Une émission qui écoute

«La jeunesse marocaine est mal dans sa peau», confirme docteur Samad, l'un des animateurs de l'émission, mais qui est surtout docteur en médecine, sexologue et coach en bien-être. Le constat qui n'est pas nouveau et l'émission essaie d'y remédier en donnant la parole à ceux qui ne trouvent pas d'écoute auprès des proches ou de leur entourage. Une initiative d'une radio dédiée aux jeunes et qui voulait s'offrir une orientation éducative à travers un autre concept que le programme musical ou humoristique. «L'idée de l'émission existait depuis longtemps avec «Libre antenne» et nous avions vraiment voulu avoir une émission à la fois ludique, interactive et éducative», explique Faty Badi, animatrice de l'émission aux côtés du docteur Samad. «On sentait que le besoin était là et que l'auditeur avait besoin de s'exprimer, lui donner l'occasion de parler de ses tracas du quotidien, un dimanche soir, à tête reposée nous semblait la meilleure des solutions», continue l'animatrice.

Une solution, en effet, au mal-être que pourrait éprouver une certaine tranche de la jeunesse marocaine. Une jeunesse qui se réfugie dans les réseaux sociaux, Internet ou même dans les drogues, au lieu d'instaurer le débat et de parler ouvertement. C'est dans cette optique que l'émission écoute le jeune Marocain et tente de lui apporter le soutien et les conseils dont il a besoin. «Nous ne sommes pas là pour réprimander, mais pour donner des conseils et écouter», explique Faty Badi. «Les jeunes ne peuvent pas poser des questions intimes à l'école ou à leurs parents, nous leur offrons la possibilité de le faire avec nous, auprès d'un spécialiste pour éviter les mauvais choix».

Ainsi, l'émission qui se prépare en amont pour bien choisir les thèmes à traiter se fait en concertation avec l'auditeur et toujours dans le souci de répondre au mieux à ses besoins et à ses questionnements. «Il y a deux types de questions qui reviennent le plus : des questions d'ordre relationnel et des questions concernant la santé reproductive», explique le docteur Samad. En effet, la jeunesse marocaine parle des soucis intergénérationnels, des parents qui, entre la tradition et la modernité, ne savent plus où donner de la tête, des questions basiques d'éducation sexuelle qui restent taboues, même à l'école. «Le jeune Marocain n'a pas de place où réellement s'exprimer et donner libre cours à sa créativité, nous n'avons pas de parcs de jeux, ni de centres de bien-être ou de développement, comment un jeune Marocain qui ne peut même pas jouer au ballon tranquillement peut-il aspirer à une adolescence sans frustrations ?» explique le docteur Samad, à l'écoute tous les dimanche.

«Parfois des parents appellent pour parler du problème de leur enfant et de leur incapacité à intervenir, bien des fois, nous avons essayé de mettre en relation le parent et l'enfant afin qu'ils instaurent un réel dialogue», explique Faty Badi. Une plateforme sociale et éducative dans l'air du temps et qui colle à la réalité du pays. Un pays où la jeunesse ne s'exprime pas réellement, privilégiant le bavardage et les non-dits à une communication saine, une jeunesse qui vit entre des traditions lourdes à porter et une modernité difficile à assumer.

«On t'écoute» apporte donc une solution concrète à un phénomène de société, puisque l'émission ne se contente pas d'écouter, mais elle offre la possibilité d'un suivi à travers des mails ou des appels au standard. «Nous invitons les auditeurs à nous rappeler une fois le conseil que le spécialiste a donné est appliqué», explique l'animatrice impliquée toute la semaine dans son émission qui passe pendant deux heures. «Chaque dimanche, nous ressentons l'attente de nos auditeurs pour ce type d'émission. L'écoute active et les solutions que nous leur soumettons permettent à des milliers de jeunes de s'identifier à la personne qui appelle». Une oreille tendue aux jeunes, une émission écoutée partout au Maroc, mais qui a une drôle de particularité surtout : elle écoute tout simplement.

Les partenariats et les projets à venir

L'émission s'améliore et se nourrit des attentes de la jeunesse. Très vite, le rendez-vous va s'enrichir d'invités qui viendront parler de leurs actions. L'UNESCO viendra par exemple parler d'une campagne de sensibilisation sur les violences faites aux femmes. L'émission mettra alors en relation les auditeurs et des représentants d'ONG travaillant sur ce thème. Des thématiques concernant l'emploi sont également prévues pour aider les jeunes à mieux appréhender le marché du travail. L'émission a accueilli des intervenants telle la directrice de l'Association de lutte contre le SIDA ou encore la responsable du nouveau portal «Bilaharaj» afin de briser la glace sur les tabous et de permettre aux jeunes de parler à des gens qu'ils n'ont pas la chance de côtoyer tous les jours.