Spécial Marche verte

Des avancées notables, mais…

«Historique !» Ce qualificatif a été repris par la presse internationale pour évoquer le traité de Marrakech, signé le 28 juin. Historique, car après une dizaine d’années de négociations, un accord a été signé pour permettre aux malvoyants d’accéder aux livres dans des formats qui leur sont adaptés. Avant cet accord, les restrictions liées aux droits d’auteur et les autorisations des éditeurs, empêchaient la diffusion, en quantités suffisantes, des livres en Braille. Au Maroc, combien sont nos compatriotes souffrant de cécité ? Quelles sont les initiatives prises afin de leur garantir leur droit à l’accès au savoir, aux nouvelles technologies et au travail ?

Les médecins estiment que 90% des causes de cécité sont évitables.

10 Juillet 2013 À 16:24

Seulement 5% des livres édités à travers le monde sont disponibles dans le format Braille (voir encadré), forme d’écriture qui permet de lire à ceux qui sont privés de la vue. Ainsi, si une grande partie des 300 millions d’aveugles et malvoyants que compte le monde sont condamnés à ne jamais pouvoir lire, c’est parce que la loi qui exige l’autorisation de l’auteur et le versement de redevances est vieille de plus d’un siècle. Et c’est au Maroc qu’il a été mis fin à cette injustice lors d’une rencontre à laquelle ont pris part 800 négociateurs des 186 pays membres de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Dans notre pays, et selon les données de l’enquête nationale sur les causes de la prévalence des déficiences visuelles au Maroc, réalisée en collaboration avec l’OMS en 1992, 195 000 personnes souffrent de cécité (à titre comparatif, la France où le nombre d’habitants est le double, la Fédération des aveugles et handicapés visuels n’en dénombre que 65 000. Cet écart, par rapport au Maroc, s’explique par une meilleure couverture médicale. Les médecins estiment en effet que 90% des causes de cécité sont évitables).

Au Maroc, l’attention portée à cette frange de la population remonte à 1967, date de la création de L’Organisation alaouite pour la promotion des aveugles au Maroc (OAPAM), ONG reconnue d’utilité publique dont l’objectif est d’œuvrer pour l’intégration, l’éducation et la promotion des non et mal-voyants au Maroc. Afin de mettre l’ensemble des élèves marocains sur le même pied d’égalité, tous les programmes du ministère de l’Éducation nationale, du primaire au bac, sont convertis en braille à l’aide d’un logiciel et sont par la suite imprimés sur un papier spécial importé de Suède. Quant à la transcription et l’impression, des manuels en braille se font dans les ateliers de l’OAPAM, située de Rabat. Les pensionnaires bénéficiant d’une prise en charge totale ont également à leur disposition des salles multimédias de logiciels spécifiques permettant aux malvoyants de s’initier à l’informatique et de faire des recherches sur Internet.

170 élèves à la bibliothèque sonore de Temara

Au sein de l’OAPAM, qui compte 13 établissements à travers le pays (voir encadré), les résultats ne sont pas fait attendre puisque le taux de réussite aux examens du BAC est de l’ordre de 96%. Selon une brochure de l’OAPAM, 1 500 pensionnaires de cette ONG ont été recrutés dans différentes entreprises relevant aussi bien du secteur privé que du public et dans divers métiers tels que le journalisme, les centres d’appel, les radios… Pour ceux qui n’ont pas la chance d’atteindre ce niveau d’études, plusieurs centres de formation leur sont dédiés tels que celui de Kénitra, de Casablanca, de Khouribga ou encore de Fès.

«Accepter, s’adapter puis trouver sa voie». Ce bon sens qu’impose la vie à certains d’entre nous, quel que soit le type de handicap, se traduit à la bibliothèque sonore de Temara par «trouver une voix». Dans cet établissement, créé en 1998 puis rénové en 2002, «170 élèves bénéficient des services de la bibliothèque en plus des étudiants, des universitaires, des enseignants…», explique Ibrahim Farhan, responsable du centre d’information et documentation. Dans cette bibliothèque, placée sous la tutelle de l’OAPAM, les livres sont remplacés par des supports parlants, tels que les CD ou les cassettes, permettant aux déficients visuels «d’entendre la lecture» dans l’objectif de répondre à la demande de lecture des aveugles et malvoyants.

«Nadhar», un regard sur le monde

Au-delà de la lecture, les non et malvoyants ont également droit à l’accès à ce système d’information qui a tissé sa toile autour de Planète Internet.

Seulement 5% des livres édités à travers le monde sont disponibles dans le format Braille (voir encadré), forme d’écriture qui permet de lire à ceux qui sont privés de la vue. Ainsi, si une grande partie des 300 millions d’aveugles et malvoyants que compte le monde sont condamnés à ne jamais pouvoir lire, c’est parce que la loi qui exige l’autorisation de l’auteur et le versement de redevances est vieille de plus d’un siècle. Et c’est au Maroc qu’il a été mis fin à cette injustice lors d’une rencontre à laquelle ont pris part 800 négociateurs des 186 pays membres de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Dans notre pays, et selon les données de l’enquête nationale sur les causes de la prévalence des déficiences visuelles au Maroc, réalisée en collaboration avec l’OMS en 1992, 195 000 personnes souffrent de cécité (à titre comparatif, la France où le nombre d’habitants est le double, la Fédération des aveugles et handicapés visuels n’en dénombre que 65 000. Cet écart, par rapport au Maroc, s’explique par une meilleure couverture médicale. Les médecins estiment en effet que 90% des causes de cécité sont évitables).

Au Maroc, l’attention portée à cette frange de la population remonte à 1967, date de la création de L’Organisation alaouite pour la promotion des aveugles au Maroc (OAPAM), ONG reconnue d’utilité publique dont l’objectif est d’œuvrer pour l’intégration, l’éducation et la promotion des non et mal-voyants au Maroc. Afin de mettre l’ensemble des élèves marocains sur le même pied d’égalité, tous les programmes du ministère de l’Éducation nationale, du primaire au bac, sont convertis en braille à l’aide d’un logiciel et sont par la suite imprimés sur un papier spécial importé de Suède. Quant à la transcription et l’impression, des manuels en braille se font dans les ateliers de l’OAPAM, située de Rabat. Les pensionnaires bénéficiant d’une prise en charge totale ont également à leur disposition des salles multimédias de logiciels spécifiques permettant aux malvoyants de s’initier à l’informatique et de faire des recherches sur Internet.

170 élèves à la bibliothèque sonore de Temara

Au sein de l’OAPAM, qui compte 13 établissements à travers le pays (voir encadré), les résultats ne sont pas fait attendre puisque le taux de réussite aux examens du BAC est de l’ordre de 96%. Selon une brochure de l’OAPAM, 1 500 pensionnaires de cette ONG ont été recrutés dans différentes entreprises relevant aussi bien du secteur privé que du public et dans divers métiers tels que le journalisme, les centres d’appel, les radios… Pour ceux qui n’ont pas la chance d’atteindre ce niveau d’études, plusieurs centres de formation leur sont dédiés tels que celui de Kénitra, de Casablanca, de Khouribga ou encore de Fès.

«Accepter, s’adapter puis trouver sa voie». Ce bon sens qu’impose la vie à certains d’entre nous, quel que soit le type de handicap, se traduit à la bibliothèque sonore de Temara par «trouver une voix». Dans cet établissement, créé en 1998 puis rénové en 2002, «170 élèves bénéficient des services de la bibliothèque en plus des étudiants, des universitaires, des enseignants…», explique Ibrahim Farhan, responsable du centre d’information et documentation. Dans cette bibliothèque, placée sous la tutelle de l’OAPAM, les livres sont remplacés par des supports parlants, tels que les CD ou les cassettes, permettant aux déficients visuels «d’entendre la lecture» dans l’objectif de répondre à la demande de lecture des aveugles et malvoyants.

«Nadhar», un regard sur le monde

Au-delà de la lecture, les non et malvoyants ont également droit à l’accès à ce système d’information qui a tissé sa toile autour de Planète Internet. Au Maroc, c’est la société civile, en partenariat avec l’OAPAM, qui, en 2005, a entamé une réflexion afin d’apporter sa «contribution aux efforts menés en matière d’accessibilité des déficients visuels du Maroc aux nouvelles technologies de l’information et de la communication», atteste Mohamed El Maaroufi, coordinateur du comité de pilotage du portail www.nadhar.ma, dédié aux déficients visuels, le premier du genre du Royaume. «Ce portail, dont la version accessible est opérationnelle depuis fin 2008, permet aux non et malvoyants d’accéder via le support Internet aux multiples sources d’information à même de stimuler leur épanouissement, d’améliorer leurs conditions de vie et d’autonomie au quotidien, et de faciliter leur insertion éducative, sociale et professionnelle», poursuit la même source.

Internet pour non et malvoyants, comment ça marche ?

Pour pouvoir surfer sur Internet, deux possibilités sont offertes par www.nadhar.ma selon que l’internaute soit non ou malvoyants : «Une personne malvoyante peut utiliser l’ordinateur en agrandissant et en augmentant le contraste des caractères, directement ou par le biais d’aides techniques. Maroc Nadhar offre la possibilité d’agrandissement uniforme des caractères ou zoom de 80 à 200%, et la création de contrastes : six couleurs de caractères et cinq couleurs de fond de page» explique Mohamed El Maaroufi. Une personne non voyante ou même malvoyante peut utiliser l’ordinateur à l’aide d’un logiciel de lecture d’écran. «Le rôle du logiciel de lecture d’écran est de permettre d’écouter ce qui est affiché à l’écran et de contrôler l’ordinateur à l’aide de raccourcis clavier uniquement. Par exemple pour surfer sur le web, il faut appuyer sur une touche permettant de parcourir les titres d’une page ou aller directement au champ de recherche pour écrire une requête», dit le coordinateur du portail qui précise que d’autres aides techniques peuvent être utilisées en informatique adaptée : logiciels spécialisés, vidéo agrandisseurs, machines à lire, afficheurs braille…

Tout n’est pas gagné

«Les personnes aveugles par exemple sont généralement cantonnées dans les postes de standardistes, alors qu’elles peuvent disposer de qualifications qui restent sous exploitées faute d’adaptation de l’environnement de travail», nous apprennent les auteurs d’une communication de l’Université Cadi Ayyad de Marrakech, dont le titre est : «Emploi des personnes en situation de handicap au Maroc : état des lieux et perspectives», prononcée en 2012 à Amman lors du cinquième dialogue euro-méditerranéen de management public. Selon ces derniers, qui citent une «récente étude réalisée au Maroc», l’exclusion des personnes en situation de handicap fait perdre à l’État marocain 9,2 milliards de DH par année, soit 2% du PIB alors que le revenu potentiel d’une insertion des personnes en situation de handicap est de 6,1 milliards de DH dans le milieu urbain et de 3,02 milliards de DH dans le milieu rural. En dehors de ces considérations financières, il reste beaucoup à faire pour améliorer la mobilité des malvoyants dans les espaces publics comme en témoigne Mohamed El Maaroufi : «l’une des principales difficultés est liée au déplacement en ville, en raison du manque de repères tactiles et sonores, de l’état souvent délabré des trottoirs, du non-respect des piétons en général par les automobilistes...». En dépit des efforts consentis, les malvoyants souffrent également d’un déficit de reconnaissance de leurs réels potentiels. 


Une banque s’implique

Le Groupe BMCE a publié son rapport financier abrégé de l’année 2011 en version braille. Cette initiative résulte d’un partenariat entre BMCE Bank et l’OAPAM. L’objectif escompté de cette action est de rendre l’information financière du Groupe accessible aux personnes non voyantes en les associant au même titre que toute autre personne. De même que ce groupe soutient aussi l’OAPAM à travers des dons constitués d’équipements technologiques qui permettent aux personnes non voyantes ou malvoyantes d’améliorer leurs compétences afin de faciliter leur intégration sociale et professionnelle.

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