Quand j’ai voulu connaître les raisons de cette décision sans appel, il m’a expliqué qu’à chaque fois qu’elle restait seule avec lui, elle lui racontait des histoires malsaines à mon égard dans le but de semer le doute chez lui», raconte tristement Maroua, 28 ans.

Et d’ajouter : «Quand j’ai interrogé mon ex-copine à ce sujet, elle m’a avoué qu’elle était jalouse de moi et du fait que j’ai réussi ma vie sur tous les niveaux professionnel et personnel. J’étais dépassée surtout qu’elle est au courant de ma situation et qu’elle sait que ma vie n’est pas aussi parfaite qu’elle le prétendait». Le milieu de travail est bien souvent le nid de toutes manigances où tous les coups sont permis. En effet, beaucoup de personnes croient que pour garder leur place et être promus, ils doivent forcément écraser d’autres collègues. «Le milieu professionnel est un monde sans merci où tout le monde ne peut pas évoluer.

Alors à moins que tu ne veuilles rester un petit salarié toute ta vie, il faut que tu mettes tout en œuvre pour progresser. Malheureusement, lorsqu’on a les mêmes compétences que les autres, on est obligé de passer par d’autres voies pour obtenir ce qu’on veut», lance Issam, responsable achat, qui confie qu’afin d’obtenir ce poste, il a dû démontrer à la direction que son collègue n’était pas aussi travailleur que lui.

«Mon collègue se permettait de s’absenter et utiliser ses contacts pour gonfler son chiffre d’affaires, pendant que moi, je me tuais au travail. Lorsqu’il a été question de promotion, j’ai écrit à la direction générale pour lui expliquer les mauvaises combines qu’il utilisait. Je ne pouvais quand même pas permettre qu’il devienne mon chef hiérarchique», se justifie-t-il. Toutefois, «la complotide» bat son plein lorsqu’on est face à un supérieur qui n’est pas aussi compétent qu’il le prétende. Alors là, bonjour les manigances ! «Mon supérieur et moi nous ne nous sommes jamais entendus. Il me reproche d’avoir un diplôme plus important que le sien. Alors, il passe son temps à dénigrer mon travail.

Son jeu est clair pour moi : il veut ma peau ! Je suis aujourd’hui sûre qu’il est à l’origine de rumeurs négatives à mon égard. Ma réputation n’est plus à faire, je pense avoir suffisamment démontré mon implication, mon sérieux et mon dévouement pour cette entreprise. D’ailleurs, il arrive souvent que je prenne en charge un dossier pour lequel lui ne possède pas les compétences requises et au final c’est lui qui en endosse le mérite», souligne Leila, comptable. Mais comment gérer cette situation qui, souvent, a tendance à empoisonner sur notre vie ?

Selon les spécialistes, lorsqu’on est victime de «complotide» dans le milieu professionnel, il serait judicieux de multiplier les traces écrites. Il faut soigneusement conserver les messages litigieux, agressifs ou déplacés de la personne en question. Ces traces écrites pourraient servir comme preuve dans le cas où le conflit dégénérerait.

Aussi faut-il garder une bonne distance (physique et professionnelle) avec ce genre de personnes, tout en veillant à ce que la situation ne se retourne pas contre nous et surtout ne jamais laisser de trace écrite d’échanges qui ne concerneraient pas directement le travail.


Jay Jawad Hamdouch, psychologue

«Les complots puisent leurs origines dans l’oisiveté, l’ignorance et la jalousie»

Les complots sont monnaie courante au Maroc. C’est un hobby national chapeauté par la médisance.Il est difficile de trouver une ou des causes bien déterminées du complot. Cependant, du point de vue socioculturel marocain, les complots puisent leurs origines dans l’oisiveté, l’ignorance et la jalousie. Voltaire n’avait pas dit que : «le travail éloigne de nous trois grands maux ; l’ennui, le vice et le besoin ?» Hélas, c’est bien vrai ! Socialement, le complot s’explique par une frustration, un désir ou un sentiment insatisfaits. Alors, pour se satisfaire, on complote soit par le biais de l’acquiescement social : qui veut dire dans le jargon courant : «lèche-bottes», soit par une méchanceté et une véhémence aveugle.

Pour nous les psychanalystes, le complot trouve son origine dans une blessure narcissique précoce et une personne fragile évoluant dans un milieu hostile où la personne se sent vulnérable. Dans une société patriarcale/macho comme le Maroc, où l’individu est très critique, acerbe, pédant et dénigrant envers son semblable, le faible n’a que se tenir à carreau, accepter la soumission et vivre dans l’angoisse perpétuelle, chez soi, au bureau, au restaurant, dans un taxi, etc.

D’un autre côté, le DSM IV (outil de classification pour définir les troubles mentaux par l’Association américaine de psychiatrie/psychologie) définit une personnalité paranoïaque comme un état de méfiance soupçonneuse et envahissante envers les autres, qu’ils soient parents, frères, sœurs, époux/épouse, belle-famille, collègue de travail, supérieur hiérarchique ou même un simple inconnu dans la rue ; dont les intentions sont interprétées de façon malveillante.

Les personnalités paranoïaques se caractérisent par une surestimation pathologique de soi-même, une susceptibilité démesurée associée à une méfiance extrême à l’égard de l’autre, un jugement faussé, une absence d’autocritique, introspection et un certain autoritarisme. Il croit toujours qu’on est en train de comploter contre lui, or comme a dit James Watson dans son livre : l’inconscient c’est l’autre : Who cares !

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