05 Août 2012 À 13:56
Elles nous ont subjuguées sur les planches des théâtres, du Maroc et des capitales internationales, par la justesse de leur jeu et l’étendue de leur talent. Aujourd’hui, elles s’invitent chez nous tous les jours, par le truchement du petit écran pour nous offrir des moments de pur plaisir. Elles, ce sont les comédiennes de la pièce de théâtre «Bnat Lalla Mennana», adaptée de la pièce de Federico Garcia Lorca «La Maison de Bernarda Alba». Une pièce à succès qui a été ovationnée à travers les continents. Au fil des représentations, les comédiennes de la troupe «Takoon» ont conquis les cœurs des spectateurs par leur légèreté et leur virtuosité. Samia Akariou, Nora Skalli, Saadia Ladib, Nadia Alami, Saadia Azgoune et Hind Saadidi sont sublimes chacune dans son rôle.
Aujourd’hui, à travers la télévision (2M), elles s’adressent à un public plus large et plus éclectique. «Bnat Lalla Mennana», drame qui dénonce la société traditionaliste espagnole des années 30, mais toujours d’actualité, revient à travers un autre média pour confirmer son succès sur les planches, chiffres à l’appui. En effet, selon un responsable de la deuxième chaîne, la série marocaine a pu réaliser lors des dix premiers jours du Ramadan une part d’audience variant entre 48,5% à 54,2% (environ 5 178 000 téléspectateurs).
L’intérêt de la thématique de la série, sa qualité technique, le jeu d’acteurs, la beauté des costumes et celles des paysages qu’elle donne à voir confèrent un nouveau goût à ce plat préparé à la sauce marocaine, avec des ingrédients bien de chez nous. Bien qu’on ait sauvegardé l’esprit de la pièce initiale, des changements ont été apportés à cette version marocaine. De l’aveu des membres de la troupe «Takoon», «Bnat Lalla Mennana» est une adaptation libre de la pièce espagnole. Ceux qui ont eu l’occasion de lire l’œuvre originale remarqueront sans doute que les filles de la veuve sont au nombre de cinq et qu’elles ne sont que quatre dans la version marocaine.
Néanmoins, comme dans «La Maison de Bernarda Alba», elles sont toujours persécutées par leur mère, par trop despotique, qui les enferme dans la maison par peur du «qu’en-dira-t-on». En résulte alors un sentiment de frustration de la part des jeunes femmes qui subissent cette injustice sans toujours se laisser faire. Aériennes et dynamiques, les comédiennes, toutes aussi superbes les une que les autres, ont conféré une dimension plus vive et plus colorée à cette adaptation «marocanisée» de «La Maison de Bernarda Alba» de Federico Garcia Lorca.
Les costumes, hauts en couleurs, conçus par Rafika Ben Maïmoun, les dialogues riches et animés de Nora Skalli, la mise en scène impeccable de Yassine Fennane et le jeu des comédiennes, éblouissantes de vitalité et d’énergie, font de cette série un spectacle continu et réussi à tous points de vue. Sublimée par les prises de vue du réalisateur, la ville de Chaouen, théâtre de l’action, est érigée en personnage principal de la série. Tous ces éléments font que «Bnat Lalla Mennana» a cet air de fraîcheur qui soulage de la médiocrité étouffante de la plupart des autres programmes.