Fête du Trône 2006

Le risque d’informer

Lors de la célébration, le 3 mai en Tunisie, de la Journée internationale de la liberté de la presse par l’Unesco, a été abordé le sujet de la sécurité des journalistes.

Irina Bokova, entourée par Ahmed Jebali, chef du gouvernement tunisien et de la Yéménite Tawwakol Karman, lauréate du Prix Nobel de la Paix 2011.b Ph R.T.

06 Mai 2012 À 14:01

La célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai à Tunis par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a été l’occasion d’adresser un message fort aux gouvernements sur la nécessité de respecter le travail et la sécurité des journalistes. «La violence contre les journalistes doit cesser. Si par malheur des journalistes se retrouvent devant les juges, cela doit raelever du civil et non du pénal. La parole n’est pas un crime», a indiqué Irina Bokova, directrice générale de l’Unesco.

Cette rencontre, qui a été suivie par une conférence internationale de deux jours en présence de 300 experts, sur le thème «liberté de la presse, un vecteur de transformation des sociétés», s’est achevée samedi 5 mai par la «Déclaration de Carthage». Ce document appelle les États membres de l’Unesco à honorer leurs engagements internationaux en matière de liberté de la presse, y compris l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, et à reconnaître l’importance du droit qui garantit la participation des citoyens à toutes les formes de médias, au développement de leurs sociétés et particulièrement à leur transformation.Ce rendez-vous international a été aussi l’occasion de discuter de la sécurité des blogueurs. «Les blogueurs doivent bénéficier du même droit à la sécurité que les journalistes, car eux aussi ils exercent la mission d’informer le public», a noté Frank La Rue, rapporteur des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression. En revanche, pour Janine Di Giovanni, journaliste au «Times», il faut se méfier des réseaux sociaux tels que Twitter et Facebook. Car avec ces deux nouveaux médias, il est exclu de faire du vrai journalisme. «Les blogueurs donnent leur avis, tandis que les journalistes s’appuient sur les faits et descendent sur le terrain pour les vérifier», a ajouté Mme Di Giovanni.

Lors de ces rencontres, il a été aussi question de la transition politique dans certains pays. «Concernant les peuples qui viennent de se débarrasser des régimes autoritaires, il est nécessaire pour leurs populations, qui ont vécu dans des sociétés fermées, d’opter lors de la période de transition pour une culture du débat», a noté Libby Lloyd, experte sud-africaine des politiques médiatiques. Pour accompagner ces États en pleine transition, tels que la Tunisie, l’Unesco s’est associée avec la Banque africaine de développement (BAD) pour promouvoir des programmes de soutien à la liberté de la presse sur le continent noir. «L’idée de séparer la liberté de la presse et le développement économique est révolue», a indiqué un intervenant lors de ces rencontres.

La célébration de la Journée du  3 mai à Tunis a été aussi marquée par la remise du Prix mondial de la liberté de la presse Unesco-Guillermo Cano 2012 au journaliste azerbaïdjanais et militant des droits de l’Homme Eynulla Fatullayev, lors d’une cérémonie au palais présidentiel de Carthage, en banlieue nord de Tunis.Le Prix a été décerné en l’honneur de Gullermo Cano Isaza, un journaliste colombien qui a été assassiné devant les bureaux de son journal «El Espectador», à Bogota en décembre 1986. Cano a été victime de la mafia du trafic de drogue qu’il n’a cessé de dénoncer.

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