05 Avril 2012 À 16:26
Au Maroc, la situation épidémiologique du VIH/SIDA est mitigée. Tandis que le taux de prévalence du VIH reste faible dans la population générale avec un taux de 0,15%, on assiste à une forte concentration de l’épidémie au sein des populations les plus exposées au risque de l’infection. Ainsi, plus de 5% de la concentration est constatée chez les prostituées et les hommes ayant des rapports sexuels avec leurs semblables à Agadir et 22% chez les usagers de drogues injectables à Nador. Quant au nombre des cas notifiés, il avoisine les 6453, dont 4169 au stade Sida et 2284 porteurs du VIH, et ce, depuis le premier cas constaté en 1986 jusqu’à fin décembre 2011. À lui seul, le milieu urbain abrite 78% des cas et ce sont les régions de Souss-Massa-Drâa, Marrakech-Tensift-al Haouz et le Grand Casablanca qui connaissent la plus forte concentration des cas notifiés à savoir 58%. La tranche d’âge la lus touchée est celle des adultes jeunes (25 à 44 ans) et 2% chez les enfants de moins de 15 ans.
Face à ces chiffres, le Maroc n’hésite pas à réitérer son engagement de lutte contre ce fléau en se ralliant sur la politique adoptée en la matière au niveau mondial. Les plans stratégiques nationaux de lutte contre le Sida en sont l’exemple concret. Ainsi après les deux plans précédents de 2004 -2006 et 2007-2011, le Royaume se dote aujourd’hui, d’un nouveau Plan stratégique national de lutte contre le Sida couvrant les quatre années à venir (2012-2016). Dévoilée par le ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi, mardi dernier, à Rabat, cette stratégie vise trois objectifs essentiels. Il s’agit de réduire de 50% de nouvelles infections par le VIH et de 60% de la mortalité des personnes vivant avec le VIH d’ici 2016 et d’optimiser la gouvernance et la gestion de la riposte nationale. (CF, notre édition de 4 avril 2012). Pour cette période, les initiateurs ont opté pour un slogan très significatif à savoir «Ensemble pour concrétiser l’accès universel à la prévention et aux soins». Concrètement, il s’agit de garantir l’accès aux soins, aux traitements, à la prise en charge et prodiguer l’appui nécessaire aux malades.
Sur ce point, Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA , qui a personnellement pris part à la cérémonie, a indiqué que le Sida pourrait être considéré comme un point d’entrée pour consolider la plateforme industrielle à l’échelle continentale afin de renforcer la recherche médicale et pour prendre en charge les porteurs du VIH. Sur ce volet, le responsable onusien a mis en exergue l’expérience africaine qui a démontré qu’il est possible de mettre les cas atteints du virus sous traitement, et ce, contrairement aux idées avancées, au départ, dans les pays développés.
Autre particularité de ce plan est que sa vision cadre parfaitement avec la déclaration politique adoptée par les Nations unies en juin dernier laquelle ambitionne d’atteindre 0 nouvelle infection VIH, 0 décès et 0 discrimination. Certes, il s’agit d’un objectif noble, mais sa déclinaison est une affaire de longue haleine qui nécessite la mutualisation des efforts de l’ensemble des acteurs aussi bien au niveau mondial que régional, surtout dans un contexte marqué par une crise économique morose.
Pour le contenu, le nouveau Plan stratégique de lutte contre le Sida est basé sur une approche de planification axée sur les résultats. Ainsi, il donnera la priorité aux personnes vivant avec le VIH et les populations les plus exposées aux risques d’infections. Outre l’intégration des services VIH avec les autres programmes liés aux Objectifs du Millénaire, ledit plan préconise le respect des droits humains, du genre et d’équité en matière d’accès aux services. Lors de cette cérémonie, il a été procédé à la signature entre le ministère de la Santé et les responsables onusiens du Pacte d’engagement autour de ce plan stratégique national, des conventions avec les sous bénéficiaires du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme ainsi que le Plan d’appui des Nations unies.