15 Février 2012 À 14:15
Le sujet est lourd dans le monde arabe : les médias ont le pouvoir et les pouvoirs peuvent déjouer les médias. C’est ce constat qui sera l’objet de la rencontre prévue au siège de l’Institut supérieur de l’information et de la communication de Rabat. Les différents intervenants essayeront de débattre de cette relation qui, dans le monde arabe, a longtemps été marquée par le monopole du pouvoir sur les médias, notamment audiovisuels.
« Les médias arabes servaient à se déjouer de l’opinion publique et à la créer en faveur du pouvoir en place », explique un doctorant marocain en communication et médias, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, mais qui a requis l’anonymat. « La pression médiatique est présente dans le monde entier, mais dans le monde arabe, elle a longtemps été flagrante avec des présidents au pouvoir pendant des années », explique la même source.
Ainsi, la période transitoire que connait le monde arabe avec « le printemps arabe » est marquée par un mouvement social qui nécessite un accompagnement de la part des médias. « Le pouvoir peut influencer les médias, mais les médias ont également un grand pouvoir pour détourner des situations, le printemps arabe en est le parfait exemple », explique le doctorant.L’histoire des médias au Maroc a été longtemps caractérisée par le monopole de l’Etat sur les médias audiovisuels et une presse écrite plurielle et diversifiée.
Au cours de la dernière décennie, les médias ont connu une avancée très importante. Ils ont vu naître des supports indépendants et de véritables entreprises de presse ainsi que la libéralisation et la démonopolisation du secteur de l’audiovisuel. Sur le plan institutionnel, la Constitution 2011 a instauré les fondements d’un secteur médiatique basé sur la garantie des libertés de la presse et la liberté d’expression, ainsi que les publications d’informations des idées et opinions.
Elle a également établi un mode de fonctionnement et d’organisation de manière indépendante. Les pouvoirs publics ont, par ailleurs, organisé les médias publics dans un cadre juridique qui assure le respect de la diversité culturelle et le pluralisme politique de la société marocaine. Cette mission de vieille a été confiée à la HACA (article 28, 165 et 171) qui garantit le droit de bénéficier de manière équitable du temps d’accès aux médias publics lors des élections.La HACA assure également à l’opposition parlementaire ce droit en fonction de sa représentativité au Parlement.
Mais la question qui se pose est la suivante : peut-on réellement considérer ces dispositions et ces avancées comme un début d’une nouvelle ère médiatique ?Une question à laquelle les futures lauréates de l’école et les intéressés tenteront de répondre. Un débat ouvert sur le futur des médias et du nouveau cadre constitutionnel de ces derniers, sur les perspectives d’avenir avec des intervenants qualifiés et de renom.
Samuel Aranda lauréat du PrixLe photographe espagnol Samuel Aranda a remporté le concours World Press Photo 2011, vendredi dernier, avec une photo montrant une femme voilée étreignant un proche blessé après une manifestation au Yémen. Le jury a déclaré que le cliché de M. Aranda, réalisé pour le New York Times, englobait plusieurs facettes de la vague de soulèvements populaires qui a frappé le Moyen-Orient l’an dernier et que les médias ont surnommée le « printemps arabe ». La photographie a été prise le 15 octobre dans une mosquée de Sanaa, au Yémen, qui a été utilisée comme hôpital de fortune. Le président du jury, Aidan Sullivan, a expliqué que la photo gagnante représentait un moment poignant et illustrait les conséquences humaines d’un événement majeur qui n’était toujours pas terminé.« Nous ne saurons probablement jamais qui est cette femme qui berce l’un des siens. Mais ensemble, ils sont devenus le symbole du courage des gens ordinaires qui aident à écrire un important chapitre de l’histoire du Moyen-Orient », a déclaré Aidan Sullivan, président du jury.Conçu comme un hommage aux femmes des révolutions arabes, le choix de récompenser cette image consacre plus largement la capacité des photographes à aller chercher, dans les détails, la vérité du terrain.