Naissance de SAR Lalla Khadija

La Sqala, un patrimoine revisité

● L’espace s’est métamorphosé avec la création d’un café maure.
● La Sqala est l’un des rares vestiges du Sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah.

Cette forteresse de la ville blanche raconte inlassablement le génie d’une architecture inspirée du système de fortification conçu dès le XVIe siècle.

08 Juin 2012 À 16:28

Construite à la frange de la vieille médina de Casablanca et en face du port de pêche, la Sqala est un bastion fortifié du 18e siècle. Cet exceptionnel vestige, qui commémore le règne de Sidi Mohammed Ben Abdallah, donne âme et vie à la capitale économique. Ancien site historique réaménagé, il fait désormais partie du patrimoine casablancais revisité.

Histoire

La Sqala s’est, en effet, métamorphosée avec la création depuis quelques années d’un café maure où tout le raffinement du Maroc se marie à la décoration mauresque subtile. Offrant une vue imprenable sur l’océan Atlantique, la Sqala se prête parfaitement à l’organisation de manifestations culturelles et à la rencontre des amoureux de la ville blanche. En effet, l’agencement traditionnel de cet espace ancré dans l’Histoire du Maroc imprègne le visiteur d’une profondeur qui invite au recueillement et à la méditation. Une visite guidée de ce bastion fortifié met en scène des moments épiques de la fameuse «Ed-Dar El-Beïda».

Construite en 1769 par Sidi

Mohammed Ben Abdallah, la Sqala est un des rares vestiges du Sultan qui transforma Casablanca d’un village en une ville. Ayant choisi l’emplacement de Casablanca pour établir un grand port maritime, il décida de doter la ville nouvellement créée d’un dispositif défensif dissuasif sous forme d’une batterie de canons pointés vers l’océan Atlantique.Au début du 20e siècle, la fortification de cette aile maritime de la médina marque le début de l’ère moderne pour Casablanca qui commence à s’inscrire dans les circuits commerciaux de l’Atlantique. Parallèlement, la ville blanche renoue avec son patrimoine et se souvient qu’elle fut une ville maure. Fière et prestigieuse, cette forteresse de la ville blanche raconte inlassablement le génie d’une architecture inspirée du système de fortification conçu dès le XVIe siècle par les ingénieurs de la Renaissance. Elle séduit par sa masse imposante la mémoire parlante de ses pierres, ses hauts plafonds, le murmure de l’eau s’écoulant des fontaines et l’opulence du jardin andalou. Ce mélange a donné lieu à une architecture bien particulière. Les trois faces légèrement inclinées de ce fortin présentent une hauteur de mur peu importante. Les fondations posées à même le roc, visibles sur les représentations figurées anciennes affichent un génie d’architecture interdisant toute tentative de sape souterraine. Le bourrelet de pierre érigé au sommet du mur avait pour fonction de dévier les boulets de manière à protéger les affûts des canons.

Génie architectural

Les deux échauguettes installées aux angles du site dévoilent les ruses d’une stratégie de défense bien réfléchie. Sous forme de poivrières, ces échauguettes permettaient aux défenseurs de surveiller et de défendre la base du mur. Partant de cette base circulaire, de fins ornements montaient jusqu’à une couverture en couvercle aujourd’hui disparu, mais visible sur les photographies anciennes. D’autre part, des réaménagements ont eu lieu après 1907, dont la poterne qui donne accès à la mer et les escaliers à double volée menant à l’esplanade du «borj». Les bouches à feu, séparées à l’origine par des merlons, ont été également espacées pour adapter la construction à des pièces d’artillerie plus puissantes.

Le portail est surmonté d’un étage, d’une terrasse et deux portes formant un décor symétrique. La porte de gauche donne accès à une galerie, en partie excavée, qui devait servir de casemate à munitions. La porte de droite a été percée aux débuts des années 1980. De part et d’autre du vaste portail, deux portes donnent accès à la tour qui permet de surveiller la mer. L’étage intermédiaire est aménagé en loggia aux belles huisseries ajourées en «moucharabieh». La jonction du «borj» avec le rempart se manifeste par deux piliers massifs, surmontés de moulures en couvercle sur un plan carré desquels partent, en retour, deux murs courbes qui rejoignent le rempart, conférant au «borj» un aspect cordiforme. La Sqala est un fortin magique où la mémoire préserve l’avenir.

Copyright Groupe le Matin © 2025