Naissance de SAR Lalla Khadija

Le chantier démarre en 2013

● Le lancement des appels d’offres est prévu prochainement.
● Le cachet architectural de Casablanca sera respecté.
● Les architectes n’ont pas encore reçu le montage financier.

«Le blanc du futur théâtre rappellera la pureté de Casablanca».

15 Juin 2012 À 17:55

Les travaux du grand théâtre de Casablanca, CasArts, seront lancés en 2013. Selon Christian de Portzamparc, architecte responsable du projet avec Rachid Andaloussi, «les études architecturales et techniques, lancées en octobre dernier, nécessitent encore quelques mois». «Actuellement, on prépare les documents nécessaires pour le lancement des appels d’offres», a-t-il indiqué. En attendant le lancement des travaux, Casa Aménagement, maître d’ouvrage délégué du projet, s’intéresse à la préfiguration «sociétale» de ce projet «urbain».

Dans ce cadre, il a invité, le 14 juin, les associations les plus représentatives de la métropole à un workshop à propos de l’ancrage du grand théâtre de Casablanca dans le paysage du centre de la ville et le réaménagement de la Place Mohammed V en espace piéton, dédié à la promenade et aux loisirs. D’après Rachid Andaloussi, ce projet redonnera vie au centre-ville et encouragera certainement la création de cafés et d’espaces de vie loin de la pollution sonore de Casablanca. Pour sa part, Christian de Portzamparc rassure que la blancheur et les courbes du futur théâtre seront en harmonie avec l’architecture moderne de Casablanca qui a commencé dans les années 30 et se poursuit jusqu’à nos jours.

L’architecte français a souligné que «les parois blanches du projet auront une pureté qui respecte la modernité de Casablanca loin des grands blocs de verre et d’acier qu’on voit partout». Les deux architectes ont également un autre pari à relever. Il s’agit du réaménagement de la place Mohammed V qui devrait se transformer en une scène accueillant 15 000 personnes en plein air en face de la porte principale du théâtre. Dans ce cadre, les architectes réfléchissent encore sur le sort de la fameuse fontaine.

Autre pari, social cette fois. Le projet s’étendra également sur la superficie du parking de «la place des pigeons». «Le parking sera tout simplement déplacé. De fait, les personnes qui y travaillent ne seront pas privées de leur gagne-pain», explique Myriam Hamamsi, directrice du projet CasArts. Et d’ajouter que le projet prévoit un parking souterrain de 1 000 places qui devrait être concédé à un tiers.

Érigé sur trois niveaux et sur une superficie totale de 24 000 m2, le futur grand théâtre de Casablanca sera doté d’une grande salle de spectacle de 1 800 places, destinée à accueillir des concerts de musique symphonique, des opéras, des comédies musicales, des ballets et spectacles de danse et de grands «shows» de toute nature. Il comportera également une salle de théâtre de 600 places, dédiée aux représentations plus «spécifiques» telles que l’art dramatique, les spectacles de danse à petite échelle ainsi que des espaces d’exposition et de conférence, un village d’artistes et des techniciens et des espaces commerciaux.

Un complexe multidisciplinaire

Situé dans le prolongement de la place Mohammed V sur une parcelle dédiée d’environ 1,5 ha, le projet a été pensé comme une «médina culturel» avec une triple vocation. Au-delà de sa mission de diffusion régulière de spectacles nationaux et internationaux de qualité au plus large public, CasArts devra permettre d’offrir des espaces de création aux artistes locaux et des espaces de sensibilisation et formation des publics et des professionnels.

De plus, CasArts, dont l’ouverture est prévue pour juin 2016, devra s’inscrire à terme dans un réseau de salles intégrant l’ensemble des complexes culturels de Casablanca. Par ailleurs, une équipe dirigeante compétente, structurée autour d’une organisation performante devrait être à la tête de ce complexe multidisciplinaire pour ne pas en faire une coque vide.

Selon les responsables du projet, une vision artistique audacieuse et de qualité, englobant la danse, le théâtre, la musique et ouverte sur la transdisciplinarité, devra émerger et être programmée en amont. Cette vision prendra en compte les publics, leur sensibilisation et leur fidélisation, et intègrera des actions de médiation culturelle pour faire l’interface avec les associations, les partenaires de l’éducation et les institutionnels. 


Avis du spécialiste : Christian de Portzamparc, architecte de CasArts.

«Nous n’avons pas encore l’argent pour décider du sort de la fontaine»

Que deviendra la fontaine de la place Mohammed V ? Nous réfléchissons encore sur ce que deviendrait cette fontaine. Nous allons parler avec les autorités locales avant de prendre n’importe quelle décision. On n’aura pas le pouvoir de détruire la fontaine actuelle sans l’avis du maire, du wali et sans l’argent. Pour le moment, on se penche sur les aménagements et sur le théâtre lui-même.

Elle sera donc détruite ?Nous ne sommes pas décidés à ce sujet et nous n’avons pas encore l’argent ni l’accord pour le faire. De toute façon, on ne démolira jamais la fontaine actuelle sans avoir installé une autre. À un moment donné, on aurait deux fontaines et là on pourra décider ce qui convient le mieux. On a parlé avec l’ancien wali de Casablanca, il y a quelques mois, à ce sujet et il nous a proposé de faire un séminaire pour en parler avec les Casablancais, d’où l’organisation de ce workshop à propos de la place Mohammed V et la fontaine. La démolition de la fontaine n’est pas une condition fondamentale du projet, on peut transformer la place tout en gardant la fontaine. C’était juste une idée de la déplacer en face de la wilaya et d’installer une autre plus légère à sa place. Elle nous paraissait aussi bien placée entre la wilaya et le palais de la justice où on pourrait la voir de loin avec un jardin autour, mais ce n’est pas une nécessité absolue ; en tout cas, elle ne sera jamais détruite s’il n’y a pas déjà la réplique. L’idée est une substitution progressive.

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