04 Octobre 2012 À 17:18
L’étude nationale réalisée par l’association INSAF en 2010 sur les mères célibataires au Maroc a recensé 27 200 jeunes femmes qui, en 2009, ont accouché d’un bébé en dehors des liens du mariage. 62% d’entre elles sont âgées de moins de 26 ans.Selon l’association, dès leur grossesse, ces femmes sont rejetées en dehors de leurs milieux affectifs et de leurs réseaux sociaux et se sentent dans l’incapacité d’accueillir un enfant dans une société qui le condamnera à la discrimination, à l’exploitation et à la violence.
Cette exclusion, conjuguée à l’analphabétisme et la pauvreté, pousse certaines de ces femmes à envisager le suicide, l’abandon de leur enfant ou parfois même l’infanticide. En plus de cette triste réalité, s’ajoute le fait que, la protection et la prise en charge des enfants nés hors mariage et des mères célibataires, laisse encore à désirer.
C’est dans le but de mettre en lumière la situation de ces femmes, leur vécu, ainsi que les contraintes de leur prise en charge et celles de leurs enfants par les acteurs institutionnels et sociaux concernés, que l’association organise une rencontre sur le thème : «Éliminons les discriminations et violences à l’égard de la mère célibataire et son enfant».
«Cette rencontre a deux objectifs : contribuer à la concrétisation des actions de sensibilisation et de plaidoyer faisant l’objet de réflexion entre les associations travaillant dans la protection et la prise en charge des enfants nés hors mariage et des mères célibataires ; et optimiser l’allocation des moyens mobilisés, en assurant une grande diffusion de l’argumentaire de ces associations entre elles et vers des acteurs sociaux intervenant dans le processus de protection et de prise en charge des enfants nés hors mariage et des mères célibataires», affirme l’association, dont les responsables crient au scandale concernant ce qu’ils appellent les «mafias d’enfants» qui rodent dans les services de maternité, en vue d’«adoptions sauvages», profitant de la fragilité psychologique des jeunes mamans et les harcelant pour les amener à «confier» leurs enfants à des tiers moyennant une compensation financière.
«Ces jeunes femmes présentent des signes flagrants de précarité et elles n’ont ni ressources, ni recours pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants (vêtements, couvertures, couches…). Aussi, les maternités refusent de leur fournir l’avis de naissance des enfants si l’acte du mariage n’est pas présenté ce qui empêche leurs mères de les inscrire dans les registres de l’état civil», souligne l’association.Pour parer à cette situation, INSAF, comme d’autres associations, s’est assigné la mission d’aider les mères célibataires à garder leurs bébés en déployant tous les efforts et moyens pour répondre aux besoins de ces femmes et enfants en situation difficile. «À travers différentes prestations, l’association les accompagne vers l’autonomie et la défense de leurs droits et ceux de leurs enfants, en leur offrant un hébergement, ainsi qu’un soutien médical et psychologique ; un accompagnement administratif et juridique ; tenter de les développer personnel et les initier à un métier ; les appuyer dans la recherche d’un emploi digne et stable et bien sûr les aider au logement, au transport, fourniture de lait, de couches pour bébés, de vêtements, de produits d’hygiène, de denrées alimentaires et autres besoins objectivement nécessaires», explique l’association.
Toutefois, rappelons que le Maroc a connu une grande évolution en termes de protection des droits des femmes et des enfants. «Cependant, autant sur le plan législatif et règlementaire (Code de la famille, Code pénal et Code de procédures pénales), que dans la pratique (hôpitaux, police judiciaire, état civil…), des discriminations flagrantes continuent de persister à l’égard de la mère célibataire et de l’enfant né hors mariage qui ne bénéficient pas d’un statut légal formalisé et accepté», précise INSAF. Et d’ajouter : «De manière générale, la société marocaine, bloquée par des tabous, continue à occulter jusqu’à l’existence de la problématique des mères célibataires et leurs enfants».Par ailleurs, l’association ne compte pas baisser les bras. En effet, elle envisage des investigations sur le terrain, en partenariat avec les acteurs sociaux et institutionnels concernés, pour développer des programmes communs agissant pour la protection des enfants nés hors mariage et leurs mères.