Salon international de l'agriculture de Meknès

Quand la politique dope l'économie

La confiance des opérateurs s'est enfin redressée au cours du 4e trimestre 2011, après trois trimestres d'affilée de recul.

10 Janvier 2012 À 17:53

Le monde des affaires, qui était frappé par un certain attentisme depuis le début des événements qui ont touché une bonne partie de la région MENA, n'est pas insensible aux changements positifs que connaît le Maroc, essentiellement sur le plan politique, avec des élections anticipées et un nouveau gouvernement.
En fait, alors que les différents sondages qui mesurent le moral des patrons faisaient état tout au long de l'année dernière d'un affaissement de l'enthousiasme des opérateurs qui a été entamé par l'ambiance de contestations et de revendications, un retour à la normale commençait à se profiler à la fin de l'année passée dans l'esprit des dirigeants d'entreprises. Et du coup, ils comptent investir davantage, tout en prenant le soin de ne recruter qu'au compte-goutte.

Cette tendance a été mise en évidence par la dernière enquête de conjoncture de l'Observatoire de l'entrepreunariat (ODE-BMCE), qui sonde la confiance des dirigeants des 500 plus grandes entreprises marocaines. Cette enquête fait ainsi ressortir que la confiance des opérateurs s'est enfin redressée au cours du 4e trimestre 2011, après trois trimestres d'affilée de recul, ce qui en fait la première évolution positive de l'année 2011. L'indice est ainsi ressorti à 61,9/100, en hausse de 4,7 points par rapport à l'observation précédente.
Les changements politiques sont donc pour beaucoup dans cet optimisme des chefs d'entreprises, mais pas seulement. En fait, les auteurs de cette enquête citent d'autres facteurs favorables qui ont dopé le moral des patrons.

Il s'agit notamment de l'amélioration de la place du Maroc en matière de climat des affaires, synonyme d'une facilitation de l'investissement, relevée par plus d'un rapport des organisations internationales. Il en est ainsi du Doing Business, classement de la Banque mondiale qui est une référence en matière de la notation du climat des affaires dans les différents pays. En fait, d'après l'édition 2012 de ce rapport, le Maroc est le pays dont l'économie a connu l'amélioration la plus notable en 2011. Cette évolution s'est traduite par un gain de 21 places dans le classement par rapport à l'année précédente, situant le Maroc au 94ème rang. Autre facteur favorable, ajoute-t-on dans le sondage de l'ODE, la vigueur de la demande intérieure, dans un environnement international marqué par la décélération de la demande étrangère.
Cette tendance globale présente toutefois des nuances selon qu'il s'agit de l'appréciation du cadre macro, où l'on décèle une stagnation, ou de l'appréciation par les opérateurs de leurs secteurs respectifs ou de leurs propres entreprises, cette dernière étant positive.

Ainsi, explique-t-on, même si le niveau de confiance relatif au paysage économique actuel est resté quasi-identique au score affiché lors du précédent trimestre, la récente observation marque surtout une érosion assez significative du taux de « haute confiance » chez les dirigeants marocains. Cette appréhension est alimentée notamment par les craintes quant aux risques de propagation de la crise budgétaire européenne vers l'économie nationale, l'insuffisance des trésoreries bancaires et le bilan mitigé du commerce extérieur marocain. Ce qui n'empêche pas ces dirigeants d'afficher « un fort optimisme » pour le prochain semestre.
De même, cette conjoncture économique actuelle jugée en quasi-stagnation n'a pas entamé leur confiance en la capacité de leurs secteurs et leurs entreprises à faire des progrès honorables.
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