Spécial Marche verte

Les médecins dentistes protestent

Les lauréats des universités de l'Europe de l'Est appellent à l'octroi d'une équivalence de leurs diplômes sans avoir à passer un stage de validation des acquis.
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Les diplômés avaient déposé leurs demandes d'équivalence du diplôme au ministère de tutelle.

05 Janvier 2012 À 17:09

Le débat sur la question de l'équivalence et la reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger est de nouveau remis sur le tapis. Il faut dire que plusieurs événements d'actualité ont alimenté ce débat. En effet, pas plus tard que la semaine dernière, un groupe de médecins dentistes diplômés des universités de l'Europe de l'Est (promotion 2010) a investi le siège du ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique. Ces derniers protestaient contre la décision de ce département d'exiger de ces lauréats un stage pour l'obtention de l'équivalence du diplôme de docteur en médecine dentaire.

Les membres de ce groupe, qui avaient déjà entamé cette formation d'une durée de six mois à la Faculté de médecine dentaire, ont décidé de ne pas achever le stage et menacent de rester au siège du ministère jusqu'à l'obtention de l'attestation d'équivalence, et ce, sans validation de cette période de stage par le doyen de la Faculté de médecine de Rabat et des superviseurs.
Les grévistes campent sur leur position malgré les initiatives du département de l'enseignement supérieur pour débloquer la situation. «Nous avons reçu au cours de cette semaine des représentants de ces lauréats et de leurs parents. Nous leur avons expliqué la procédure très stricte d'obtention de l'équivalence, mais en vain. Si les parents se sont montrés compréhensifs et ont consenti à la nécessité et l'importance de cette procédure, les jeunes eux font la sourde oreille», souligne Abdelhafid Debagh, secrétaire général de l'enseignement supérieur.

D'après ce responsable, ces jeunes ne font pas l'exception, car la même procédure est adoptée pour l'évaluation de tous les diplômes obtenus à l'étranger quel que soit le pays qui les a octroyés. Les jeunes porteurs de diplômes sanctionnant des études spécialisées comme la médecine sont appelés à effectuer obligatoirement un stage de validation des acquis dont la durée dépend de la nature du diplôme obtenu ; après quoi, une commission spécialisée (selon chaque domaine d'étude) se réunit pour valider le stage et approuver l'équivalence.

«On ne pourra pas passer outre cette procédure, car ces lauréats sont des futurs médecins qui vont exercer dans nos hôpitaux publics et seront appelés à sauver des vie. Il faudra donc évaluer leur compétence et leurs acquis pédagogique ; ce qui est tout a fait normal», ajoute ce responsable. Mais si ces jeunes ont choisi de manifester pour obtenir leur certificat d'équivalence, d'autres, ayant obtenu les mêmes diplômes, ont préféré suivre la procédure proposée par le ministère. «Rien ne justifie le fait que ces diplômés protestent alors que leurs collègues ayant obtenu les mêmes diplômes de l'Europe de l'Est suivent toujours leur stage à la Faculté de médecine dentaire à Casablanca. Ces jeunes veulent un traitement de faveur ; ce que nous ne pouvons bien entendu pas permettre», indique M. Debbagh sur un ton sérieux.
Rappelons que ces diplômés avaient déposé leurs demandes d'équivalence du diplôme au ministère, qui ont été examinées par la commission sectorielle des sciences de la santé.
Cette dernière a proposé l'équivalence de leur diplômes à condition de passer une période de stage, conformément aux dispositions réglementaires en vigueur.

Une sensibilisation en amont

L'un des problèmes majeurs de l'enseignement au Maroc est la question de l'équivalence et de la reconnaissance des diplômes.
La question est complexe, car il faudra suivre une procédure très réglementée pour décrocher une équivalence ; ce qui ne semble pas être très apprécié par les diplômés contraints de passer plusieurs mois de stage en plus des années de formation. Durant ces trois dernières années, des docteurs issus des universités françaises ont entamé une grève de la faim et des pharmaciens venant des pays de l'Europe de l'Est ont haussé le ton. Actuellement, les jeunes médecins dentaires menacent de prolonger leur grève et leur sit-in jusqu'à ce que leur dossier soit traité. Il faut donc mettre en place un système d'orientation adéquat en amont de l'obtention du diplôme pour sensibiliser ces jeunes à la procédure de l'équivalence avant qu'ils ne choisissent d'étudier ailleurs. Les jeunes, qui veulent poursuivre leurs études dans tel ou tel pays, devront avoir une visibilité totale de ce que sera leur avenir une fois qu'ils décident de regagner le Maroc.
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