18 Décembre 2013 À 16:03
N’est pas Ben Stiller qui veut ! Said Naciri essaie, tant bien que mal, de nous faire sourire avec un film à mi-chemin entre l’humour et le drame, mais n’y parvient malheureusement pas ! L’histoire, celle d’un ex-taulard et de sa fille adoptive qui mènent une vie de débauche faite d’arnaque et de vol pour s’en sortir, n’est pas suffisamment solide pour convaincre. Sournois et menteur, le personnage de Abbes (Said Naciri) ne séduit pas le téléspectateur qui n’éprouve aucune compassion pour cet homme qui n’a trouvé que le banditisme pour s’en sortir. Pire encore, le personnage n’est pas plus crédible dans le rôle du malfrat, tant le manque de personnalité et de férocité se fait sentir.
À l’inverse, spontanée et rusée, la jeune Sara (Iman Nakhad) touche le téléspectateur et parvient à éclipser, quelque peu, la prestation de ses ainés. En quête d’argent, Abbes simule une collision entre lui et une voiture afin de soutirer de l’argent à la propriétaire de l’automobile. Pari réussi, au volant, Sanae (Layla Hadioui), une femme d’affaires pleine de compassion et adepte du leitmotiv «l’argent répare tous les maux» qui ouvre très (trop même) facilement son portefeuille. Comme si la scène ne manquait pas suffisamment de réalisme, il aurait fallu que Abbes soit une seconde fois victime du pare-choc de cette dame, mais pour de vrai cette fois. Noyée dans un sentiment de culpabilité, Sanae ouvrira bien plus que son portefeuille, ni une ni deux, elle ouvre les portes de sa luxueuse demeure à ce sans domicile fixe et à sa fille. Voilà comment le personnage de Sanae perd, lui, toute sa crédibilité. Une femme belle, riche et au cœur tendre qui n’a qu’un seul défaut, celui de ne pas savoir conduire, on ne peut voir ça que dans un Walt Disney. C’est ainsi que Abess se voit offrir un séjour «all inclusive» au paradis. Lui et sa fille se font dorloter dans une villa cinq étoiles jusqu’à ce que… le grand méchant loup arrive. Hamid (Aziz Houbaibi), fiancé et collaborateur de la belle Sanae, n’à que faire de l’empathie de sa douce envers sa victime, il est bien décidé à se débarrasser du malfrat et de sa fille. Stéréotype du parfait macho prétentieux, le personnage de Hamid est totalement vide et écervelé. Ses répliques se limitant à des phrases telles que «repose-toi ma chérie», «on se voit ce soir» ne lui laissent aucune chance face aux téléspectateurs qui ne peuvent que le détester.
Déçue par le comportement de son bien-aimé, Sanae se laisse entrainer par un Abbes méconnaissable et parfaitement à l’aise dans un costume trois-pièces. Il lui fait découvrir ses ruses et veut lui prouver que sans argent, on s’amuse davantage… facile à dire maintenant qu’il dort dans un king size bed. Telle une famille parfaite, Sanae, Abbes et Sara vivent des jours heureux jusqu’à ce que le méchant Hamid parvienne à retirer la garde de la jeune Sara à son père adoptif. Et là, l’histoire, jusqu’à présent teintée d’humour, bascule sans prévenir dans le registre purement dramatique. Impossible pour le téléspectateur d’éprouver la moindre émotion, même les larmes de la petite Sara ne font pas d’effet, tant le scénario manque de profondeur. Sanae découvre le pot au rose et fait jouer ses relations pour récupérer Sara, vendu par Hamid à un malpropre qui l’oblige à mendier dans la rue. La femme d’affaires parvient à échanger Sara contre une valise de billets verts, mais perd la trace de Abbes qui a soudain décidé de s’en aller, laissant avec tant de facilité, sa fille adoptive entre les mains de cette riche dame au cœur tendre. Mais comme il n’y a «jamais deux sans trois», Sanae et Sara se lancent à la recherche de Abbes et le heurtent accidentellement en voiture. En voilà une qui a définitivement acheté son permis de conduire avec une liasse de billets verts. Pour finir sur une «happy end» digne des comptes de Grime, Abbes, Sanae et Sara, se retrouvent enfin libres et réunis sur le macadam. Pas une égratignure pour Abbes qui ferait bien d’investir dans une assurance tout risque s’il compte passer le reste de ses jours aux côtés de Sanae.
Morale de l’histoire : les femmes ne savent pas conduire, les gens riches sont pleins de compassion, les ex-taulards sont drôles et attachants et les coïncidences arrivent toujours trois fois. Un beau ramassis de clichés pour cent minutes de non-sens !