20 Avril 2012 À 16:18
La définition du terme « couple » dans le dictionnaire français est « un mari et sa femme ou un homme et une femme vivant ensemble ». Cependant, ce n’est pas toujours le cas. Les deux conjoints peuvent ne pas vivre ensemble tout en formant un couple marié. L’homme ou la femme peut, pour des raisons professionnelles, être obligé à quitter le domicile familial pendant des mois, avoir fréquemment des déplacements à l’étranger, être expatrié pendant longtemps… La situation, difficile et « pas normale », demande beaucoup de confiance et de patience pour que le couple puisse survivre. « A cause du mauvais état de santé de ma mère qui n’a que moi au monde, je ne peux pas rejoindre mon mari qui travaille aux États-Unis. Nous nous parlons tous les jours au téléphone, via Internet, mais nous ne pouvons nous voir que tous les trois ou quatre mois. C’est une situation difficile que nous endurons depuis plus de deux ans. Parfois je craque, parfois je me remonte le moral… Je crois que c’est notre amour fort et sincère qui nous aide à survivre en tant que couple », confie Kawtar.
Pour Abdelkrim Belhaj, psychosociologue, la survie d’un couple constamment séparé dépend principalement des bases du lien qui relie les deux conjoints. « Le couple est par définition une entité plus de vie que de survie, et encore le lien qui caractérise les partenaires donne un sens à la vie commune qu’ils partagent. Cependant, les conditions selon lesquelles évolue cette vie conjugale jouent un rôle considérable quant à la stabilité et la pérennité du couple. Ainsi, lorsque les distances pour des raisons professionnelles traversent le rythme quotidien et ordinaire de la vie commune du couple, cela peut avoir des effets positifs allant jusqu’à renforcer les liens et des effets négatifs lorsque les bases du lien sont fragiles en termes d’amour et d’intimité », explique-t-il. « Les déplacements permettent des replis et des retrouvailles avec soi, qui peuvent être nécessaires pour casser la monotonie qui peut affecter la vie du couple. Il n’empêche que l’absence peut alimenter des angoisses et des impatiences, au risque de perturber le rapport entre les conjoints. Mais, ce contexte du voyage ne se réduit pas à une attitude de déloyauté conjugale », poursuit Belhaj.
Certains couples plus fragiles n’arrivent pas à résister à ce mode de vie et finissent par se séparer. « Mon mari est chauffeur de camion dans une grande société et sort donc souvent en déplacements professionnels. Au début, cela ne me dérangeait pas beaucoup, mais plus le temps passe plus je me rends compte que je ne suis pas heureuse dans ma vie. Il rentre toujours fatigué, de mauvaise humeur, on se dispute toujours à cause de ce problème… Bref, ce n’est pas la vie de couple dont je rêvais et c’est pourquoi nous avons commencé à parler de divorce », raconte Hind. Parfois, même si la relation entre le couple est solide, des problèmes peuvent avoir lieu lorsqu’une tierce personne s’en mêle. Karim et Sara, mariés depuis 14 ans avec deux enfants, ont toujours été considérés comme étant un couple soudé. Sara qui occupe un poste important dans une grande multinationale est souvent amenée à voyager. Ceci n’a jamais causé de problèmes à Karim jusqu’au jour où sa famille s’en est mêlée. « Avant, je partais en déplacement sans aucun souci. Mais depuis que mes belles-sœurs ont commencé à me critiquer, mon mari insiste pour m’accompagner dans chaque voyage, ce qui a déclenché plusieurs problèmes », lance Sara.
Quand il y a des enfants, ces derniers ne sont généralement touchés que s’il y a de sérieux problèmes dans le couple, selon Belhaj. « Un climat de confiance et de sincérité régnant dans un couple, et, donc, dans une famille, ne peut être que facteur de préservation pour les uns et les autres », affirme-t-il. Et d’ajouter « Ainsi, dans ce cadre, la tranquillité et l’équilibre sont les maitres mots d’une normalité psychologique. Mais, lorsque le climat d’infidélité et de tromperie traverse la vie d’un couple, les conséquences d’ordre psychologiques et sociales varient dans leurs effets sur les enfants selon qu’ils soient en bas âge ou assez grands, compte tenu de leur capacité de distinction et de compréhension de la situation. Quant aux absences d’un des parents pour cause de travail, ils les touchent moins s’il s’agissait du père que s’il s’agissait de la mère ».