27 Septembre 2012 À 17:25
Les parents d’élèves inscrits au réseau de l’enseignement français n’ont pas eu le temps de savourer leur victoire. En grogne depuis pratiquement trois années à cause de la hausse importante et continue des frais de scolarité de ce qu’on appelle communément les missions, ces derniers ont, en effet, crié victoire en juin dernier lorsque l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger a annoncé la suspension d’un nouveau droit de scolarité imposé à tous les élèves. Mais cette joie affichée par les parents a vite disparu deux mois après lorsqu’ils ont appris les nouvelles augmentations prévues pour cette rentrée.
En effet, sans se concerter avec les associations représentant les parents d’élèves et en toute insouciance de leur capacité à payer ces frais supplémentaires, l’agence vient d’annoncer une nouvelle hausse pour la majorité d’élèves malgré un désaccord exprimé en juillet dernier par l’Union des conseils de parents d’élèves. «L’agence prend des décisions unilatérales sans se référer aux organismes représentant les parents d’élèves et même lorsqu’elle se réunit avec ces derniers, ce n’est pas pour se concerter avec eux, mais pour leur annoncer les nouvelles augmentations.
La nouvelle grille tarifaire proposée en juillet 2012 a été adoptée après deux réunions d’échanges seulement sans tenir compte des remarques des fédérations de parents d’élèves. Ainsi, les nouvelles hausses programmées varient de 13,10% à 9,3% pour la majorité des élèves français et marocains» annonce Abdelouahab Boukouraych, président de l’Union des conseils des parents d’élèves des écoles françaises au Maroc. D’après ce responsable, l’agence n’a pas abandonné les droits annuels d’inscription, mais elle les a plutôt intégrés dans les frais de scolarité. «Nous avons essayé de comprendre ce qui pousse l’AEFE à engager ce type de politique tarifaire insupportable pour beaucoup de familles vu que leurs revenus n’évoluent pas au rythme de 10% d’augmentation par an, mais la directrice tient toujours le même discours. D’après ses dires, il s’agirait de fonds récoltés pour la rénovation ou la construction de nouveaux établissements. Nous ne sommes pas contre l’action de rénovation, mais nous sommes contre le fait que ces investissements soient effectués sur le dos des parents», fait remarquer Saaïd Amzazi, président de l’UCPE de Rabat. Selon cette association, l’AEFE justifie les hausses de droits d’écolage par la nécessité de mettre en œuvre des projets immobiliers (extensions, rénovations, sécurisation) et d’assurer la finalisation des opérations immobilières en cours ou déjà programmées. Une initiative qui n’a jamais été contestée par les parents d’élèves.
«Les mesures de rénovation et de remise aux normes proposées actuellement ont reçu l’approbation unanime des parents, mais c’est le financement de ces investissements par le biais des hausses de frais de scolarité qui est décrié», souligne M. Amzazi. D’après cette association, l’agence pour l’enseignement français à l’étranger dispose déjà de tous les fonds nécessaires à cet investissement (220 millions d’euros sur les fonds de réserve de l’AEFE, dont 20 millions d’euros générés par les établissements d’enseignement français au Maroc). Aussi, il faut savoir que les recettes engendrées par les frais de scolarité ont dégagé, en 2011, un bénéfice de 4,6 millions d’euros, soit plus que ce qu’ont généré quatorze autres pays cumulés. «Les bénéfices récoltés par l’agence au niveau du Maroc représentent le double du bénéfice réalisé par les établissements situés en Espagne qui représente le deuxième pays au monde en terme de nombre d’écoles françaises qui sont de l’ordre de 2,6 millions d’euros», explique M. Boukouraych. En attendant donc une réaction du ministère de tutelle en France, l’Union des conseils de parents d’élèves promet de ne pas baisser les bras et de continuer son combat jusqu’à la publication d’une grille bien claire des frais de scolarité qui permettra aux parents d’avoir une visibilité des augmentations prévues pour les prochaines années.