L'humain au centre de l'action future

Objectif, améliorer la situation des professionnels du secteur

● L’Association des créateurs et des professionnels de l’audiovisuel (ACPAV) a organisé, dernièrement, sa première rencontre avec les femmes et les hommes du secteur.
● Ce meeting entre dans le cadre de la préparation de la Journée d’étude qui aura lieu le 8 novembre prochain.

L’ACPAV estime contribuer à la création d’un espace de dialogue ouvert entre professionnels du secteur.

15 Octobre 2012 À 17:29

Etaient présents des artistes et créateurs du secteur, notamment ceux exerçant dans le théâtre, le cinéma, la réalisation, le montage, la musique, l’écriture, la poésie, le chant et les métiers techniques. Une opportunité pour ces derniers d’en savoir plus sur les objectifs et les aspirations de l’ACPAV et de l’informer, preuves à l’appui, des problèmes et des obstacles qu’ils rencontrent quotidiennement dans leur métier. «Après avoir communiqué en premier lieu avec les médias, nous sommes aujourd’hui là pour vous écouter et en savoir plus sur ce que vous endurez chaque jour dans l’exercice de votre noble métier. C’est une rencontre que nous avons tenu à réaliser en prélude à la journée d’étude du 8 novembre, où seront invités tous les représentants des départements concernés afin de discuter et de débattre de toutes les incohérences du secteur», souligne le président de l’ACPAV, Abdelmalik Hounain.

Dans la même optique, le secrétaire général, Mustapha Labied, n’a pas manqué de préciser que l’ACPAV prévoit, au cours de cette journée d’étude, plusieurs ateliers avec les professionnels de chaque discipline artistique. Celui-ci a été plus clair quant au rôle des médias et leur responsabilité dans ce domaine. «Les médias représentent le point culminant dans toute démocratie». Ce qui a été aussi confirmé par le responsable de la communication, Abderrahim Lahbib, en appuyant sur la liaison étroite entre arts et médias. L’ACPAV estime, donc, contribuer à la création d’un espace de dialogue ouvert entre professionnels du secteur, dont les médias, et responsables pour trouver les solutions adéquates à tous les problèmes. «Il faut qu’il y ait un terrain d’entente entre tous les organismes concernés et les professionnels de l’audiovisuel. C’est, en effet, le but de cette journée d’étude afin d’évaluer concrètement la situation et crever l’abcès en évoquant, en toute transparence, les problèmes et difficultés, devant les responsables», affirme Abdou El Mesnaoui Nassib.

Plusieurs interventions se sont succédé, à travers lesquelles des professionnels de diverses disciplines ont fait part de leurs souffrances quotidiennes qui dénotent de l’anarchie totale qui sévit dans le secteur. «Notre association invite tous les créateurs et professionnels à se joindre à nous pour constituer une force contre toutes ces mafias qui sucent le sang des artistes et techniciens». Des témoignages aussi poignants ont mis à nu les sévices que subissent certains artistes dans l’exercice de leur profession. Celui de Hicham El Ouali fut le plus émouvant et a montré l’absence totale d’un minimum de respect envers l’artiste. Ce dernier n’étant protégé par aucun organisme, même la télévision. Il a raconté devant une assistance ébahie sa mauvaise expérience avec la série «Al Majdoub» où les acteurs n’ont, jusqu’à maintenant, jamais reçu leurs cachets, à quelques exceptions près.

Un cri d’amertume à travers lequel  Hicham El Ouali a exposé, très clairement, les conditions dans lesquelles ils ont tourné cette série déjà diffusée sur la chaîne 2M. «Nous avons contacté à plusieurs reprises les plus hauts responsables de la chaîne 2M, productrice de la série. Mais, aucune réponse ne nous a été fournie ni même une simple écoute de nos doléances. Comment voulez-vous qu’un artiste puisse créer et donner alors qu’il vit des moments difficiles et constates qu’il n’est même pas considéré ni respecté», poursuit Hicham avec tristesse.Beaucoup d’autres interventions ont mis le point sur la nécessité et l’urgence d’un redressement de la situation en recourant à la loi pour défendre la dignité et les droits des créateurs et professionnels, puis en rehaussant la qualité du produit. «La majorité de nos programmes ne valent rien, pour la simple raison qu’il y a beaucoup de contraintes qui entravent la bonne marche de nos chaînes TV. Moi, quand j’ai travaillé dans d’autres télévisions (Orbite et Abou Dhabi), j’ai toujours eu honte de montrer nos chaînes de TV à cause des produits médiocres qu’elles présentent.

Il est temps de lutter contre tous les dérapages qui existent au sein de ces organismes», souligne le réalisateur Said Azar. 


questions à  : Mohamed El Ghaoui, chanteur

«L’avenir de l’univers artistique est flou»

Que pensez-vous de l’ACPAV ?Beaucoup d’artistes de ma génération et mois-même avons assisté à la création d’associations et syndicats dans lesquels nous avons cru fortement. Avec les années, nous n’avons vu aucun changement. Nous avons été déçus à plusieurs reprises. Actuellement, nous avons perdu toute confiance. On n’a plus cet enthousiasme comme au départ, parce qu’on n’a encore rien vu de concret. Que des paroles et des promesses. Avec cette nouvelle association, nous souhaitons que ça soit autrement et qu’il y ait une lueur d’espoir. Donc, attendons la suite.Et pourquoi êtes-vous là aujourd’hui ?Nous sommes ici pour voir et écouter seulement, car cela fait douze ans que nous parlons sans résultat. L’artiste au Maroc a pris l’habitude de travailler seul sans l’aide de personne. Il s’est toujours débrouillé et fourni des efforts lui-même pour arriver. Depuis que je suis dans ce domaine, j’ai toujours fait les choses moi-même. Dans notre cas par exemple, on n’a pas des organisateurs de spectacles, de grandes maisons de production et de distribution. Nous faisons tout nous-mêmes : depuis l’enregistrement des chansons jusqu’à la recherche des lieux où nous produire. Actuellement, c’est pire encore.Comment voyez-vous le futur de l’univers artistique au Maroc ?Flou. Nous n’avons aucune vision claire de ce qui va se passer demain. Nous n’avons plus confiance en les responsables qui promettent des choses qu’ils ne réalisent pas. Nous avons été menés en bateau à plusieurs reprises.

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