Fête du Trône 2006

Ce qu’en pensent ses partisans, ce qu’en pensent ses détracteurs

Il y a un an, jour pour jour, les Marocains découvraient les nouveaux visages du premier gouvernement formé après l’adoption de la Constitution 2011. Le cabinet Benkirane a été installé en effet le 3 janvier 2012.

Abdelilah Benkirane.

02 Janvier 2013 À 23:21

Passée l’euphorie de la victoire, le gouvernement Benkirane a dû faire face à la dure réalité. Conduire un Exécutif n’est pas une sinécure et les dossiers à gérer sont un vrai casse-tête : retraites, diplômés chômeurs, compensation, déficit budgétaire, pauvreté… Pour une nouvelle équipe, dont la plupart des membres font leur baptême du feu, difficile de s’y retrouver, d’autant que d’un côté, il y a de larges couches sociales qui s’impatientent, soutenues par des syndicats frondeurs. Et de l’autre, il y a un patronat qui se dit compréhensif, mais tout en rongeant son frein.

En tout cas, une première année est bouclée et un bilan s’impose. Qu’est-ce qui a été fait et qu’est-ce qui reste à faire ? Là, les avis divergent selon qu’on est de la majorité ou de l’opposition. Les partisans estiment que des avancées réelles et concrètes ont été enregistrées. «Le bilan de la première année reste une évaluation préliminaire du programme gouvernemental. Il est honorable et positif. Nous n’avons pas réalisé tous nos engagements. Mais 2012 est une année de lancement des grands chantiers fondamentaux de réformes et de prise de bon nombre de mesures jugées urgentes», souligne Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole officiel du gouvernement, dans un entretien à paraitre dans notre édition de demain dans le cadre d’un dossier spécial «An I du gouvernement Benkirane». Selon M. El Khalfi, la principale réalisation à mettre à l’actif de l’Exécutif, concerne «la réhabilitation du service public». Parmi les mesures prises dans ce sens, il cite notamment : les ponctions sur les salaires des grévistes, la décision de l’institution des concours comme unique voie d’accès à la fonction publique ainsi que la décision interdisant le cumul des fonctions entre le public et le privé dans les secteurs de l’enseignement et de la santé.

À tout cela s’ajoute l’ouverture du chantier de la lutte contre l’économie de rente, dont le PJD avait fait son cheval de bataille lors des élections législatives. Il s’agit là d’un combat qui ne peut être gagné que par la consécration d’une politique de transparence, de bonne gouvernance et de reddition de comptes, estime le chef Abdelilah Benkirane, qui a accepté de nous livrer en exclusivité quelques réflexions sur le bilan de son cabinet. «C’est le sens donné à la publication des différentes listes des bénéficiaires des différents agréments et licences. Cette publication sera suivie par la mise en place progressive de stratégie, de code des marchés publics» afin de permettre plus de transparence et une concurrence saine et ouverte à tous. La lutte contre l’impunité n’est pas en reste. M. Benkirane estime «qu’en une année, il y a eu un nombre important de “ripoux” dans la justice qui ont été interpellés grâce à la vigilance du ministre de la Justice, totalement engagé dans cette grande réforme de la justice». Autant de signaux forts qui, selon lui, sont de nature à rendre confiance aux Marocains dans la politique et dans l’avenir de leur pays.

Seulement ses détracteurs ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, ce gouvernement a manqué son rendez-vous avec l’histoire et déçu les espoirs de millions de Marocains pour qui il était censé incarner la rupture avec le passé. Parmi les reproches qu’on lui fait, les promesses faites, mais qui n’ont pas été tenues jusqu’à maintenant. Selon Ahmed Touhami, membre du bureau politique du PAM et président de la commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement à la Chambre des représentants, le bilan du gouvernement est «négatif et ne présente aucun résultat tangible», car selon lui «on ne gère pas la chose publique uniquement par les promesses et les déclarations d’intention». Et d’ajouter sur un ton ironique que la seule réalisation de ce gouvernement «c’est peut-être la majoration des prix des carburants».

Même son de cloche chez Rachid Talbi Alami. Ce député porte-parole du RNI estime que depuis l’installation du gouvernement, «nous nous sommes trouvés devant des déclarations d’intentions et trop de dossiers». À son avis, le gouvernement n’avait travaillé que sur trois dossiers, à savoir la loi organique sur la nomination aux hautes fonctions et deux lois de Finances. «À part cela, je n’ai pas vu de réformes, même pas un début de réforme», conclut-il.

(Lire notre dossier complet dans l’édition de demain)

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