04 Mai 2012 À 15:29
Des petites ruelles et des placettes, d’élégantes arcades en pierre, des échoppes traditionnelles… nous sommes au quartier des Habous. Un lieu mythique de Casablanca qui a sauvegardé des atouts auxquels promeneurs et touristes ne résistent pas. Les formes authentiquement marocaines de ce quartier rappellent tout le charme des médinas anciennes avec tous les grands éléments urbains propres au rite et à la vie musulmane. Pourtant, cet espace qui allie tradition architecturale marocaine et normes d’urbanisme et de confort moderne a été conçu et imaginé par des Français.Une médina conçue par des FrançaisIl est né d’une idée de Samuel Biarnay, directeur de l’Administration des Habous en 1916 et d’un plan d’urbanisme établi par Henri Prost, directeur du service spécial d’architecture et des plans des villes, dès 1915. Selon l’association Casamémoire, les terrains destinés à la construction du quartier des Habous ont été donnés au Sultan par un riche commerçant israélite, Haïm Bendahan. Le sultan Moulay Youssef partage alors le terrain en 4 lots : le premier est destiné à l’édification d’un palais, le deuxième à la construction d’une petite cité pour les employés du palais (derb Sidna), le troisième est réservé à l’édification d’une cité (derb El-Hâjib Thami) pour les fonctionnaires. Cette dernière allait être détruite au début des années 1980 et l’espace accueille aujourd’hui les jardins du Palais Royal. Quant au quatrième lot, il est attribué aux Habous. En 1916, Prost charge l’architecte Laprade d’élaborer le premier plan du quartier des Habous. Obligé de suivre Lyautey en 1917 à Rabat, c’est aux architectes A. Cadet et E. Brion que revient la tâche de concevoir un véritable plan et de le développer tout au long de l’extension du quartier sur une période de plus de 30 ans. L’édification de cette «ville nouvelle indigène» a pour fonction, à l’origine, de loger la population rurale des bidonvilles qui se multiplient aux abords de la cité. Elle sera finalement prise d’assaut par des familles plus aisées, surtout les commerçants fassis, séduits par l’architecture des lieux.Une architecture «métissée»Avec sa structure labyrinthique, ses petites places, ses maisons tournées vers l’intérieur, ses arcades de pierre et ses marchés traditionnels, cette ville nouvelle, pensée comme telle, est réellement un lieu où la vie s’organise de manière très authentique. Elle abrite mosquées, bains maures, boutiques isolées ou regroupées en «kissariat», «fondouk», etc. Ses arcades bordent une large avenue et abritent une série de librairies spécialisées. Le tribunal et ses coupoles vertes, ainsi que la mosquée Sidi Ben Youssef, contribuent au raffinement esthétique du quartier. Le quartier des Habous s’organise aussi selon un schéma d’inspiration provençale autour de placettes conviviales et de rues piétonnes aérées. Dans les dédales de ses ruelles commerçantes, associant les grandes lignes de l’architecture musulmane et les règles de l’urbanisme moderne, les visiteurs flânent sous les senteurs et couleurs d’un Maroc pittoresque.
Découverte du soukDans le petit souk du cuivre, on peut admirer le travail des dinandiers travaillant les théières, les chandeliers ou les plateaux ronds. Des mains d’artistes gravent sous les yeux des curieux et révèlent le talent du «maâlem» marocain dans le travail du métal. Des spécialistes de la tapisserie procèdent également, une fois par semaine, à une vente à la criée de tapis marocains provenant de différentes régions du pays. L’endroit regorge aussi de bazars qui vendent des habits traditionnels. Qu’il s’agisse de l’habit berbère, sahraoui ou fassi, le quartier des Habous dévoile tout un éventail de produits purement marocains.Grâce à ses cafés typiques et l’odeur du thé qui s’en dégage, l’endroit acquiert un aspect qui engage à la convivialité et au partage. Malgré ses allures de ville moderne avec un rythme de vie stressant, Casablanca cache encore des facettes séduisantes qui invitent à la découverte et à la flânerie. Samedi prochain, on dévoilera un autre lieu, une autre histoire…