Fête du Trône 2006

Le plus grand rassemblement soufi

Une délégation marocaine du ministère des Habous et des affaires islamiques assiste à cet évènement spirituel.

13 Janvier 2012 À 16:18

Des dizaines de milliers de fidèles sénégalais ont afflué, depuis début cette semaine, sur la ville de Touba (centre du pays), cité religieuse qui abrite chaque année la célébration du «grand Magal» qui commémore cette année le 117e anniversaire du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (1853-1927), fondateur de la confrérie soufie des Mourides.
Une semaine durant, les fervents fidèles de la confrérie Mouride célèbrent la mémoire du fondateur de cette confrérie soufie dans une ambiance de spiritualité et de ferveur marquée par de longs rituels de prières dans les nombreuses mosquées et mausolées de la cité religieuse. Une petite cité qui reçoit en même temps, au pic de l'affluence, le jour de la célébration du Magal, plus d'un million de pèlerins venus des différentes régions du Sénégal et même de l'étranger.

Comme chaque année, une délégation marocaine du ministère des Habous et des affaires islamiques assiste à cet évènement spirituel.
La Tariqa Mouride est l'une des plus grandes confréries au Sénégal, un pays où s'est implanté un Islam soufi aux diverses confluences avec des liens communs ancestraux avec les écoles soufies du Maroc qui ont rayonné sur l'ensemble du continent des siècles durant. L'une de ces principales confréries, est celle des Tijanes qui se distingue par sa présence dans l'ensemble des pays de l'Afrique de l'Ouest avec des millions d'adeptes.
L'énorme rassemblement des mourides durant lequel la petite ville de Touba baigne dans une véritable marée humaine, est considéré comme la plus grande manifestation religieuse de l'Afrique.

A l'origine de cet engouement de ferveur, un grand amour et une profonde vénération pour le saint homme qui a marqué profondément la vie spirituelle dans le Sénégal et s'est démarqué par sa farouche opposition à l'occupation étrangère, qui lui avait valu l'éloignement de son pays en 1895. Le grand Magal de Touba est la commémoration de cet évènement. Ahmadou Bamba Mbacké, de son vrai nom Ahmad ibn Muhamad ibn Habib Allah, est un cheikh et théologien issu d'une lignée de marabouts. Connu également sous le nom de Khadimou Rassoul (serviteur du prophète), il deviendra l'une des figures les plus importantes de l'islam soufi dans la région de l'Afrique de l'Ouest à travers la confrérie des Mourides qu'il fonda.

Celui que les adeptes mourides appellent affectueusement Serigne Touba (le marabout de Touba) a mené une vie entièrement dédiée à la spiritualité, à l'adoration divine et au prêche de la bonne parole.
Il fonda la ville de Touba autour d'un lieu de culte en 1887. Résistant au colonialisme français et à sa politique d'acculturation religieuse, Bamba parvient à convertir à l'Islam plusieurs rois de la région à l'époque. Craint pour sa capacité à mobiliser de très nombreux disciples, il fût arrêté par les autorités coloniales avant d'être exilé, en 1895, au Gabon. Après son retour triomphal, Bamba Mbacké fit construire la grande mosquée de Touba autour de laquelle s'est érigée une petite ville du même nom et qui abrite actuellement son mausolée. La manifestation Grand Magal de Touba donne lieu chaque année la mesure de l'hospitalité légendaire du pays de la «Teranga» (hospitalité en Wolof). Les centaines de milliers de pèlerins qui affluent vers Touba ne se soucient guère de l'hébergement. Le gîte et le couvert sont offerts volontiers à tous les visiteurs.

Une richesse particulière des influences et écoles soufies

Parvenir auprès du tombeau d'un mausolée pour prier et se recueillir requiert un effort considérable du pèlerin et surtout une grande patience sur les longues files d'attente devant les grands portails des mausolées. Le pays dont le champ religieux se caractérise par une richesse particulière des influences et écoles soufies, compte également d'autres confréries comme celle des Layène, fondée par le cheikh Limamoulaye, ou celle des Qadiris qui rassemble les adeptes du fondateur Cheikh Abdelkader Al-Djilali. Le Maroc constitue la principale source des écoles soufies qui ont réussi à s'implanter au Sénégal à travers de nombreux élèves et adeptes directs des grands maîtres fondateurs, comme c'est le cas de la Tariqa Tijaniya, fondée à Fès par le Saint Sidi Ahmed Tijani (1737-1815). La capitale spirituelle du Maroc, qui abrite le mausolée du Saint homme, constitue un haut lieu de spiritualité pour les millions de tidjanes, aussi bien au Sénégal que dans différents pays de l'Afrique de l'Ouest. Tout fervent adepte de la Tariqa s'assigne comme devoir sacrée de visiter, au moins une fois dans sa vie, le mausolée du Saint homme à Fès.
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