Naissance de SAR Lalla Khadija

Enjeux de taille pour l’agglomération

● La quatrième rencontre du forum de la capitale a été placée autour du thème de «la mobilité urbaine au sein de l’agglomération».
● Cette rencontre a connu la participation de plusieurs spécialistes de ce dossier.

Le tramway de Rabat a été financé à égalité par l’État et par les prêts contractés auprès d’organismes internationaux.

05 Mars 2012 À 15:46

Les gens se déplacent de plus en plus aujourd’hui (travail, école, loisirs, etc.). Les villes sont en perpétuel mouvement. Ce qui fait remonter à la surface la question de la mobilité urbaine ainsi que sa gestion, surtout en ce qui concerne son aspect technique. Et plus particulièrement, l’organisation du transport. C’est dans ce sens que les organisateurs du forum de la capitale ont choisi le thème de «La mobilité urbaine au sein de l’agglomération de Rabat : réalités et perspectives» pour la quatrième rencontre organisée jeudi dernier sous la houlette de la municipalité de Rabat.

La mobilité urbaine a toujours été au centre des intérêts des élus. Elle reste un enjeu de taille dans les politiques publiques. Car sa dimension, sous ses divers aspects (économique, institutionnel et social), soulève essentiellement le droit à la mobilité. Ce dernier est «un droit pour tous les citoyens», a précisé à cette occasion Fathallah Oualalou, maire de la ville de Rabat. L’ex-argentier s’est longuement attardé sur l’importance de la ville et le droit à la mobilité. Pour lui, «il faut soutenir ce droit et le respecter. Car il garantit la liberté des personnes». Pour cela, il est primordial de réglementer la mobilité des personnes et de la faciliter».

En ce qui concerne Rabat, la question de la mobilité revêt une importance capitale en raison de la concentration de la totalité des administrations. De ce fait, elle connaît des afflux de citoyens en provenance de toutes les villes. Rabat constitue également le centre de l’agglomération entre Salé et Témara, deux villes qui connaissent une expansion démographique remarquable. Vu cet emplacement, 60% de la population de chacune de ces deux villes passent leur journée à Rabat : chiffre avancé par le maire de la ville.

Pour faciliter davantage la mobilité des citoyens et désengorger les artères de l’agglomération, Rabat a développé aussi bien ses infrastructures publiques que son offre afférente aux transports collectifs. Le méga projet de tramway en est un exemple concret. D’ailleurs, il a été qualifié par les organisateurs du forum d’illustration d’un volontarisme qui a changé la donne en la matière. À cela s’ajoutent la construction du tunnel des Oudayas et celle du pont Hassan II.

D’autres projets sont programmés, notamment de nouveaux ponts reliant les quartiers de Rabat. En dépit de toutes ces réalisations, des disparités sociales et urbaines persistent toujours. La faible structuration du réseau, dans lequel cohabitent ces différents modes de transport collectif, entrave la mobilité de certaines couches sociales. Sans oublier l’expansion du transport clandestin.Réussir une complémentarité entre les divers moyens du transport collectif est désormais l’un des défis de Rabat. Pour Fathallah Oualalou, «la complémentarité des moyens du transport collectif, tramway et bus, sur les plans des tarifs et des horaires reste incontournable. Les citoyens opteraient facilement pour le transport en commun, laissant de côté leurs voitures. Ce qui contribuerait à la réduction des subventions de la compensation».

Même son de cloche auprès de Loubna Boutaleb, DG de la société du Tramway de Rabat-Salé. Pour elle, «le tramway reste un moyen très pratique pour absorber les flux des citoyens. C’est un axe structurant pour diminuer le seuil de la mobilité». Afin d’y parvenir, la viabilité financière s’impose pour réussir un tel challenge. Les expériences précédentes (régie, gestion déléguée) ont nettement montré l’importance d’un financement viable pour le secteur du transport urbain.

Brahim Joumani, vice-président de la ville, chargé du transport et de la mobilité urbaine, a affirmé que «le secteur du transport urbain à Rabat a souffert du déficit financier. C’était le résultat d’un bon nombre d’erreurs commises pendant des années». Selon l’universitaire Mekki Zaoui, «aucune agglomération ne pourrait avoir un transport urbain adéquat sans avoir un nouveau mode de financement et de gouvernance». Il s’agit notamment de la contribution de plusieurs partenaires dans la gestion du transport collectif. D’après lui, «L’État, les collectivités locales et même les administrations sont appelés à pendre part à cette gestion». Fathallah Oualalou partage cet avis. «L’État devrait accompagner le secteur du transport urbain, voire mieux le soutenir, car il a finalement tout à y gagner», a déclaré M. Oualalou. Idem pour M. Joumani pour qui «l’aide de l’État s’impose. L’impôt sur les sociétés pourrait servir à financer ce secteur».

Sur ce même chapitre, Loubna Boutaleb a mis en exergue le mode de financement du tramway. En effet, ce projet a été financé à égalité par l’État et les prêts contractés auprès d’organismes internationaux. Une démarche bénéfique pour les deux parties. Presque un an après son lancement, l’équilibre financier n’est pas encore atteint à cause de la période de transition, mais les chiffres sont optimistes. 70.000 personnes choisissent le tramway pour se déplacer quotidiennement. 


Nécessité d’une autorité de régulation

Pour une mobilité urbaine efficace, la mise en place d’une autorité de la régulation et de l’organisation du transport s’avère nécessaire. À la différence de Casablanca, la capitale du Royaume ne dispose d’aucun organe chargé de réguler ce service public. Lors de cette rencontre, les intervenants étaient unanimes pour appeler à la création d’une telle autorité. L’objectif est de mettre fin à l’anarchie qui sévit dans ce secteur et d’assurer la pérennité du mode de gouvernance du transport interurbain. Aujourd’hui, la ville de Rabat dispose d’une société de développement communal «Al Assima», créée tout récemment. Cette société a pour objectif d’améliorer les mécanismes de gestion des services de bus, dans un cadre intercommunal.

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