26 Septembre 2012 À 17:38
Le département de la Santé, dirigé par El Hossein El Ouardi a préparé un projet de décret visant à recourir aux médecins du secteur privé afin de combler le vide en ressources humaines constaté dans certains établissements hospitaliers. Les premiers concernés par cette mesure, les médecins du privé, n’ont pas réagi de la même manière en apprenant cette nouvelle. Une partie a salué l’initiative alors que l’autre composante a contesté la rétribution proposée et suggère d’emprunter une autre voie pour résoudre le problème.
Quoi qu’il en soit, le ministère de la Santé reconnaît le manque qui existe dans le secteur public de la santé, manque évalué à sept mille médecins. Cette carence se répercute sur le plan général faisant que chaque dix mille Marocains n’ont que 6 médecins pour s’occuper d’eux. Aussi, l’entrée en vigueur du Régime d’assistance médicale (RAMED) a montré, sur le terrain, qu’il y une grande demande, mais un manque de ressources humaines, notamment s’agissant des médecins généralistes et spécialistes… dans les zones les plus reculées. Pour faire face à cette situation embarrassante, le ministère de la Santé a proposé le recours au service des médecins du secteur libéral. En fait, il n’a rien inventé à ce niveau, puisque, sur le plan juridique, c’est une voie qui existait déjà. Sauf que les incitations pécuniaires restent dérisoires. En effet, depuis 1972, un texte réglementaire (décret n° 2-71-641) permettait au ministre de la Santé publique «en cas de nécessité de service de recruter des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes pour servir à temps partiel dans les services de son département».
Dans ce contexte, ces médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes conventionnés ne bénéficient que «d’une rétribution mensuelle forfaitaire payable à terme échu et dont le taux est de cinq cents dirhams. Toutefois, ce taux est porté à sept cent cinquante dirhams pour les médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes conventionnés chargés d’assurer la direction d’un service». Ce qui est loin de les intéresser. Le projet de décret qui sera soumis au gouvernement très prochainement propose une rétribution de 7 143 dirhams, par mois, au maximum. Somme qui est calculée à raison de 286 pour chaque séance de travail de quatre heures pour assurer des consultations médicales. S’agissant des actes chirurgicaux, leur rétribution sera calculée selon un arrêté du ministère de la Santé. Alors que pour les médecins qui vont assurer la permanence ils seront rétribués dans les mêmes conditions que leurs collègues du secteur public. Le projet de décret précise aussi que le recours aux médecins du secteur privé sera fait à travers des contrats d’une durée de onze mois, renouvelable trois fois. Bien évidemment, cela va être fait à travers un appel à candidature. Le ministère déterminera alors les circonscriptions administratives et la liste des établissements de santé concernés.
Cependant, le texte tel qu’il est préparé n’acquiert pas le consentement de toutes les composantes des médecins du secteur public. Le Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL) affiche son opposition à un tel projet de décret. Il estime que la rétribution proposée est plus que dérisoire. Position qui n’est pas partagée par le «Rassemblement syndical des médecins du secteur privé». Ce rassemblement vient d’exprimer (lors de sa dernière réunion du 19 septembre à Casablanca) la disposition des médecins à participer gratuitement à assurer le service de la santé dans le secteur public.
Une action de nature humaine pour participer à la réussite du RAMED. Aussi, un membre de ce Rassemblement de médecins, Said Afif, nous affirme qu’ils voient d’un bon œil ce projet de décret «parce qu’il est dans l’intérêt du pays et qu’il est de nature à combler le vide constaté dans plusieurs zones, notamment les plus reculés», a-t-il dit.
Or, le SNMSL appelle, au contraire, à ce que les patients, qui auront à bénéficier du RAMED, puissent choisir librement où se soigner grâce à ce régime, à travers un système de remboursement aux médecins du privé. Ce qui va permettre, pense le syndicat, d’alléger la pression sur les établissements hospitaliers publics. Le débat est lancé rendant la tâche du ministère plus que lourde à ce sujet.