26 Novembre 2012 À 18:00
Certes, il n’existe pas de statistiques sur le nombre réel de ces Marocains ayant émigré vers les territoires arabes occupés, mais les marques de leur présence à Al-Qods, Ramallah, à Gaza ou dans d’autres villes palestiniennes demeurent tangibles et ses effets durables.
Ces Marocains, dont le nombre est estimé à 15 000 personnes selon les témoignages de certains d’entre eux, gardent toujours en mémoire des histoires sur les liens historiques entre le Royaume et la cité sainte, ainsi que sur le combat de leurs ancêtres face aux visées des forces de colonisation israélienne pour dénaturer le cachet islamique dans ces lieux. Originaire de Fès, Haj Riad Alami raconte que l’arrivée de ses ancêtres à Al-Qods a coïncidé avec la libération de cette cité par le leader musulman Salahedine El Ayyoubi au XIIe siècle.
Approché par la MAP à l’occasion de sa visite à l’hôpital de camp militaire installé à Gaza sur instructions royales en signe de solidarité avec le peuple palestinien, cet octogénaire maroco-palestino-américain souligne que l’attachement spirituel des Marocains à la cité sainte ne date pas d’aujourd’hui, mais remonte à des siècles au point que le Roi Al Afdal, fils de Salahedine El Ayoubi a décidé en 1193 de leur accorder un don, avant de devenir La Porte des Marocains (Bab Al Maghariba).
Tout en relevant que les Marocains ont sacrifié leur vie pour Al-Qods, Haj Alami souligne que le Maroc et cette terre sacrée ont tissé au fil des ans des liens spirituels et religieux forts grâce à la haute sollicitude dont les Souverains alaouites ont toujours entouré les Palestiniens, en particulier les Maqdessis, ainsi que la présence constante du Royaume aux côtés de ce peuple.
Haj Alami, qui réside à Gaza avec 200 autres familles marocaines, évoque l’existence de plusieurs épisodes historiques et de preuves palpables démontrant cette forte présence marocaine. «Souq Al maghariba», adjacent à la célèbre mosquée Al Omari ou «Dar Al Alami» pour le patrimoine sont une belle illustration de cette présence de Marocains, outre leur implication dans l’action de secours et de bienfaisance dans la Bande à travers la collecte de dons et des services fournis gracieusement aux profits des Palestiniens.
En tant que Palestiniens de Gaza, d’Al-Qods, de la Cisjordanie ou d’autres villes palestiniennes, ils tiennent toujours à garder leurs passeports marocains, à célébrer les fêtes nationales et visiter leur pays d’origine de façon permanente. Ils veillent aussi à ancrer des traditions marocaines dans nombre de villes palestiniennes, liées notamment à l’art culinaire de leur pays d’origine.Pour Obada Zine El Abidine, président du Comité des Waqfs et de la documentation à la Ligue des familles marocaines maqdessies, les Marocains émigraient à Bayt Al Maqdes non seulement pour accomplir les rites du pèlerinage et poursuivre leurs études, mais également pour soutenir les musulmans et défendre cette cité contre les attaques des croisés.
M. Obada, qui est également président de l’Association de préservation du Waqfs et du patrimoine maqdessi, a fait savoir que les Marocains était la communauté musulmane la plus grande à Al-Qods, relevant que leur présence reste tangible et ses effets durables.À cet égard, ce Palestinien d’origine marocaine a cité l’exemple de la zaouïa marocaine d’Abou Mdine el Ghout, un lieu de pèlerinage de milliers de personnes qui viennent visiter sa bibliothèque de Waqf, qui témoigne de ce lien historique entre le Maroc et Bayt Maqdes. Le président de cette association a fait savoir que les Marocains veillaient à la protection de nombre de sanctuaires bénis à Al-Qods, tels ceux des prophètes Samuel et de Moussa, alors que le Marocain Saad Dine Alami avait assuré le poste de Mufti Al-Qods pour plus de 40 ans.
M. Obada rappelle avec amertume la confiscation par l’occupation sioniste en 1967 du fameux quartier El Maghariba qui est resté, pendant de longs siècles, un point de rencontre pour tant de pèlerins venus du Maghreb. À cette occasion, il a lancé un appel aux organisations internationales spécialisées pour intervenir afin de protéger les lieux historiques et barrer la route aux tentatives israéliennes de dénaturer leur identité.