03 Mars 2013 À 12:09
La «Vallée des oiseaux» est un véritable havre de paix au cœur de la ville… mais sans doute plus pour très longtemps. Ce parc qui est un des rares espaces animaliers d’Agadir est pris depuis quelque temps dans une tourmente administrative et financière mettant en péril son existence. La commune urbaine d’Agadir a, en juillet 2012, résilié la convention qui la liait au conseil préfectoral en vertu de laquelle elle était tenue de verser la somme de deux millions de dirhams annuels pour la gestion et le fonctionnement de ce parc. Mohamed Lahlayssi, vice-président du conseil communal, chargé de la planification et des finances, se justifie par la volonté de mettre au clair cette contribution.
«Nous sommes prêts à contribuer, voire à augmenter notre part de financement de ce parc, pourvu que l’on ait des éclaircissements sur cette contribution», souligne-t-il. M. Lahlayssi estime qu’il n’est plus question, dans un contexte de transparence, de bonne gouvernance et de reddition des comptes, de reconduire l’ancienne convention sans le moindre droit de regard. Mais le conseil préfectoral ne l’entend pas de cette oreille. Mohamed Lâaniba, président de la commission des finances de ce même conseil rappelle que «La “Vallée des oiseaux” est un don fait par feu S.M. Hassan II à la préfecture et la commune devrait, selon lui, apporter sa contribution de facto, dès lors que ce parc est situé dans son domaine d’intervention». Mohamed Lâaniba assure également que le conseil préfectoral n’a, jusqu’ici, reçu aucune notification officielle faisant état de l’intention du conseil communal de résilier ladite convention. En effet, la commune a pour obligation d’informer le conseil préfectoral de sa décision, au moins une année à l’avance, ce qui n’a pas été fait, en l’état.
Mohamed Lahlayssi maintient sa position en déplorant l’absence de toute vision d’avenir pour le parc. La mesure de gratuité prise il y a 3 ans serait, selon lui, préjudiciable à la gestion des lieux, qui manquent déjà de ressources. Le jardin dispose d’un budget de fonctionnement de 4,5 millions de DH par an, une somme qui ne lui permet apparemment pas d’assumer la totalité des frais d’entretien. L’association «Paysage», très impliquée dans la défense de la «Vallée des oiseaux», interpelle, quant à elle, les responsables sur l’état d’abandon auquel est livrée une bonne partie du parc.
D’ailleurs, sur les huit commerces gérés par des particuliers selon un cahier des charges précis, un a déjà fermé ses portes depuis 2005. Un autre n’a jamais été exploité. Cela n’entame en rien l’attractivité des lieux, qui comptent plus de 500 espèces d’oiseaux et près d’une cinquantaine d’animaux de différents continents. «On estime à près de 200 mille personnes par an le nombre de visiteurs qui affluent vers ce parc. Les week-ends, les jours fériés et la période des vacances enregistrent des pics d’entrées», rappelle Lahoucine Aït Salah, conservateur de la «Vallée des oiseaux» depuis 13 ans. Pour les militants écologiques, l’intérêt des visiteurs pour le parc n’est pas la préoccupation immédiate des responsables communaux. D’autres intérêts seraient en jeu, dont l’aspect foncier du terrain occupé par le parc.