22 Juin 2012 À 17:33
Au sein des familles marocaines, les liens de sang sont très importants, voire sacrés ! En effet, même lorsqu’on grandit, qu’on se marie et qu’on quitte le foyer familial, la famille garde toujours sa place. Entre l’influence de sa famille et l’envie de fonder un avenir à deux, il est souvent difficile de faire la part des choses. De plus, après le mariage il y a également le facteur «belle-famille» à prendre en compte. Quand tout se passe bien, la famille et la belle-famille peuvent être d’une grande aide. Toutefois, c’est quand elle représente une source de conflits au sein du couple que cela se complique.
L’évocation de la belle-famille provoque souvent un silence gênant qui en dit long : de part et d’autre, la famille complique généralement la vie du couple. Au départ d’une nouvelle vie à deux, les tourtereaux aimeraient être seuls, tranquilles. Mais les parents, les frères et les sœurs, les oncles et tantes… sont bien présents également ! Plus ou moins sympathiques, plus ou moins envahissants, plus ou moins supportables : à chacun sa chance. Au début, avant de se passer la bague au doigt, on les voit peu et on se courbe de respect. Qui imagine alors que le père ou la mère de son cher et tendre pourrait, même sans le vouloir, mettre à mal la belle harmonie d’une vie à deux ?
Le pire est que les amis ont beau prévenir : «Tu verras qu’avec ta belle-famille, ce ne sera jamais simple», on est persuadé de faire que cela ne nous arrivera pas à nous. Alors, on s’installe ensemble, convaincus d’être seuls au monde et on se met à rêver à un avenir parfait. Or, dès le moment que l’on vit sous le même toit, tout change. On est peut-être deux, toutefois, les parents des deux jeunes mariés sont, dorénavant, mêlés à chaque étape de leur vie.
À voir le nombre de personnes impliquées qui interagissent les unes avec les autres, comment s’étonner des tensions qui naissent avec la belle-famille et qui s’expriment souvent par des discussions houleuses au sein même du couple ? On reproche alors à son conjoint d’avoir des parents pot de colle ou rigides et les piques fusent alors de partout : «Tu aurais quand même pu les maîtriser, ce sont mes parents après tout» ! On se chamaille à propos de la prochaine visite autour du couscous du vendredi. Des disputes qui tournent parfois à l’orage jusqu’à mettre en péril le couple, pris au piège de problèmes affectifs qui le dépassent.
«J’ai été élevée dans une famille calme et réservée. C’est pourquoi il m’a fallu déployer beaucoup d’énergie pour supporter les parents de Marwane qui sont exubérants, parlent haut et fort, criant presque, vous interpellent avec familiarité et déballent tous leurs problèmes à table sans aucune gêne», raconte Yasmina. Mais, à moins que les familles ne soient issues de milieux ou de pays extrêmement différents, ce sont les éléments d’ordre psychologique qui risquent de peser lourd sur la vie du couple. C’est-à-dire que les beaux-parents projettent sur leurs futurs gendre et belle-fille, des rêves ou des fantasmes : un père trop attaché à sa fille aura tendance à percevoir son gendre comme un rival, un voleur d’amour. Une mère trop protectrice et infantilisante peut imaginer sa fille chérie entre les mains d’un monstre s’interposant entre elles, ou bien au contraire aux côtés d’un homme faible qui n’aura jamais une bonne influence sur sa femme.
À l’inverse, un amoureux peut amplifier les défauts de ses beaux-parents et se montrer agressif vis-à-vis d’eux parce qu’il les tient responsables des souffrances morales de sa compagne. Selon les psychologues, on arrive à gérer la belle-famille, quelle qu’elle soit, quand on fait le deuil d’une belle-famille idéale et de parents parfaits. De plus, il y a également le fait qu’idéalisant toujours son enfant, les parents (surtout belle-maman) auront du mal à trouver leur future belle-fille à la hauteur pour leur fils. C’est alors que des remarques comme : «Elle n’est pas assez bien pour toi», «elle ne cuisine pas assez bien»... pourraient être dites de la bouche d’une maman à son fils. Vues sous cet angle, les tensions qui naissent entre conjoints et beaux-parents ne sont que l’expression de problèmes entre parents et enfants. Les psychologues nous expliquent qu’il n’y a pas de conflits de fond entre beaux-enfants et beaux-parents. Les relations que le couple entretient avec les belles-familles dépendent entièrement des relations que le conjoint a avec son père et sa mère.
Illustration : une épouse est en conflit avec sa belle-mère, car celle-ci est omniprésente dans sa vie conjugale. Ce qui est en cause, c’est la relation entre le fils et la mère. L’un et l’autre n’ayant sans doute pas coupé le cordon ombilical. La belle-fille en veut à sa belle-mère d’être possessive et aussi à l’homme de sa vie de se comporter comme un petit garçon quand ils sont tous les trois. Elle aimerait que celui-ci agisse en adulte et prenne, de temps en temps, position en sa faveur contre sa maman. Ce serait une preuve de maturité et cela qui permettra à la belle-fille d’être plus détendue vis-à-vis de sa belle-mère.Préserver son couple exige donc de savoir prendre une certaine distance par rapport aux autres membres de la famille. Il ne s’agit pas de ne plus se voir comme avant, ou de s’aimer moins, car cela est impossible ! Mais plutôt de fixer des limites à l’intervention des parents dans l’intimité du couple.
Si votre belle-famille est du genre discret, vous pouvez alors éventuellement passer quelques jours de vacances tous ensemble. Si elle est envahissante, limiter la durée où l’on se côtoie est préférable : passer les vacances sous le même parasol est à proscrire. L’essentiel est de maintenir un lien interfamilial suffisamment chaleureux et riche. Tout dépend évidemment de la capacité des deux conjoints à décider ensemble de ce qu’ils voudraient faire à deux, et seulement à deux. Ce n’est pas toujours simple, notamment si la belle-mère est veuve ou si les beaux-parents vont chercher les petits-enfants chaque jour à la sortie des cours.
Une vie de couple est une harmonie en musique, les dièses en font les pics de joie et les bémols l’atténuent. Parmi les bémols destructeurs de cette mélopée d’amour entre deux, l’intrusion de la belle-famille qui, à un certain moment, s’incruste rien que pour dérégler le rythme de vie de deux personnes en harmonie. Ces deux personnes doivent d’abord être mûres psychologiquement pour sauvegarder le paquebot de leur couple, et le b.a.-ba de cette maturité est la CONFIANCE dans le couple, qui se construit au fil du temps, notamment avant la période du mariage, et qui vient en premier degré d’importance, à mon avis, avant l’acte même du mariage. Tout acte de mariage sans case de confiance devrait être banni à mon sens. Cette confiance permet d’être l’épée de guerre pour lutter contre toute intrusion dans une vie à deux, non seulement de la bonne famille, mais également d’autrui, car une vie à deux est un engagement à long terme, de durée indéterminée, sauf en cas de dérogation majeure ! Et cette vie à deux devrait être en équilibre, un équilibre qui doit être préservé. Il faut parler clairement avec sa (belle-) famille et lui expliquer que son influence représente un poids au cœur de son couple.
Les secrets de couple devraient être minimes, et non pas inexistants, car chaque partenaire a un passé relatif à des expériences de vie antérieures, qu’il peut choisir de révéler ou de garder secrètes. En fait, je conseille toujours aux couples de ne divulguer des vies antérieures que les choses qui ne risquent pas de nuire à la vitesse de croisière du couple, dans son évolution vers l’entente et la vie paisible. Néanmoins, lorsqu’un élément étranger à ce couple s’incruste, une réaction normale devrait être enclenchée, comme quand un corps étranger rentre dans le corps humain, quand notre système immunitaire réagit, d’abord en l’identifiant, et après en lui envoyant les globules blancs adaptés pour y faire face. C’est ce que j’explique aux couples en cas d’intrusion de la belle-famille. Il est souhaitable d’identifier d’abord le problème, et de savoir utiliser les expressions et les bonnes manières pour vaincre tout en restant humble et respectueux dans ses gestes, en remettant chaque partie de damier à sa place et en ayant comme objectif majeur la pérennité de l’union, au sein de la famille. Il est à noter qu’il faut baliser le couple en préservant son intimité et que chaque aberration de qui que ce soit devrait être sujet de rejet.
Le couple n’a jamais été conçu pour être victime d’une colonisation intellectuelle ou émotionnelle, bien au contraire, comme son sens indique, c’est une union de deux personnes, et chaque union se base sur la force et l’harmonie pour vaincre quiconque vient pour la déstabiliser, tout en gardant sa place dans la société à laquelle, le couple appartient, notamment la famille, qui est l’origine physiologique de cette union. Le couple doit à ses partenaires l’acquisition du savoir-faire et du savoir-vivre nécessaires pour assurer cette équation. En s’incrustant dans son aire, la famille risque de dépasser les lignes rouges qui régissent le fonctionnement du couple, par exemple, le fait d’avoir recours aux parents une fois qu’un conflit se déclenche dans un couple, ou une fille qui a toujours recours à sa mère, etc., de tels exemples démontrent que pour pouvoir pérenniser une vie de couple, nous avons besoin de fournir beaucoup d’efforts sur nous afin de prouver notre engagement et notre indépendance.
Mon conseil est qu’il faut travailler la confiance dans le couple bien avant de vivre ensemble, avant de penser aux appartements et aux meubles à l’italienne ! Ainsi, l’intrusion dans le couple de la belle-famille représente une brèche ouverte par le couple lui-même, qui n’assure pas son indépendance affective et relationnelle. Chaque partenaire a son rôle pour faire du couple une entité intacte, solide et difficile à infiltrer par autrui. Avec une bonne gestion des conflits, une meilleure communication et la demande du counseling en cas de besoin d’un spécialiste avant d’avoir recours à la famille.