02 Mars 2012 À 16:35
Que peut bien faire une ministre lorsqu’elle ne fait plus partie du gouvernement ? Pour Nouzha Skalli, qui dit regretter que l’actuel Exécutif ne compte dans ses rangs qu’une seule femme, la réponse est simple : elle continue ce qui fait son crédo, l’émancipation de la femme marocaine. «Je suis invitée à une soirée, mardi 6 mars ,à Paris sur le thème : « Ce que veulent les femmes». Cet événement est organisée par plusieurs ONG dont «Paroles de femmes», «Marianne de la diversité» présidée par Fadila Mehal, ainsi qu’ un collectif de 60 associations féminines», explique Nouzha Skalli qui profitera de cette tribune de femmes organisée à l’occasion du 8 mars, Journée internationale de la femme, pour parler de la résistance des femmes et de leur lutte politique pour faire reconnaître leurs droits à l’égalité.
«Ce sera pour moi une occasion de parler des progrès réalisés dans notre pays enmatière de droits des femmes grâce aux luttes du mouvement féminin et au leadership de Sa majesté le Roi Mohammed VI, mais aussi de parler des défis actuels, surtout après la régression lors de la formation de l’actuel gouvernement et de la vigilance qui est de mise pour préserver les acquis et les élargir, notamment à travers la mise en œuvre de la nouvelle Constitution», continue la militante du Parti du progrès et du socialisme (PPS). C’est depuis octobre 2007 jusqu’à décembre 2011, qu’elle occupa le poste de ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité. Son mandat a été marqué par une représentation accrue des femmes aux postes de décision et surtout l’adoption de l’Agenda gouvernemental de l’égalité, un plan d’action de l’ensemble des secteurs gouvernementaux pour éliminer les discriminations de genre et promouvoir l’égalité. Militante convaincue des droits humains, Nouzha Skalli s’est manifestée pour l’abolition de la peine de mort. Et même si l’adoption de la loi contre le travail des petites filles s’est faite attendre, nul ne peut nier l’énergie qu’elle y a mise.
Elle se bat également pour les droits des personnes handicapées. Enfin, elle a été la première personnalité dans un gouvernement marocain à proposer la légalisation de l’avortement au Maroc dans certains cas. Un combat qu’elle compte mener même si elle ne fait plus partie du gouvernement : «Il est évident que la fonction ministérielle est extrêmement prenante et j’ai engagé toute mon énergie au service de ma mission. Aujourd’hui, œuvrer en tant que parlementaire nécessite une adaptation car l’action des députés souffre d’un handicap important à cause du manque de moyens et surtout du manque de ressources humaines sachant qu’un ou une député(e) n’a même pas droit à un bureau ou un(e) assistant parlementaire».
C’est ainsi que Nouzha Skalli a ouvert un bureau à Casablanca pour continuer un travail entamé et qu’elle compte bien terminer. «J’y organise des rencontres pour impulser des actions sociales de terrain ou encore des rencontres entre des acteurs sociaux et des personnalités à l’instar de la rencontre du 29 février entre des professionnels et acteurs œuvrant dans le domaine de la Protection de l’enfant et Latifa Benari, franco-marocaine, présidente de l’association «l’Ange bleu» et spécialiste de la Prévention des agressions sexuelles contre les enfants». Dans une société où la femme marocaine lutte pour sauvegarder ses droits fondamentaux, le combat de la militante est clair : «mon combat a toujours été celui de la liberté et de la démocratie, celui de l’égalité et de la parité.
Je continuerais toujours à me battre pour le projet de société moderne et démocratique, pour l’égalité des chances pour que toutes les marocaines et marocains puissent vivre dans la dignité. Nous avons besoin que le mouvement féminin parle d’une seule voie pour la mise en place de l’autorité de la parité, pour dénoncer la violence à l’égard des femmes, pour promouvoir une véritable politique fondée sur l’approche genre à travers l’agenda gouvernemental de l’égalité». Parole d’une femme féministe et féminine, pharmacienne de formation qui a su trouver le remède à l’inaction et la non implication et la réponse à la question: Ce que veulent les femmes ?
«1/31! où est la parité? où est l’article 19 de la Constitution?» Avant le vote d’investiture, le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, dans sa réponse aux parlementaires a reconnu sa responsabilité et a présenté ses excuses aux femmes marocaines et s’est engagé à se rattraper ! La composition du nouveau gouvernement a choqué l’ensemble des observateurs nationaux et internationaux. Il s’agit d’un échec non seulement pour les femmes, mais pour toute la classe politique et plus particulièrement pour les chefs de partis de la majorité ! La vigilance doit être de mise pour assurer la parité dans l’accès à l’ensemble des fonctions de responsabilité, aux fonctions d’autorité, à la tête des établissements publics, dans les hauts postes de la diplomatie, au sein des ministères etc… Cela va de pair avec la transparence des critères de choix ! Car quand les conditions de l’égalité des chances sont réunies les femmes n’ont aucun mal à trouver leur place.»