Salon international de l'agriculture de Meknès

Des patrons se penchent sur la transmission des entreprises familiales au Maroc

Entrepreneurs et repreneurs, même combat et même défi : celui de réussir la pérennité et la continuité de l’entreprise. Les experts plaident pour une législation plus attractive et une fiscalité adaptée à l’opération.

Priorité numéro un : rassurer les collaborateurs sur la pérennité de l’entreprise.

20 Mai 2012 À 10:12

Le débat sur le défi de la transmission des entreprises familiales au Maroc se poursuit. Cette fois, cela s’est passé dans le cadre d’une conférence du Cercle patrimonial du private banking, organisée récemment et conjointement par la Banque populaire et BDO, cabinet international de conseil et d’audit. Le procédé constitue, à l’heure actuelle, une problématique assez sensible au Maroc. Par transmission, on entend la cession de la propriété de l’entreprise, ce qui veut dire le transfert du pouvoir décisionnel et/ou managérial. Les experts présents ont rappelé que cette cession peut être totale ou partielle à travers une vente directe, une succession familiale, un acte à titre gratuit (donation) ou à travers la bourse. «On propose des actions pour accompagner les patrons des entreprises à réfléchir à la transmission.

En les aidant à identifier le potentiel, la force et les faiblesses de leurs entreprises. Et puis une évaluation estimative pour qu’il puisse négocier avec l’acheteur dans de bonnes conditions en connaissant les capacités de leurs entreprises. Nous essayons de lui donner tous les éléments de négociation pour ne pas être en situation de faiblesse par rapport à l’acheteur», soutient Mohamed Bahammi, chef du service Accès au financement au sein de l’Agence nationale de la promotion de la petite et la moyenne entreprise (ANPME), qui ajoute que «le problème est central dans les entreprises familiales dans la mesure où leurs modes de gestion font qu’elles sont menacées de disparition si elles n’assurent pas la transmission en mettant en place une charte de gestion d’affaires en famille. D’où le besoin d’un accompagnement par des experts».

Concernant ce volet d’accompagnement, Mohamed Bahammi soutient le fait d’avoir une charte à laquelle adhèrent tous les membres de la famille, le patron, ses enfants, petits-enfants et frères afin de répartir le pouvoir entre eux, chacun devant connaître son rôle au sein de l’entreprise pour éviter les conflits après la disparition du créateur initial de l’entreprise.

Certains fondateurs n’imaginent pas partir…

Pour sa part, Zakaria Fahim, expert-comptable et spécialiste en accompagnement d’opération de transmission d’entreprises, précise que les créateurs et fondateurs d’entreprise se voient comme «immortels» et que la problématique de transmission ne se pose pas pour eux. «D’où l’intérêt de développer une culture de transmission pour amener le patron à comprendre que son immortalité passe par la pérennité de son entreprise et que trouver quelqu’un qui va prendre le relais est une façon de valoriser trente ou quarante ans d’efforts et puis une manière de pouvoir sécuriser sa famille. Nous cherchons à amener les patrons des entreprises à se poser les bonnes questions et à se les préparer dans cette phase à laquelle ils ne sont pas prêts», dit-il.Les deux experts ont formulé des propositions aux patrons. Par exemple, avant de penser à transmettre leurs entreprises, il s‘agit de monter un schéma fiscal pour réduire les coûts des impôts qui se répercutent sur l’opération. En souhaitant se doter d’une législation plus attractive et une amélioration de l’aspect fiscal, car la transmission et l’ouverture du capital restent, quand même, bien taxées, ce qui freine les entrepreneurs à faire cela de leur vivant.

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